Dossier 0
Yu Jian - 1992
Salle des dossiers
Au quatrième étage
Serrure après serrure
Dans une cellule
Le sien
Rangé dans un dossier
Preuve d’une existence
Deux étages plus loin
Il travaille au premier
Séparé du dossier
Par 50 mètres de couloir
Et 30 marches
Une pièce à nulle autre pareille
6 dalles de béton armé
3 portes
Pas de fenêtre
Une lampe fluorescente
Quatre extincteurs rouges
200 mètres carrés
Plus de mille serrures
Serrures de cadenas
Serrures encastrées
Serrures de tiroir
La plus grande de marque Eternelle accrochée dehors
Un étage
A gauche
Un étage
A droite
Encore à gauche
Encore à droite
Une serrure
Une serrure
Par un code secret
Enfin on entre à l’intérieur
Rangée sur rangée de dossiers
L’un à côté de l’autre
L’autre au dessus de l’un
L’un en dessous de l’autre
L’autre devant l’un
L’un derrière l’autre
8 étages 64 rangs
Où se répartissent plus d’une tonne de papier apprêté
De caractères noirs
De trombones et d’encre
Ses trente années
Un dossier sur 1800 dans un tiroir
Par un crochet
Maintenu
Pas vraiment épais
L’homme est encore jeune
Plus de 50 pages
40 000 caractères
En annexe
Une dizaine de cachets
Sept ou huit photos
Des empreintes digitales
Poids total 1000g
Ecritures différentes
Chacune couchée de gauche à droite
Retraits de deux cases
Une ligne entre deux paragraphes
D’une lettre à l’autre
Rien que des noms, définitions, adverbes
A propos de lui
Le premier tiers de sa vie
Ses dates
Des lieux
Des actes
Des personnages et des habitudes
Une pile sans verbes
Sagement rangée dans le noir
Qui ne bougera pas
Ne jaunira pas
Ne moisira pas
Ne brûlera pas
Pas de souris
Pas de microbes
Aucune bactérie
Recopiée soigneusement
Clairement
Proprement
Digne de foi
Il y est dit
Qu’on le tient pour un camarade
Qu’on lui a donné des papiers un salaire
Qu’on confirme son sexe
Il y est dit
Qu’il arrive au travail tous les jours à huit heures
Qu’il utilise du papier
De l’encre et du correcteur
Conçoit
Préface
Organise
Corrige
Relit
Toujours respecte la grammaire
D’un passage au suivant
Une main qui bouge
Stylo de gauche à droite
D’une lettre
A l’autre
De verbe en nom
D’évidence en métaphore
De… à…
Processus consommant de l’encre
Gestes d’un brave homme
Quelqu’un l’appelle « 0 »
Son corps prend le relais
Comme un 0 il se tourne et répond
On lui emprunte du papier
Son immeuble imperturbable
Sa position imperturbable
Cette lumière imperturbable
Ces cadenas imperturbables
Ces casiers imperturbables
Son dossier imperturbable
Mâcher mes mots
Poésie traduite
dimanche 11 juin 2017
Dossier Zero - Yu Jian (2)
Chapitre 1 - Naissance
Ses origines n’ont rien de littéraire
Il est né des douleurs d’une accouchée de 28 ans
Une clinique renommée
Trois étages
Vecteurs d’infections
De médicaments
De médecins et de morgue
Qu’on doit chaque année rebadigeonner
Qui consomme beaucoup de gaze
De coton
De verre et d’alcool à brûler
Murs qui montrent leurs briques
Planchers aux veines effacées
Choses venues de corps humains
Remplaçant la peinture
Moins brillantes
Un peu souples
Inhumaines
Bistouri dépoli
Médecin de 48 ans
Infirmières toutes filles
Crie
Lutte
Pique
Injecte
Contamine
Sanglote
Barbouille
Tord
Attrape
Tire
Coupe
Déchire
Court
Lâche
Goutte
Suinte
Coule
Ces verbes
Tous présents
Ici tout n’est que verbes
Verbes tachés de sang
« La tête est sortie » voix compétente du médecin
Preuve : mains pleines de sang
Blouse blanche pleine de sang
Draps pleins de sang
Plancher plein de sang
Métal plein de sang
Preuves: “gynécologie obstétrique””ne pas cracher par terre””un seul enfant c’est mieux”
Références: rhumes à droite
Laryngites tout droit
« WC hommes »
Radiologie deuxième étage
Admissions 100 mètres à l’ouest en sortant
Chirurgie au 305
Piqûres queue rez-de-chaussée
Paiements queue guichet gauche
Queue des médicaments guichet droit
Un jour débordant de douleur
Un jour à bout de nerf
Un jour coupé et recousu
Jour de diagnostic et de rechute
Jour de gangrène et de rétablissement
Jour de mort et de naissance
Partout mots qui guérissent et mots malades
Mots qui veulent vivre et mots qui meurent
Partout
Gestes qui guérissent gestes de malades
Dernier geste au mourant premier au nouveau né
Toutes ces rengaines
Qui se collent
Sur ce nourrisson
Ce tout début
Cette première fois
Cette langue toute neuve
Cette gorge toute neuve
Ce crâne tout neuf
Ces testicules tout neufs
Objets vivants nés de ces verbes innombrables
Auxquels on a donné ce nom 0
Ses origines n’ont rien de littéraire
Il est né des douleurs d’une accouchée de 28 ans
Une clinique renommée
Trois étages
Vecteurs d’infections
De médicaments
De médecins et de morgue
Qu’on doit chaque année rebadigeonner
Qui consomme beaucoup de gaze
De coton
De verre et d’alcool à brûler
Murs qui montrent leurs briques
Planchers aux veines effacées
Choses venues de corps humains
Remplaçant la peinture
Moins brillantes
Un peu souples
Inhumaines
Bistouri dépoli
Médecin de 48 ans
Infirmières toutes filles
Crie
Lutte
Pique
Injecte
Contamine
Sanglote
Barbouille
Tord
Attrape
Tire
Coupe
Déchire
Court
Lâche
Goutte
Suinte
Coule
Ces verbes
Tous présents
Ici tout n’est que verbes
Verbes tachés de sang
« La tête est sortie » voix compétente du médecin
Preuve : mains pleines de sang
Blouse blanche pleine de sang
Draps pleins de sang
Plancher plein de sang
Métal plein de sang
Preuves: “gynécologie obstétrique””ne pas cracher par terre””un seul enfant c’est mieux”
Références: rhumes à droite
Laryngites tout droit
« WC hommes »
Radiologie deuxième étage
Admissions 100 mètres à l’ouest en sortant
Chirurgie au 305
Piqûres queue rez-de-chaussée
Paiements queue guichet gauche
Queue des médicaments guichet droit
Un jour débordant de douleur
Un jour à bout de nerf
Un jour coupé et recousu
Jour de diagnostic et de rechute
Jour de gangrène et de rétablissement
Jour de mort et de naissance
Partout mots qui guérissent et mots malades
Mots qui veulent vivre et mots qui meurent
Partout
Gestes qui guérissent gestes de malades
Dernier geste au mourant premier au nouveau né
Toutes ces rengaines
Qui se collent
Sur ce nourrisson
Ce tout début
Cette première fois
Cette langue toute neuve
Cette gorge toute neuve
Ce crâne tout neuf
Ces testicules tout neufs
Objets vivants nés de ces verbes innombrables
Auxquels on a donné ce nom 0
Libellés :
chinois (moderne),
Yu Jian 于坚 (1954-)
Dossier Zero - Yu Jian (3)
Chapitre 2 - Croissance
Et son écoute a commencé
Et sa vue a commencé
Et ses gestes ont commencé
Les grands lui donnent à entendre
Les grands lui donnent à voir
Les grands lui donnent à bouger
Maman c’est ‘mère’
Papa c’est ‘père’
Mamie c’est ‘grand-mère’
Ces choses sombres
Troubles
Confuses
En charpie
Se précisent
Se clarifient
Entrent chacune dans les cases
De ses cahiers d’exercices
Deviennent noms
Particules
Syllabes
Passés
Phrases
Voix passives
Préfixes
Deviennent idée
Sens
Définition
Littéral
Figuré
Ambigu
Deviennent interrogatives
Déclaratives
Juxtaposées
Figures rhétoriques
Notes sémantiques
Parasite des mots
Qui ne peut plus s’empêcher de les entendre
De les voir
De les rencontrer
Il y a des mots qui le révèlent
Et puis des mots qui le protègent
Au fil des mots du simple au compliqué
Du
Banal au profond
De l’enfantin au mûr
Du brut au raffiné
Ce petit homme
A un an sevré
A deux à la crèche
A quatre en maternelle
A six ans est cultivé
Du CP à la sixième
Attesté par
Le professeur Zhang
Cinquième quatrième troisième
Attestées par
Le professeur Wang
Seconde première
Attestées par
Le professeur Li
Enfin diplômé de l’université
Un mémoire
Sujet clair
Structure correcte
Plan solide
Style soigné
Argumentation recherchée
Force d’évocation
Une voix dans le désert
Grand talent littéraire
Beaucoup d’émotion
Appréciation : respecte ses professeurs
Se soucie de ses camarades
Combat l’individualisme
Jamais en retard
Se conforme au règlement
Aime le travail
Ne tire pas au flanc
Ne dit pas de gros mots
N’embête pas les filles
Ne ment pas
Combat la vermine
Se soucie d’hygiène
Ne prend aux masses ni une aiguille ni un fil
Toujours volontaire
Parle poliment
Bel esprit
Belle apparence
Se coupe les ongles
Dit monsieur
Dit madame
Soutient les grands pères
Donne le bras aux grand-mères
En classe garde ses mains dans son dos
Cherche vraiment à progresser
Ecoute attentivement
Prend des notes
Joyeux et dynamique
Modeste et effacé
Supporte effort et critique
Insuffisances :
N’aime pas la gymnastique
Bavarde parfois en cours
Ne se brosse pas souvent les dents
Annotation :
Rapport au professeur
A un jour dans la rue trouvé un centime
Et ne l’a pas remis au gentil policier
Observation :
Ce camarade a bon esprit
Mais ne parle pas beaucoup
On ne sait pas ce qu’il pense
Nous souhaitons que ses parents
Examinent son journal
Et nous en rendent compte de temps en temps
Dans l’intérêt de son éducation
Un rapport : ce deux Novembre 1968
J’ai fait quelque chose de mal
J’ai dessiné un tank sur un mur un mur immaculé un mur public un mur à tout le monde un mur collectif
Mur par moi dessiné d’un gros tank je me suis rendu coupable d’individualisme je promets de me réformer
Allergies aux médicaments : symptômes observés par les médecins
Sa mère et ses parents
« Chéri » trois fois par jour
4-6 comprimés par prise
Après usage plaques rouges sur le visage
« Gentil » trois fois par jour
Un comprimé par prise
Symptômes identiques
Rougeur moins forte
« Sage » (usage externe
En pommade) Après application patient sujet à somnolence
« Le grand méchant loup va venir
Maman ne veut plus de toi » (stimulant) après absorption sujet à vertiges
Présence d’oligo-élements : (aussi appelés Théragran) tendresse
Attention
Fleur
Herbe
Bourgeon
Pousse
Petit
Tendre
Doux
Doré
(25 milligrammes par comprimé)
Innocent
Pur
Puéril
Coquin
(25 mg par comprimé) touché
Emporté
Embrassé
Emmené
Tendrement regardé
Doucement caressé
Frôler
Bercer
Avertir
Réclamer
Prendre en main
Forger
Greffer
Façonner
Reprendre
Corriger
Eradiquer
Elever
Se soucier
Sans le vouloir blesser
(50 mg par comprimé)
Somnifères de marque : demain ou quand tu seras grand (traitement à vie)
Excipients : lait
Littérature
Pâtes de fruit
Histoire
Chocolat
Riz cantonais
Trois clartés soleil lune étoiles
Quatre poèmes airs odes hymnes
Tablettes de calcium
Travail volontaire
Huile de foie de morue
Fruits confits
Conférences
Causeries
Séminaires
Cinq mille ans
Un demi-siècle
Une dizaine d’années
Trois ans de suite
Gauche centre droite
Début
Milieu
Récemment
Sauté
Surgelé
Braisé
Frit
Grillé
Mariné
En sauce
Bouilli
Glutamate
Poivre
Sauce soja
Succès de
Honte de
Gloire de
Suite de
Destin de
Victoire de
Grandeur de
Foi de
Bulletin : excellent
Correct
A
Bon ensemble
95
Premier
Désigné le meilleur
Contrôle qualité : taille plus d’un mètre soixante dix
Poids 63 kilos
Tourde taille 8 pouces.
A des cheveux
Des fossettes
De la barbe
Des testicules
Des yeux
Deux biceps
Un trois pièces
Des enceintes
Un salaire
Des passions
De l’allure
De la tendresse
Sait s’émouvoir
Sait danser
Sait chanter
Sait rédiger
Sait parler
Sait dormir
De vraies oreilles
Un vrai nez
De vraies jambes
De vrais bras
Un vrai anus
Audition gauche droite
Un mètre cinquante
Palpation foie néant
Cœur poumon diaphragme RAS
(Signature du médecin)
Libellés :
chinois (moderne),
Yu Jian 于坚 (1954-)
Dossier Zero - Yu Jian (4)
Chapitre trois Amours (adolescence)
En ce jour baigné de soleil
Chaleur du monde propice à toute vie
Midi en Avril
Cette chaleur agaçante
Cette chaleur indécente
Cette
Chaleur en fleur en érection
Où tout ce qui vit veut se mouvoir
Se mouvoir et séduire
Tous ces corps
Toutes ces jointures
Toutes ces mains
Toutes ces jambes
Partout
Des gestes qu’on ne saurait nommer
Des actes dont on ne peut parler
Pas de vivats
Pas
De cris
Pas d‘annonces
Pas de slogans
Un jour banal
Qui ne passera pas à la postérité
Juste le détail d’un geste
Les parties d’un mouvement
Juste du corps
De la peau
Des membres
De la tige
Du tronc
Du rond
Du long
Du souple
Du doux
Du raide
De la sève
Du frottement
Du va et vient
Du halètement
Libération
Charge
Saccades
Jaillissement
Explosion
(Souvenir) Ce jour là
Eux
Camarades de classe
Tous âgés de 13 ans
Ont fait irruption
Dans les toilettes des garçons
Sur les murs étaient dessinées les choses interdites
Tous ces gestes
Geste de se masturber
Se masturber est le premier verbe
Le ticket pour la virilité
La main qui colle
Tout de suite fini
Tout chaud
Après cette douceur
Les petits Adams
Ne trouvent pas les mots pour se consoler
Les mots qu’ils voudraient ne sont pas dehors
Dehors c’est ce mot mon école
Ce mot classe
Dehors c’est parc
Etang
Tableau
Terrain de sport
Etude
Livre ces mots là
Rien à voir avec ce que fait leur main
Les petits gars n’y peuvent mais
Alors ils font un geste vague
Grognent des mots secrets
Se taquinent
Se racontent leurs expériences
Sortent des toilettes
Vont en cours
Ecoutent
Notent
Récitent
Testent
Répondent
Composent
Révisent
Observation : les 23 paragraphes ci-dessus à détruire
Ne pas reproduire
Ne pas imprimer
Ne pas publier
En ce jour baigné de soleil
Chaleur du monde propice à toute vie
Midi en Avril
Cette chaleur agaçante
Cette chaleur indécente
Cette
Chaleur en fleur en érection
Où tout ce qui vit veut se mouvoir
Se mouvoir et séduire
Tous ces corps
Toutes ces jointures
Toutes ces mains
Toutes ces jambes
Partout
Des gestes qu’on ne saurait nommer
Des actes dont on ne peut parler
Pas de vivats
Pas
De cris
Pas d‘annonces
Pas de slogans
Un jour banal
Qui ne passera pas à la postérité
Juste le détail d’un geste
Les parties d’un mouvement
Juste du corps
De la peau
Des membres
De la tige
Du tronc
Du rond
Du long
Du souple
Du doux
Du raide
De la sève
Du frottement
Du va et vient
Du halètement
Libération
Charge
Saccades
Jaillissement
Explosion
(Souvenir) Ce jour là
Eux
Camarades de classe
Tous âgés de 13 ans
Ont fait irruption
Dans les toilettes des garçons
Sur les murs étaient dessinées les choses interdites
Tous ces gestes
Geste de se masturber
Se masturber est le premier verbe
Le ticket pour la virilité
La main qui colle
Tout de suite fini
Tout chaud
Après cette douceur
Les petits Adams
Ne trouvent pas les mots pour se consoler
Les mots qu’ils voudraient ne sont pas dehors
Dehors c’est ce mot mon école
Ce mot classe
Dehors c’est parc
Etang
Tableau
Terrain de sport
Etude
Livre ces mots là
Rien à voir avec ce que fait leur main
Les petits gars n’y peuvent mais
Alors ils font un geste vague
Grognent des mots secrets
Se taquinent
Se racontent leurs expériences
Sortent des toilettes
Vont en cours
Ecoutent
Notent
Récitent
Testent
Répondent
Composent
Révisent
Observation : les 23 paragraphes ci-dessus à détruire
Ne pas reproduire
Ne pas imprimer
Ne pas publier
Libellés :
chinois (moderne),
Yu Jian 于坚 (1954-)
Dossier Zero - Yu Jian (5)
Chapitre trois – Version officielle - (le temps des amours)
A l‘âge légal
18 ans on peut parler mariage
Parler d’amour
Et faire les papiers
Amour et passion
Affaires personnelles
Histoire de bavardages
Qui réduisent une foule à quelques personnes
Puis à trois
Puis à deux
Histoire d’une langue qui se colle au palais
D’une mâchoire qui tombe
Histoire où l’on respire par le nez
De lèvres et de dents
Histoire qui approche et qui serre
D’une bouche qui s’avance
Histoire de deux lèvres rondes
Histoire d’ensemble et de solo
De sons durs et de sons doux
De consonnes et de voyelles
Bloqués et libres
Son brusques ou allongés
Nerveux ou détendus
Descendants ou montants
De langue et de dents
Bien sûr il faut se laver la tête
Le visage
Changer de chemise
Se rincer la bouche
Changer de chaussettes
Changer de chaussures
Se parfumer
Bien sûr il faut le meilleur
La meilleure
Les meilleures
Bien sûr à sept heures
Bien sûr la porte du parc
Bien sûr surveiller de loin et se faire attendre
Bien sûr les saules sur la rivière le vent du matin qui chasse la lune
Bien sûr deux napperons
Deux limonades
Bien sûr face à face mots ravalés rires étouffés ne rien vouloir dire que temps frais bel automne
Bien sûr âme soeur deux coeurs à l’unisson
Bien sûr profond
Idiot
Immense
Bien sûr s’aventurer
Devine
Vraiment
Sans blague
Bien sûr minauder
Intime
Bien sûr retenir
Contenir
Balancer
Bien sûr en larmes interroger les fleurs qui ne répondent pas
Bien sûr tant et tant
Plus et plus
Bien sûr tristesse douleur et désespoir
Bien sûr colère qui devient joie
Pleurs qui se changent en rire
Bien sûr douter
Hésiter
Tenter
Bien sûr n’y rien comprendre
S’imaginer
Sourire mystérieux
Bien sûr un mouchoir
Des moustiques
Une chenille
Des pissenlits
Une rose blanche
Bien sûr c’est le meilleur
Gravé dans la mémoire
Inoubliable
Unique
A jamais clair de lune
A jamais ruelles
A jamais vent qui souffle
A jamais crépuscule
A jamais onze heures
A jamais le parc ferme
A jamais réverbères
A jamais avenue
A jamais se quitter à regret
A jamais un dernier regard
A jamais une silhouette
A jamais l’éclat de ses yeux
C’est l’heure
Dépêche-toi
C’est l’heure
Dépêche-toi
Au revoir
Bill
Au revoir
Aurore
A demain
Prune
A demain
Belle
Au revoir
Laure
A demain
Rose
Résumé : écriture folle
Verbes intransitifs
Adjectifs
Noms
Adverbes modaux
Poème
Compare
Elevé
Fable
Légende
Anthropique
Sarcasme
Humour noir
Confession
Touchant
Néoclassique
Poème en prose
Assonance
Allitération
Rime
Dialectique
Ambivalence
Parnassien
Naturaliste
Symboliste
Iambique
Dire ceci penser cela petits mots vastes desseins l’ennemi avance je recule l’ennemi recule je le harcèle un pas en avant trois pas en arrière
Situation : (Réunion
Entrevue
Comité
Enregistrement
Camarades
Parents
Amis
Concierges
Responsables
Signataires
Greffiers)
Rassurant
Valable
Voulu
Rien à dire
Super
Tranquille
Assortis
Accord
Signe de tête
Approuver
Lever la main
Applaudir
Signer
Correct
Pas mal
C’est bon
Terrible
Tope là
C’est décidé
A l‘âge légal
18 ans on peut parler mariage
Parler d’amour
Et faire les papiers
Amour et passion
Affaires personnelles
Histoire de bavardages
Qui réduisent une foule à quelques personnes
Puis à trois
Puis à deux
Histoire d’une langue qui se colle au palais
D’une mâchoire qui tombe
Histoire où l’on respire par le nez
De lèvres et de dents
Histoire qui approche et qui serre
D’une bouche qui s’avance
Histoire de deux lèvres rondes
Histoire d’ensemble et de solo
De sons durs et de sons doux
De consonnes et de voyelles
Bloqués et libres
Son brusques ou allongés
Nerveux ou détendus
Descendants ou montants
De langue et de dents
Bien sûr il faut se laver la tête
Le visage
Changer de chemise
Se rincer la bouche
Changer de chaussettes
Changer de chaussures
Se parfumer
Bien sûr il faut le meilleur
La meilleure
Les meilleures
Bien sûr à sept heures
Bien sûr la porte du parc
Bien sûr surveiller de loin et se faire attendre
Bien sûr les saules sur la rivière le vent du matin qui chasse la lune
Bien sûr deux napperons
Deux limonades
Bien sûr face à face mots ravalés rires étouffés ne rien vouloir dire que temps frais bel automne
Bien sûr âme soeur deux coeurs à l’unisson
Bien sûr profond
Idiot
Immense
Bien sûr s’aventurer
Devine
Vraiment
Sans blague
Bien sûr minauder
Intime
Bien sûr retenir
Contenir
Balancer
Bien sûr en larmes interroger les fleurs qui ne répondent pas
Bien sûr tant et tant
Plus et plus
Bien sûr tristesse douleur et désespoir
Bien sûr colère qui devient joie
Pleurs qui se changent en rire
Bien sûr douter
Hésiter
Tenter
Bien sûr n’y rien comprendre
S’imaginer
Sourire mystérieux
Bien sûr un mouchoir
Des moustiques
Une chenille
Des pissenlits
Une rose blanche
Bien sûr c’est le meilleur
Gravé dans la mémoire
Inoubliable
Unique
A jamais clair de lune
A jamais ruelles
A jamais vent qui souffle
A jamais crépuscule
A jamais onze heures
A jamais le parc ferme
A jamais réverbères
A jamais avenue
A jamais se quitter à regret
A jamais un dernier regard
A jamais une silhouette
A jamais l’éclat de ses yeux
C’est l’heure
Dépêche-toi
C’est l’heure
Dépêche-toi
Au revoir
Bill
Au revoir
Aurore
A demain
Prune
A demain
Belle
Au revoir
Laure
A demain
Rose
Résumé : écriture folle
Verbes intransitifs
Adjectifs
Noms
Adverbes modaux
Poème
Compare
Elevé
Fable
Légende
Anthropique
Sarcasme
Humour noir
Confession
Touchant
Néoclassique
Poème en prose
Assonance
Allitération
Rime
Dialectique
Ambivalence
Parnassien
Naturaliste
Symboliste
Iambique
Dire ceci penser cela petits mots vastes desseins l’ennemi avance je recule l’ennemi recule je le harcèle un pas en avant trois pas en arrière
Situation : (Réunion
Entrevue
Comité
Enregistrement
Camarades
Parents
Amis
Concierges
Responsables
Signataires
Greffiers)
Rassurant
Valable
Voulu
Rien à dire
Super
Tranquille
Assortis
Accord
Signe de tête
Approuver
Lever la main
Applaudir
Signer
Correct
Pas mal
C’est bon
Terrible
Tope là
C’est décidé
Libellés :
chinois (moderne),
Yu Jian 于坚 (1954-)
Dossier Zero - Yu Jian (6)
Chapitre quatre : vie quotidienne
1. Domicile
Il réside au 6 avenue Shangyi
Un terrain public
Où l’on a toujours construit des logements
Jadis avec des pioches
Des charrettes
Des scies
Des clous
Des tuiles
Aujourd’hui avec des bétonnières
Des perforatrices
Des foreuses
Chalumeaux
Camions
Ciment
Marbres
Poutrelles
Arrosés
Ecrasés
Empilés
Maçonnés
Rivetés
Soudés
Fenêtres de métal
Portes de métal
Serrures de métal
Antisismique niveau dix
A l’épreuve du feu
Et des inondations
ABC 503
L’adresse sur son passeport
A représente
Son pâté de maison
B son immeuble
C sa cage d’escalier
Le 5 indique son étage
Et le 03 son appartement
2. Sommeil
Il dort à un mètre trente du sol
Une place tout près du plafond
Pour dormir en hauteur
Pas trop de bruit
Sec et ventilé
Idéal pour stocker
Rassembler
Ranger
Entasser
Le soir vers dix heures
Il tire les rideaux
Ferme la porte
Eteint la lumière
Sommeil proprement dit
A midi
Il dort sur le canapé
Sans enlever ses vêtements
Juste ses chaussures
Sous une couverture
Les meilleurs jours pour dormir
C’est au printemps
Il dort longtemps
Il dort bien
Ne voudrait jamais se réveiller
Les mauvais jours pour dormir
C’est de Juin à Septembre
Chauds
Etouffants
Il dort par morceaux
Plein de petits sommes
Qui font une nuit
L’automne il dort plus longtemps
Sans être dérangé
Par les moustiques et les mouches
Sans avoir à se gratter
Il dort
Paisiblement
L’hiver il se couche à neuf heures
Sous sa couverture chauffante
3. Réveil
Enfiler son caleçon
Enfiler son marcel
Enfiler son pantalon
Enfiler ses pantoufles
Se soulager
Se brosser les dents
Se gargariser
Recracher
Se débarbouiller
Se regarder
S’hydrater
Se coiffer
Se chausser
Petit déjeuner
Deux beignets un bol de gruau
Un verre de lait un petit pain
Demi-tour
Passer son pull
Passer son manteau
Prendre sa serviette
Un dernier regard au miroir
Fermer la porte
Vérifier de la main que la porte est fermée
Descendre
Regarder le ciel
Regarder sa montre
Prendre son vélo
Passer la grille
4. Travail
Entrée
Salut
Bouche ouverte
Bouche fermée
Mouvement du visage
Mouvement de la main
Mouvement du pied
Mouvement de la tête
Des yeux et des paupières
Debout
Assis
Visage figé
Quatre pas en avant
10 mètres
Dépasser
Approcher
Ouvrir
Saisir
Parcourir
Refermer
Pousser
Tirer
Attraper
Recompter
S’accroupir
Sortir
Fermer
Boire
Manger
Cracher
Soupeser
Choisir
Copier
Pencher
35° Est
Dans les 20° Nord
Rayon 200 mètres
Altitude 500 mètres
Température
22°
Vent de sud-est force trois
De huit heures à douze heures
De deux heures à six heures
5. Profil idéologique
( établi à partir des hypothèses
Soupçons et dénonciations
De camarades généralement bien informés)
Il rêve de slogans réactionnaires
Il veut se rebeller et s’indiscipliner
Il veut dans la folie sans arrêt se complaire
Il veut dégénérer
Il rêve de viol
D’exhibition
De meurtre en série
De hold-up
Il voudrait être monopoliste
Propriétaire foncier
Capitaliste
Il voudrait être roi
Ou président
Il voudrait se débaucher
Se vautrer dans la luxure
Tout régenter, tyranniser
Au peuple mener la vie dure
Il voudrait trahir
Il voudrait se rendre
Il voudrait passer à l’ennemi
Il voudrait retourner sa veste
Mordre la main qui le nourrit
Il voudrait se révolter
A tout moment manifester
S’agiter
S’insurger
Et l’ordre social renverser
6. Verbes dissimulés dans ses noires pensées
Démolir
Bander
Pénétrer
Ranger
Dénoncer
Calomnier
Frapper un homme à terre
Tirer
Sauter
Choper
Brailler comme un veau
Ecrabouiller
Démasquer
Abattre
Fusiller
D’un poing de fer assommer
En avant !
Chargez !
Appréciation :
Individu à contrôler strictement
Evolution à surveiller
En copie
Très secret
Confidentiel
A conserver
Ne pas diffuser
« Je ne t’en dis pas plus
Ne l’ébruite pas. »
7. Loisirs
Très intéressé par la grande banlieue
(au-delà de Xiamacun)
A forgé de bons vers
Mentionne avec bonheur
Les épis à dix lieues
Du pays natal
Epis à dix lieux
(voir « sous la pluie »)
A l’occasion
Corrige les « poèmes de Zhimo »
(Zhimo
Poète contemporain
Etudes en Angleterre
Diplômé de Cambridge
Son Sayonara
Est traduit en japonais
Anglais
Français
Italien
Serbe
Et 16 langues africaines)
Aime se promener sur une longue
Avenue du 19eme
(Avenue Shangyi
Quartier de Wuhua
Comprenant deux toilettes publiques
3 rotisseries du Sichuan
12 poteaux télégraphiques
Un bureau de poste
Un salon de coiffure
6 poubelles
3 ruelles
14 porches
3 panneaux de propagande
2 enseignes
10 offres de soins
Avis de recherche
Emplacements à louer)
Chaque semaine
Fait sa lessive
Regarde deux films
Achète 7 journaux
(Quotidiens du soir
Hebdomadaires)
Fait 80 abdos
6 heures de shopping
(En trois fois
Deux heures chacune)
Chaque jour
Grignote
20 g de biscuits
20 g de tournesol
3 tablettes de chewing-gum
1 sachet de cacahuètes
3 g de bonbons acidulés
Regarde une fois son agenda
Regarde 8 fois sa montre
S’assied 9 fois
S’accroupit 20 minutes
S’allonge 11 fois
S’accoude pendant 4 heures
Mains dans le dos
Mains derrière la tête
Mains dans
Les poches
Mains sur son verre
Mains pendantes
Mains relâchées
Sur la pointe des pieds
Les pieds sur le plancher
Les pieds de travers
Les pieds dans ses chaussons
Les pieds dans une bassine
Les pieds sur une serviette
Les pieds nus
Le soir
Enlève le napperon
Appuie sur ON
Regarde la publicité
Regarde les informations
Regarde la météo
Regarde les animaux du monde
Regarde les variétés
Regarde les ballets
Regarde 30 épisodes de série
Regarde la publicité
Regarde les étrangers
Regarde la publicité
Regarde les beaux paysages
Regarde la publicité
Regarde
Le foot
Les fleurs
La mode
L’eau
Regarde la publicité
Regarde les programmes du lendemain
Regarde la fin des programmes d’aujourd’hui
Fin des programmes
Bonne nuit
Regarde la mire et la neige
Appuie sur OFF
8. Journal
Tel jour tel mois telle année
Ensoleillé
Pas le moral
Déprimé
Tel jour tel mois telle année
Ensoleillé
Bon moral
Assis toute la matinée
Tel jour tel mois telle année
Ciel encore couvert
Seul
Pluie
Redormi l’après midi
Tel jour tel mois telle année
Dormi toute la journée
Tel jour tel mois telle année enrhumé
Tel jour vent
Tel jour chaud
Tel jour froid
Tel jour attendu untel
Tel jour tel mois telle année
Nouvel an
Tel jour
Anniversaire
Tel jour
Fête
Libellés :
chinois (moderne),
Yu Jian 于坚 (1954-)
Dossier Zero - Yu Jian (7)
Chapitre 5 – Formulaires
1- Curriculum vitae – inscription – adhesion – admission – enregistrement
Photographie
Deux par deux tête nue noir et blanc
Nom prénom
Ligne d’écriture
Nom de plume 11 (manquants)
Sexe
Mâle au sud
Femelle au nord
Date de naissance
Automne Jiazi
Eléments déchaînés
Lieu de naissance
Un si bel endroit
Age
Après trente années tout mon talent n’est que poussière
Origine sociale
A père prolétaire fils courageux
A père réactionnaire fils dépravé
Profession
Les talents que le ciel m’a donnés
Je ne puis que les utiliser
Salaire
De si petits morceaux
Comment s’en contenter
Niveau général
Dis qu’as-tu fait toi que voila
De ta jeunesse
Constitution
Muscles 20kg
Sang 5000 cc
Graisse 20 kg
Os 10kg
Cheveux 200g
Yeux une paire
Foie deux lobes
Mains 2
Pieds 2
Nez 1
Situation maritale
Marié
Ou pas
Cela dépend de toi
Opinions politiques
D’ici c’est un pic, de là une cordillère
De loin, de près, en haut, en bas, chacun diffère
Origine ethnique
Dans l’orient lointain est un dragon
Constellations
Horoscope
Zodiaque
Lignes de la main
Tache de naissance
Hérédité
Surnom
Signes particuliers
Accent
Empreintes digitales
Forme du pied
Groupe sanguin
Famille et relations
Père
Poids du dossier 3000 g
La moitié de sa vie
500g manquant
A compléter
Mère
Poids du dossier 2500 g
Frères et sœurs
Poids du dossier 1000g chacun
Neveux et nièces
Poids du dossier 10g
Grand père
Grand-mère
Grand oncle
Côté maternel
Grand tante
Poids du dossier 5000g
Tous deux décédés
CV
De telle année à telle année
Chapitre un
De telle année à telle année chapitre deux
De telle année à telle année
Chapitre B
(A 500 mètres de son travail
Médecine générale, hôpital de quartier)
De telle année à telle année
Chapitre trois
De telle année à telle année
Chapitre quatre
2. Inventaire
Lit simple 1
(Agrandi à l’aide de deux planches
Deux maximes collées au chevet
Photo de Belmondo 1
Poster d’une actrice 1)
Bureau 1
(5 tiroirs
Usagés)
Contenant :
Papier à lettres
Enveloppes
Agenda
Tickets de nourriture
Tickets restaurant
Tickets de bains
Bons d’achat
Carte de travail
Carte d’identité
Livret de santé
Stylo à bille
Stylo plume
Pinceau poil fin
Pinceau poil épais
Peignes 7
Clefs 27
(Clefs de vélo
Clefs de serrure
Clefs de cadenas
Clefs d’antivol
Clefs de cuivre
Clefs d’alu
Clefs de galva de toutes sortes)
Montre goéland, fabrication chinoise, cassée : 1
Deux montres à quartz (cassées)
Sirop pour l’estomac : une bouteille et demie
Aspirine : 20 sachets
Sirop pour le rhume : une bouteille
Anxiolytique une demi bouteille
Glycérine une bouteille
Crème pour la peau
Pilules éparpillées
Quelques
Ampoules
Poudres
Pommades
Tablettes
Cahiers à carreaux : 3
Encre noire : une bouteille
Encre bleue : une bouteille
Encre rouge : une bouteille
Médailles touristiques 7
Etagère : 1
(Hauteur 1,5 mètre
Longueur 1,2 mètre
Cinq rayons)
Contenant :
Œuvres choisies : 3
Œuvres complètes : 1
Encyclopédie : 1 lot
« Chinois contemporain » : 1 lot
« Manuel de chinois »
Magazine « Apprendre soi-même »
« Sexualité pratique »
« Etudes sur le Jin Ping Mei »
« Compendium »
« Précis »
« Atlas mondial »
« 330 sentences parallèles »
« Santé et alimentation »
« 200 conseils pour bien photographier »
« Le monde comme volonté et comme représentation »
« Initiation au japonais »
Vieux journaux 15kg
Calendriers usagés 5 kg
Vieux papiers 20 kg
Prix unitaire
Vieux journaux
0,20 yuan le kilo
(calendriers et vieux papiers : idem)
Livres
0,40 yuan le kilo
Objets d’art, six : buste de Vénus en plâtre
Statue de David en plâtre
Chevaux en porcelaine : 1
Lion en céramique : 1
Aigle : 1
Panthère : 1
Valise : 1 (Toute neuve
Qui sent la naphtaline
Cadenas à combinaison)
Contenant deux costumes neufs
Cravate Gold Lion : 1 (rouge)
Plaid bordeaux : 1 (longueur 4 mètres
Largeur
1,5 mètre)
Couvre-lits de soie : deux
Grand album photo neuf : 1
(Sans photos)
Coffre en bois : 1 (ancienne boîte à savon)
Contenant
Veste molletonnée : 1 (au fond)
Vestes de treillis usagées : deux
Vieux costumes Mao : deux
Vieux blousons : 3
Pantalon pattes d’éléphant : 1
(Usé à l’ourlet)
Jeans : deux (à moitié neufs)
Vielles chaussettes (7 paires)
Quelques caleçons
Maillots
Serviettes
Guitare : une (presque neuve
Corde cassée
De marque coton rouge)
Sous-main de verre : un
(dessous, deux cartes postales
3 photos
La première de lui lumière tamisée
Largeur huit pouces
Automne
Feuilles mortes au premier plan
La seconde portrait de groupe
A l’entrée d’un parc
Lui
Premier rang, neuvième en partant de la gauche
La troisième photo d’une femme
L’intéressée
Nom
Age
Employeur
Origine
Positions politiques
Situation tous inconnus)
Télévision noir et blanc : un poste
Gourde militaire : une
Pneu d’automobile : un
Crachoir : un
Bouteilles vides : 13
Lampe torche : 1
Sandales 8 paires (5 inutilisables)
Chaussure de sport : 1 (l’autre manquante, la survivante presque neuve)
Chaussures de ville deux paires (talonnettes, semelle épaisse)
L’une de couleur marron
Un paquet de
35 lettres
(adresses des expéditeurs
En ville
Détail à l’intérieur
Courrier des lecteurs d’une chaîne de télévision
Comité d’organisation d’un concours de connaissance en hygiène
Telle ville telle ruelle tel numéro telle avenue numéro 246 chambre 707)
Transistor de marque prune rouge, un
Grand bol émaillé : un
Fauteuil à dossier : un
(rotin défoncé en plusieurs endroits)
Canapé : un
(longueur 1,8 mètre
Housse brillante d’usure deux ressorts apparents)
Nouilles instantanée 7 paquets
Café une demi-boîte (Nestlé)
Four 1 (1000 watts)
Edredons : 3 (tous vieux
Tâchés et abimés)
Volants de badminton : 2
Raquette de ping-pong une
Cartes à jouer trois paquets
(le premier presque neuf
Les deux autres incomplets
Rassemblés en un)
Pions de go 7
(3 blancs 4 noirs)
Pièces de monnaie
71
(par terre
Et dans les tiroirs au total 18 pièces de cinq centimes
30 de deux
Le reste en pièces d’un centime
Et en petits billets)
Libellés :
chinois (moderne),
Yu Jian 于坚 (1954-)
Dossier Zero - Yu Jian (8)
Dernier chapitre (cette page ajoutée au dossier)
Annexe 1 : format et conservation
Ecrit
Copié
Imprimé
Corrigé
Tout à la plume
A l’encre indélébile
Ecrire lisiblement
Nul si raturé
Infalsifiable
Diffusion restreinte
A qui de droit
Trois cents signes par page
Caractères simplifiés
Chiffres arabes en gros
Classés
Séparés
Rangés
Parties sous-parties numérotées
Par ordre chronologique
Par nature et par contenu
Catégorie A B et C
Les pages bien numérotées
Juste avant de relier
Enlever les agrafes
Trombones
Epingles et autres pièces métalliques
Coudre la reliure
Ne pas empiéter sur le texte
Les pages bien découpées
Aplaties
Serrées
Puis stockées en salle des dossiers
Vérifier relire sans faute
Faire signer expéditeur et destinataire
Du numéro déduire sa pièce
Son secteur
Sa catégorie
Son rayon
Sa rangée
Sa case
Sa place
L’y mettre
Fermer à clef
Fermer l’armoire
Un tour de clef
360°
Eteindre
La première porte
Un tour de clef
360°
La seconde porte
Un tour de clef
360°
La troisième porte
Un tour de clef
360°
Fermer la porte blindée
Un tour de clef
360°
Enlever
(1992)
Annexe 1 : format et conservation
Ecrit
Copié
Imprimé
Corrigé
Tout à la plume
A l’encre indélébile
Ecrire lisiblement
Nul si raturé
Infalsifiable
Diffusion restreinte
A qui de droit
Trois cents signes par page
Caractères simplifiés
Chiffres arabes en gros
Classés
Séparés
Rangés
Parties sous-parties numérotées
Par ordre chronologique
Par nature et par contenu
Catégorie A B et C
Les pages bien numérotées
Juste avant de relier
Enlever les agrafes
Trombones
Epingles et autres pièces métalliques
Coudre la reliure
Ne pas empiéter sur le texte
Les pages bien découpées
Aplaties
Serrées
Puis stockées en salle des dossiers
Vérifier relire sans faute
Faire signer expéditeur et destinataire
Du numéro déduire sa pièce
Son secteur
Sa catégorie
Son rayon
Sa rangée
Sa case
Sa place
L’y mettre
Fermer à clef
Fermer l’armoire
Un tour de clef
360°
Eteindre
La première porte
Un tour de clef
360°
La seconde porte
Un tour de clef
360°
La troisième porte
Un tour de clef
360°
Fermer la porte blindée
Un tour de clef
360°
Enlever
(1992)
Libellés :
chinois (moderne),
Yu Jian 于坚 (1954-)
lundi 13 février 2017
Charles Bukowski - Tandis que j'agonise
Tandis que j'agonise
Il vient un temps où l’on s’enfonce
En-soi et vient un temps
Où il est plus facile
Plus innocent de mourir
Comme des bombardiers
Sur Santa Monica,
Et je me revois
Allongé sur le sable,
Moi-même à vingt ans,
Qui lisais Faulkner
Dont le nom me plaisait
vaguement excité
Par quelque chose
Qui n’était pas moi
Et refermais le livre
Et me sentais
Malade de la mer
Et du ciel
Bleu bleu bleu
Avec des points blancs,
Tout confus dans le piège
Et voulant en sortir
Tout en sachant
Que j’y étais pris
Comme les puces de sable
Que j’écrasais,
Et M. Faulkner
Couché sur son flanc
Immortel brûlant
Avec mes orteils
Et tout qui penchait
Et pas tout à fait
Vrai
Il vient un temps où l’on s’enfonce
En-soi et vient un temps
Où il est plus facile
Plus innocent de mourir
Comme des bombardiers
Sur Santa Monica,
Et je me revois
Allongé sur le sable,
Moi-même à vingt ans,
Qui lisais Faulkner
Dont le nom me plaisait
vaguement excité
Par quelque chose
Qui n’était pas moi
Et refermais le livre
Et me sentais
Malade de la mer
Et du ciel
Bleu bleu bleu
Avec des points blancs,
Tout confus dans le piège
Et voulant en sortir
Tout en sachant
Que j’y étais pris
Comme les puces de sable
Que j’écrasais,
Et M. Faulkner
Couché sur son flanc
Immortel brûlant
Avec mes orteils
Et tout qui penchait
Et pas tout à fait
Vrai
Libellés :
anglais,
Charles Bukowski (1920-1994)
dimanche 26 juin 2016
Charles Bukowski - Métamorphose
Métamorphose
une petite amie
a refait mon lit
récuré et ciré le sol de ma cuisine
puis lessivé les murs
passé l’aspirateur
nettoyé les toilettes
et la baignoire
astiqué le sol de la salle de bains
coupé les ongles de mes pieds
et mes cheveux.
puis
dans la même journée
le plombier est vue réparer le robinet de la cuisine
et les toilettes
le monsieur du gaz a remis le chauffage
et celui du téléphone a réparé le téléphone.
me voici maintenant dans ce monde parfait.
tout est calme.
j’ai quitté mes 3 petites amies.
Je me sentais mieux quand tout était
en désordre.
il me faudra des mois pour revenir
à la normale :
je n’ai plus un cafard avec qui échanger.
j’ai perdu mon rythme.
je ne dors plus.
ne mange plus.
on m’a volé
ma crasse.
Metamorphosis
a girlfriend came in
built me a bed
scrubbed and waxed the kitchen floor
scrubbed the walls
vacuumed
cleaned the toilet
the bathtub
scrubbed the bathroom floor
and cut my toenails and
my hair.
then
all on the same day
the plumber came and fixed the kitchen faucet
and the toilet
and the gas man fixed the heater
and the phone man fixed the phone.
noe I sit in all this perfection.
it is quiet.
I have broken off with all 3 of my girlfriends.
I felt better when everything was in
disorder.
it will take me some months to get back to normal:
I can't even find a roach to commune with.
I have lost my rythm.
I can't sleep.
I can't eat.
I have been robbed of
my filth.
une petite amie
a refait mon lit
récuré et ciré le sol de ma cuisine
puis lessivé les murs
passé l’aspirateur
nettoyé les toilettes
et la baignoire
astiqué le sol de la salle de bains
coupé les ongles de mes pieds
et mes cheveux.
puis
dans la même journée
le plombier est vue réparer le robinet de la cuisine
et les toilettes
le monsieur du gaz a remis le chauffage
et celui du téléphone a réparé le téléphone.
me voici maintenant dans ce monde parfait.
tout est calme.
j’ai quitté mes 3 petites amies.
Je me sentais mieux quand tout était
en désordre.
il me faudra des mois pour revenir
à la normale :
je n’ai plus un cafard avec qui échanger.
j’ai perdu mon rythme.
je ne dors plus.
ne mange plus.
on m’a volé
ma crasse.
Metamorphosis
a girlfriend came in
built me a bed
scrubbed and waxed the kitchen floor
scrubbed the walls
vacuumed
cleaned the toilet
the bathtub
scrubbed the bathroom floor
and cut my toenails and
my hair.
then
all on the same day
the plumber came and fixed the kitchen faucet
and the toilet
and the gas man fixed the heater
and the phone man fixed the phone.
noe I sit in all this perfection.
it is quiet.
I have broken off with all 3 of my girlfriends.
I felt better when everything was in
disorder.
it will take me some months to get back to normal:
I can't even find a roach to commune with.
I have lost my rythm.
I can't sleep.
I can't eat.
I have been robbed of
my filth.
Libellés :
anglais,
Charles Bukowski (1920-1994)
Charles Bukowski - l'oiseau moqueur
l’oiseau moqueur
l’oiseau moqueur avait suivi le chat
tout l’été
il s’était moqué moqué moqué
provocateur, sûr de son fait ;
le chat s’était glissé sous les fauteuils du porche
la queue dressée
et avait lancé à l’oiseau moqueur des propos agacés
que je n’ai pas compris
hier, le chat a lentement remonté l’allée
l’oiseau moqueur, bien vivant, dans la gueule,
les ailes déployées, ses belles ailes, déployées, affaissées
les plumes écartées, comme les jambes d’une femme
et l’oiseau ne se moquait plus,
il demandait, il suppliait,
mais le chat
tout à sa marche séculaire
ne l’écoutait pas.
je l’ai vu se glisser sous une voiture jaune
tenant l’oiseau
qu’il finirait ailleurs.
c’était la fin de l’été.
the mockingbird
the mockingbird had been following the cat
all summer
mocking mocking mocking
teasing and cocksure;
the cat crawled under rockers on porches
tail flashing
and said something angry to the mockingbird
which I didn’t understand.
yesterday the cat walked calmly up the driveway
with the mockingbird alive in its mouth,
wings fanned, beautiful wings fanned and flopping,
feathers parted like a woman’s legs,
and the bird was no longer mocking,
it was asking, it was praying
but the cat
striding down through centuries
would not listen.
I saw it crawl under a yellow car
with the bird
to bargain it to another place.
summer was over.
l’oiseau moqueur avait suivi le chat
tout l’été
il s’était moqué moqué moqué
provocateur, sûr de son fait ;
le chat s’était glissé sous les fauteuils du porche
la queue dressée
et avait lancé à l’oiseau moqueur des propos agacés
que je n’ai pas compris
hier, le chat a lentement remonté l’allée
l’oiseau moqueur, bien vivant, dans la gueule,
les ailes déployées, ses belles ailes, déployées, affaissées
les plumes écartées, comme les jambes d’une femme
et l’oiseau ne se moquait plus,
il demandait, il suppliait,
mais le chat
tout à sa marche séculaire
ne l’écoutait pas.
je l’ai vu se glisser sous une voiture jaune
tenant l’oiseau
qu’il finirait ailleurs.
c’était la fin de l’été.
the mockingbird
the mockingbird had been following the cat
all summer
mocking mocking mocking
teasing and cocksure;
the cat crawled under rockers on porches
tail flashing
and said something angry to the mockingbird
which I didn’t understand.
yesterday the cat walked calmly up the driveway
with the mockingbird alive in its mouth,
wings fanned, beautiful wings fanned and flopping,
feathers parted like a woman’s legs,
and the bird was no longer mocking,
it was asking, it was praying
but the cat
striding down through centuries
would not listen.
I saw it crawl under a yellow car
with the bird
to bargain it to another place.
summer was over.
Libellés :
anglais,
Charles Bukowski (1920-1994)
jeudi 23 juin 2016
Mu Xin - Je me souviens d'avant
Je me souviens d’avant, de nos jeunes années
Quand nous étions si francs, si peu madrés
Quand nous savions ce que parler veut dire
Quand au petit matin, nous partions à la gare
Sur l’avenue déserte, dans l’obscurité
Où les petits vendeurs bravent la fumée
Mais les jours d’autrefois se sont raccourcis
Lettres, voitures, chevaux, tout s’est ralenti
Un unique amour occupe une vie
Avant, même les cadenas étaient jolis
Avec leurs petites clefs d’orfèvrerie
Et quand on les fermait chacun comprenait
记得早先少年时
大家诚诚恳恳
说一句 是一句
清早上火车站
长街黑暗无行人
卖豆浆的小店冒着热气
从前的日色变得慢
车,马,邮件都慢
一生只够爱一个人
从前的锁也好看
钥匙精美有样子
你锁了 人家就懂了
Quand nous étions si francs, si peu madrés
Quand nous savions ce que parler veut dire
Quand au petit matin, nous partions à la gare
Sur l’avenue déserte, dans l’obscurité
Où les petits vendeurs bravent la fumée
Mais les jours d’autrefois se sont raccourcis
Lettres, voitures, chevaux, tout s’est ralenti
Un unique amour occupe une vie
Avant, même les cadenas étaient jolis
Avec leurs petites clefs d’orfèvrerie
Et quand on les fermait chacun comprenait
记得早先少年时
大家诚诚恳恳
说一句 是一句
清早上火车站
长街黑暗无行人
卖豆浆的小店冒着热气
从前的日色变得慢
车,马,邮件都慢
一生只够爱一个人
从前的锁也好看
钥匙精美有样子
你锁了 人家就懂了
Libellés :
chinois (moderne),
Mu Xin 木心 (1927-2011)
dimanche 12 juin 2016
Haizi - Le chant du suicidé
Le chant du suicidé
Etendu dans l’eau d’après-midi
Un rideau qui s’agite
Quelques branches s’étirent
Le corps, une gemme sur l’eau
Est une bouteille coupée par le milieu
Dans laquelle l’eau ne peut être coupée
Etendu sur une hache
Comme étendu sur une lyre
Et puis il y a la corde
Enroulée sous le lit
Dans le bois le soleil te tranche
Comme il tranche le vent du sud
Tire ton fusil, rentre seul au pays
Comme un pigeon
Tombé dans une corbeille écarlate
自杀者之歌
伏在下午的水中
窗帘一掀一掀
一两根树枝伸过来
肉体,水面的宝石
是对半分裂的瓶子
瓶里的水不能分裂
伏在一具斧子上
像伏在一具琴上
还有绳索
盘在床底下
林间的太阳砍断你
像砍断南风
你把枪打开,独自走回故乡
像一只鸽子
倒在猩红的篮子上
Etendu dans l’eau d’après-midi
Un rideau qui s’agite
Quelques branches s’étirent
Le corps, une gemme sur l’eau
Est une bouteille coupée par le milieu
Dans laquelle l’eau ne peut être coupée
Etendu sur une hache
Comme étendu sur une lyre
Et puis il y a la corde
Enroulée sous le lit
Dans le bois le soleil te tranche
Comme il tranche le vent du sud
Tire ton fusil, rentre seul au pays
Comme un pigeon
Tombé dans une corbeille écarlate
自杀者之歌
伏在下午的水中
窗帘一掀一掀
一两根树枝伸过来
肉体,水面的宝石
是对半分裂的瓶子
瓶里的水不能分裂
伏在一具斧子上
像伏在一具琴上
还有绳索
盘在床底下
林间的太阳砍断你
像砍断南风
你把枪打开,独自走回故乡
像一只鸽子
倒在猩红的篮子上
Libellés :
chinois (moderne),
Haizi 海子 (1964-1989)
mardi 28 juillet 2015
Bukowski - Insomnie
Insomnie
dans les étages du dessous,
seul à ne pas dormir
écoutant les moteurs
et les sirènes incessantes
pensant aux minotaures
pensant à Segovia
qui pratique 5 heures par jour
ou aux tombeaux
qui n’ont pas besoin de pratique,
tes pieds s’enroulent dans les draps
et tu aperçois une main
qui pourrait être celle d’un homme
de 80 ans, et tu
es au-dessus de 32 personnes qui dorment
et sais que la plupart
se réveilleront
et vont bailler et manger et vider les poubelles
peut-être même déféquer,
mais pour l’instant ils sont à toi
chevauchant tes minotaures,
soufflant la grêle brûlante de tes chants
ou respirant en champignons :
les crânes plats comme cercueils,
tous amants séparés,
et tu te lèves, allumes une cigarette,
évidemment,
toujours vivant.
on the floors below,
only you are not sleeping,
you are listening to the engines
and horns that never stop,
you are thinking of minotaurs,
you are thinking of Segovia
who practices 5 hours a day
or the graves
that need no practice,
and your feel twist in the sheets
and you look down at a hand
that could easily belong to a man
of 80, and you
are on top of 32 people sleeping
and you know that most of them
will awaken
to yawn and eat and empty trash,
perhaps defecate,
but right now they are yours,
riding your minotaurs
breathing fiery hailstones of song,
or mushroom breathing:
skulls flat as coffins,
all lovers parted,
and you rise and light a cigarette,
evidently,
still alive.
as-tu jamais été dans une chambre
au-dessus de 32 personnes qui dormentdans les étages du dessous,
seul à ne pas dormir
écoutant les moteurs
et les sirènes incessantes
pensant aux minotaures
pensant à Segovia
qui pratique 5 heures par jour
ou aux tombeaux
qui n’ont pas besoin de pratique,
tes pieds s’enroulent dans les draps
et tu aperçois une main
qui pourrait être celle d’un homme
de 80 ans, et tu
es au-dessus de 32 personnes qui dorment
et sais que la plupart
se réveilleront
et vont bailler et manger et vider les poubelles
peut-être même déféquer,
mais pour l’instant ils sont à toi
chevauchant tes minotaures,
soufflant la grêle brûlante de tes chants
ou respirant en champignons :
les crânes plats comme cercueils,
tous amants séparés,
et tu te lèves, allumes une cigarette,
évidemment,
toujours vivant.
Insomnia
have you
ever been in a room
on top
of 32 people sleepingon the floors below,
only you are not sleeping,
you are listening to the engines
and horns that never stop,
you are thinking of minotaurs,
you are thinking of Segovia
who practices 5 hours a day
or the graves
that need no practice,
and your feel twist in the sheets
and you look down at a hand
that could easily belong to a man
of 80, and you
are on top of 32 people sleeping
and you know that most of them
will awaken
to yawn and eat and empty trash,
perhaps defecate,
but right now they are yours,
riding your minotaurs
breathing fiery hailstones of song,
or mushroom breathing:
skulls flat as coffins,
all lovers parted,
and you rise and light a cigarette,
evidently,
still alive.
Libellés :
anglais,
Charles Bukowski (1920-1994)
Bukowski - conseil d'ami à de nombreux jeunes gens
Conseil d'ami à de nombreux jeunes gens
Partez pour le Tibet
Chevauchez un chameau
Plongez vous dans la Bible
Teignez vos chaussures en bleu
Laissez vous pousser la barbe
Faites le tour du monde dans un canot de papier
Epousez une unijambiste et rasez vous au coupe chou
Et gravez votre nom sur son bras.
Brossez vous les dents au gas oïl
Dormez le jour et grimpez aux arbres la nuit venue
Faites vous moine, buvez du plomb et de la bière
Gardez la tête sous l'eau et jouez du violon
Faites la danse du ventre devant des bougies roses
Tuez votre chien
Présentez vous à la mairie
Vivez dans un tonneau
Fendez vous le crâne d'un coup de hachette
Allez planter des tulipes sous la pluie
Mais n'écrivez pas de poésie.
Friendly advice to a lot of young men
Go to Tibet.
Ride a camel.
Read the Bible.
Dye your shoes blue.
Grow a Beard.
Circle the world in a paper canoe.
Subscribe to “The Saturday Evening Post.”
Chew on the left side of your mouth only.
Marry a woman with one leg and shave with a straight razor.
And carve your name in her arm.
Brush your teeth with gasoline.
Sleep all day and climb trees at night.
Be a monk and drink buckshot and beer.
Hold your head under water and play the violin.
Do a belly dance before pink candles.
Kill your dog.
Run for Mayor.
Live in a barrel.
Break your head with a hatchet.
Plant tulips in the rain.
But don't write poetry.
Partez pour le Tibet
Chevauchez un chameau
Plongez vous dans la Bible
Teignez vos chaussures en bleu
Laissez vous pousser la barbe
Faites le tour du monde dans un canot de papier
Epousez une unijambiste et rasez vous au coupe chou
Et gravez votre nom sur son bras.
Brossez vous les dents au gas oïl
Dormez le jour et grimpez aux arbres la nuit venue
Faites vous moine, buvez du plomb et de la bière
Gardez la tête sous l'eau et jouez du violon
Faites la danse du ventre devant des bougies roses
Tuez votre chien
Présentez vous à la mairie
Vivez dans un tonneau
Fendez vous le crâne d'un coup de hachette
Allez planter des tulipes sous la pluie
Mais n'écrivez pas de poésie.
Friendly advice to a lot of young men
Go to Tibet.
Ride a camel.
Read the Bible.
Dye your shoes blue.
Grow a Beard.
Circle the world in a paper canoe.
Subscribe to “The Saturday Evening Post.”
Chew on the left side of your mouth only.
Marry a woman with one leg and shave with a straight razor.
And carve your name in her arm.
Brush your teeth with gasoline.
Sleep all day and climb trees at night.
Be a monk and drink buckshot and beer.
Hold your head under water and play the violin.
Do a belly dance before pink candles.
Kill your dog.
Run for Mayor.
Live in a barrel.
Break your head with a hatchet.
Plant tulips in the rain.
But don't write poetry.
Libellés :
anglais,
Charles Bukowski (1920-1994)
Bukowski - poème pour mon 43eme anniversaire
Poème pour mon 43eme anniversaire
Finir tout seul
dans le tombeau d'une chambre
sans cigarettes
ni vin -
juste une ampoule
un bedon,
les cheveux gris,
mais bien content d'avoir
cette chambre
... au petit matin
ils sont tous là
qui gagnent leurs vies:
juges et charpentiers,
plombiers et médecins,
kioskiers et policiers,
coiffeurs et garagistes,
dentistes et fleuristes,
serveuses cuisiniers
et chauffeurs de taxi...
et toi tu te retournes
sur le côté gauche
pour que le soleil
soit dans ton dos
et loin
de tes yeux.
Poem for my 43rd birthday
To end up alone
in a tomb of a room
without cigarettes
or wine--
just a lightbulb
and a potbelly,
grayhaired,
and glad to have
the room.
...in the morning
they're out there
making money:
judges, carpenters,
plumbers, doctors,
newsboys, policemen,
barbers, carwashers,
dentists, florists,
waitresses, cooks,
cabdrivers...
and you turn over
to your left side
to get the sun
on your back
and out
of your eyes.
Finir tout seul
dans le tombeau d'une chambre
sans cigarettes
ni vin -
juste une ampoule
un bedon,
les cheveux gris,
mais bien content d'avoir
cette chambre
... au petit matin
ils sont tous là
qui gagnent leurs vies:
juges et charpentiers,
plombiers et médecins,
kioskiers et policiers,
coiffeurs et garagistes,
dentistes et fleuristes,
serveuses cuisiniers
et chauffeurs de taxi...
et toi tu te retournes
sur le côté gauche
pour que le soleil
soit dans ton dos
et loin
de tes yeux.
Poem for my 43rd birthday
To end up alone
in a tomb of a room
without cigarettes
or wine--
just a lightbulb
and a potbelly,
grayhaired,
and glad to have
the room.
...in the morning
they're out there
making money:
judges, carpenters,
plumbers, doctors,
newsboys, policemen,
barbers, carwashers,
dentists, florists,
waitresses, cooks,
cabdrivers...
and you turn over
to your left side
to get the sun
on your back
and out
of your eyes.
Libellés :
anglais,
Charles Bukowski (1920-1994)
Bukowski - pas ceux qui vécurent ici
Pas ceux qui vécurent ici
mais ceux qui y moururent;
et pas quand
mais comment;
pas
les grands connus
mais les grands morts inconnus;
pas
l'histoire
des nations
mais la vie des hommes.
les fables sont des rêves,
pas des mensonges,
et
la vérité change
comme
les gens,
et quand la vérité se fait stable
les gens
se font
morts
et
l'insecte
et le feu et
le flot
se font
vérité
It's not who lived here
but who died here;
and it’s not when
but how;
it’s not
the known great
but the great who died unknown;
it’s not
the history
of countries
but the lives of men.
fables are dreams,
not lies,
and
truth changes
as
men change,
and when truth becomes stable
men
will
become dead
and
the insect
and the fire and
the flood
will become
truth.
mais ceux qui y moururent;
et pas quand
mais comment;
pas
les grands connus
mais les grands morts inconnus;
pas
l'histoire
des nations
mais la vie des hommes.
les fables sont des rêves,
pas des mensonges,
et
la vérité change
comme
les gens,
et quand la vérité se fait stable
les gens
se font
morts
et
l'insecte
et le feu et
le flot
se font
vérité
It's not who lived here
but who died here;
and it’s not when
but how;
it’s not
the known great
but the great who died unknown;
it’s not
the history
of countries
but the lives of men.
fables are dreams,
not lies,
and
truth changes
as
men change,
and when truth becomes stable
men
will
become dead
and
the insect
and the fire and
the flood
will become
truth.
Libellés :
anglais,
Charles Bukowski (1920-1994)
Sandburg - Le peuple, oui - I
Des quatre coins de la terre
De coins battus par le vent
Perclus de pluie et de tonnerre
D'endroits où commencent les vents
Où naissent les brouillards et leurs brumeux enfants
Des grands hommes sont venus de grands versants rocheux
Et des hommes assoupis des vallées assoupies
Leurs femmes grandes, leurs femmes assoupies
Avec ballots et biens
Et des petites qui balbutient: "où maintenant? et après?"
Le peuple de la terre, la famille de l'homme
A voulu édifier ce dont il serait fier
Une tour qui des plates landes de la terre
Monterait à travers le plafond jusqu'au sommet des cieux
Et le grand œuvre a commencé
Semelles et poteaux enfoncés
murs, planchers, spires d'escaliers
dressés vers les astres, tout là haut
dressés bien au delà des échelles lunaires.
Et Dieu Tout Puissant aurait pu les abattre
ou les frapper sourds et muets
Mais Dieu était un patron farceur
Dieu était un chef attentif
Qui avait autre chose en tête
Et soudain mélangea leurs paroles
changea les langages des gens
pour que chacun parle différemment
Et le maçon ne savait plus ce que disait le portefaix
Au charpentier l'apprenti tendait le mauvais outil
Cinq cents façons de dire "Q u i e s t u ?"
changèrent la façon de demander: "que fait-on maintenant?"
ou de dire "naître n'est qu'un début"
ou "plutôt chanter que faire ce raffut"
ou "ce que tu ne sais pas ne saurait te nuire"
Et les magasiniers se mirent à se quereller
avec les bandes de porteurs et les guildes de bâtisseurs
et les architectes s'arrachèrent les cheveux sur leurs plans
et les briquetiers et les écorcheurs de mules le rapportèrent
aux patrons de paille qui le rapportèrent aux contremaîtres
et les signaux se mélangèrent; les ouvriers qui remplissaient les seaux
sifflèrent les porteurs - et l'ouvrage fut en ruine
Certains l'appelèrent Tour de Babel
Le peuple lui donna beaucoup d'autres noms
Ses ruies s'élevaient telles un crâne ou un spectre
un témoignage à peine commencé
qui penchait et pendait aux grand vents ennemis
maintenu par de doux vents amis.
De coins battus par le vent
Perclus de pluie et de tonnerre
D'endroits où commencent les vents
Où naissent les brouillards et leurs brumeux enfants
Des grands hommes sont venus de grands versants rocheux
Et des hommes assoupis des vallées assoupies
Leurs femmes grandes, leurs femmes assoupies
Avec ballots et biens
Et des petites qui balbutient: "où maintenant? et après?"
Le peuple de la terre, la famille de l'homme
A voulu édifier ce dont il serait fier
Une tour qui des plates landes de la terre
Monterait à travers le plafond jusqu'au sommet des cieux
Et le grand œuvre a commencé
Semelles et poteaux enfoncés
murs, planchers, spires d'escaliers
dressés vers les astres, tout là haut
dressés bien au delà des échelles lunaires.
Et Dieu Tout Puissant aurait pu les abattre
ou les frapper sourds et muets
Mais Dieu était un patron farceur
Dieu était un chef attentif
Qui avait autre chose en tête
Et soudain mélangea leurs paroles
changea les langages des gens
pour que chacun parle différemment
Et le maçon ne savait plus ce que disait le portefaix
Au charpentier l'apprenti tendait le mauvais outil
Cinq cents façons de dire "Q u i e s t u ?"
changèrent la façon de demander: "que fait-on maintenant?"
ou de dire "naître n'est qu'un début"
ou "plutôt chanter que faire ce raffut"
ou "ce que tu ne sais pas ne saurait te nuire"
Et les magasiniers se mirent à se quereller
avec les bandes de porteurs et les guildes de bâtisseurs
et les architectes s'arrachèrent les cheveux sur leurs plans
et les briquetiers et les écorcheurs de mules le rapportèrent
aux patrons de paille qui le rapportèrent aux contremaîtres
et les signaux se mélangèrent; les ouvriers qui remplissaient les seaux
sifflèrent les porteurs - et l'ouvrage fut en ruine
Certains l'appelèrent Tour de Babel
Le peuple lui donna beaucoup d'autres noms
Ses ruies s'élevaient telles un crâne ou un spectre
un témoignage à peine commencé
qui penchait et pendait aux grand vents ennemis
maintenu par de doux vents amis.
Libellés :
anglais,
Carl Sandburg (1878-1967)
Sandburg - Les gens qui doivent
Les gens qui doivent
J'ai peint sur le toit d'un gratte-ciel.
Peint longuement, ça m'a fait ma journée.
Au carrefour les gens grouillaient et le sifflet du policier n'a pas arrêté de l'après midi.
Ils étaient comme des insectes, autant d'insectes sur leur chemin -
Des gens en mouvement, ou alors à l'arrêt;
Et le policier une tache bleue, un éclair d'argent
Autour duquel les marées noires se divisaient
Gardait la rue. Et j'ai paint longuement
Ca m'a fait ma journée
People who must
I painted on the roof of a skyscraper.
I painted a long while and called it a day's work.
The people on the corner swarmed and the traffic cop's whistle never let up all afternoon.
They were the same as bugs, many bugs on their way--
These people on the go or at a standstill;
And the traffic cop a spot of blue, a splinter of brass,
Where the black tides ran around him
And he kept the street. I painted a long while
And called it a day's work.
J'ai peint sur le toit d'un gratte-ciel.
Peint longuement, ça m'a fait ma journée.
Au carrefour les gens grouillaient et le sifflet du policier n'a pas arrêté de l'après midi.
Ils étaient comme des insectes, autant d'insectes sur leur chemin -
Des gens en mouvement, ou alors à l'arrêt;
Et le policier une tache bleue, un éclair d'argent
Autour duquel les marées noires se divisaient
Gardait la rue. Et j'ai paint longuement
Ca m'a fait ma journée
People who must
I painted on the roof of a skyscraper.
I painted a long while and called it a day's work.
The people on the corner swarmed and the traffic cop's whistle never let up all afternoon.
They were the same as bugs, many bugs on their way--
These people on the go or at a standstill;
And the traffic cop a spot of blue, a splinter of brass,
Where the black tides ran around him
And he kept the street. I painted a long while
And called it a day's work.
Libellés :
anglais,
Carl Sandburg (1878-1967)
dimanche 12 juillet 2015
Sandburg - Rats d'égouts
Rats d’égouts
Ils désignaient une manière de favoris du nom « lilas ».
Et certaines barbes prenaient dans leur discours l’apparence verbale
De « côtelettes », de « Galway », ou de « plumeaux ».
De telles métaphores sautaient de leurs lèvres comme des cris de rue
Sautent des moineaux qui trouvent des graines éparpillées dans les interstices des pavés
Ah-ha ces métaphores – et ah-ha ces garçons—connus de la polices
Comme les Douze Salauds et dont les noms faisaient la une des journaux
Et deux d’entre eux claquèrent le même jour, lors d’une « fête à la cravate »… pour employer les métaphores de leurs lèvres.
Alley Rats
They were calling certain styles of whiskers by the name of “lilacs.”
And another manner of beard assumed in their chatter a verbal guise
Of “mutton chops,” “galways,” “feather dusters.”
Metaphors such as these sprang from their lips while other street cries
Sprang from sparrows finding scattered oats among interstices of the curb.
Ah-hah these metaphors—and Ah-hah these boys—among the police they were known
As the Dirty Dozen and their names took the front pages of newspapers
And two of them croaked on the same day at a “necktie party” … if we employ the metaphors of their lips.
Libellés :
anglais,
Carl Sandburg (1878-1967)
samedi 11 juillet 2015
Yu Jian - 268
Quitter ces lieux brûlants comme un cautère
Partir du centre ville partir des quartiers commerçants,
Partir des distributeurs de billets de banque,
Partir des étalages de nourriture dans les supermarchés,
Partir des tours où travaillent les cols blancs
Partir affolé des voitures et des passages piétons
Les pas se font glissants Il a failli
Se cogner contre la porte de verre d’un grand magasin
Quitter ces lotissements flambant neufs
Quitter le béton Les armatures les métaux importés
Quitter ces WC modernes que l'on vient d'installer
Quitter ces salons, ces bacs à fleurs sur les balcons
Partir des stations d’essence, de sous les échangeurs
Partir des hôpitaux qu’on désinfecte et
Des bibliothèques où l’on lit librement
Quitter les portables Les fixes, les éclairages nocturnes
Surtout, partir de cette banlieue en plein essor
Surtout, quitter au bord des champs
Ces villages de vacances qui viennent d’apparaître
Partir du centre ville partir des quartiers commerçants,
Partir des distributeurs de billets de banque,
Partir des étalages de nourriture dans les supermarchés,
Partir des tours où travaillent les cols blancs
Partir affolé des voitures et des passages piétons
Les pas se font glissants Il a failli
Se cogner contre la porte de verre d’un grand magasin
Quitter ces lotissements flambant neufs
Quitter le béton Les armatures les métaux importés
Quitter ces WC modernes que l'on vient d'installer
Quitter ces salons, ces bacs à fleurs sur les balcons
Partir des stations d’essence, de sous les échangeurs
Partir des hôpitaux qu’on désinfecte et
Des bibliothèques où l’on lit librement
Quitter les portables Les fixes, les éclairages nocturnes
Surtout, partir de cette banlieue en plein essor
Surtout, quitter au bord des champs
Ces villages de vacances qui viennent d’apparaître
Il est tout seul qui veut
aller
Par là Par là
Sans rien y voir
Tranche de noir
Qu'on vient juste de décharger
Ce cheval noir
Par là Par là
Sans rien y voir
Tranche de noir
Qu'on vient juste de décharger
Ce cheval noir
离开那些灸手可热的地方
从市中心离开 从商业区离开
从银行的取款机前离开
从超级市场摆满食物的货架离开
从白领阶层上班的大厦离开
从汽车和斑马线惊慌失措地离开
步子经常打滑 差一点
撞在百货公司的玻璃门上
离开那些刚刚建成的小区
离开水泥 钢筋和进口的金属材料
离开刚刚装好的抽水马桶
离开那些客厅和阳台上的花盆
从加油站和立交桥下面离开
从正在消毒的医院和
可以自由借阅浏览的图书馆离开
离开手机 电话和夜晚的灯光
甚至从欣欣向荣的郊区离开
甚至离开了那些在田野的边缘
刚刚出现的渡假区
只有它独自一个要去
那个方向 那个方向
什么都看不见
漆黑一片
它是一匹刚刚卸完了货的
黑马
(lu par yu jian)
Libellés :
chinois (moderne),
Yu Jian 于坚 (1954-)
dimanche 30 novembre 2014
Duo Yu - Bonheur quotidien
Bonheur quotidien
A la fin Mars, les hirondelles, les rigueurs de l’hiver passées,
Sur l’abricotier, devant ma fenêtre, se remettent à pépier
Je leur suis parfois reconnaissant de tout ce tapage
Reconnaissant qu’elles me présentent ce bonheur quotidien
Bonjour feuilles nouvelles, bonjour vertes chenilles, bonjour les hirondelles
Aux plumes ébouriffées ! Sur le rebord de ma fenêtre, les graines éparpillées
Scintillent d’une obscure beauté. Mon Dieu, qu’est ce qui m’arrive ?
J’entends souvent, quand le vent souffle dans le grenier, comme une armée qui défile
Et sous les draps, par le soleil éclaboussés, dissimule des objets d’acier…
日常之欢
三月过后,捱过严冬的麻雀们
又开始在窗外的杏树上叽叽喳喳
我有时对它们的喧闹心存感激
感激它们为我演示一种日常之欢
新树叶好,菜青虫好,尾羽蓬松的
母麻雀好!洒在窗台上的谷粒
闪烁着无名的善。天啊,我这是怎么啦
我时常听到风刮过屋顶时像列阵的步兵
洒满阳光的床单下暗藏着铁器……
A la fin Mars, les hirondelles, les rigueurs de l’hiver passées,
Sur l’abricotier, devant ma fenêtre, se remettent à pépier
Je leur suis parfois reconnaissant de tout ce tapage
Reconnaissant qu’elles me présentent ce bonheur quotidien
Bonjour feuilles nouvelles, bonjour vertes chenilles, bonjour les hirondelles
Aux plumes ébouriffées ! Sur le rebord de ma fenêtre, les graines éparpillées
Scintillent d’une obscure beauté. Mon Dieu, qu’est ce qui m’arrive ?
J’entends souvent, quand le vent souffle dans le grenier, comme une armée qui défile
Et sous les draps, par le soleil éclaboussés, dissimule des objets d’acier…
日常之欢
三月过后,捱过严冬的麻雀们
又开始在窗外的杏树上叽叽喳喳
我有时对它们的喧闹心存感激
感激它们为我演示一种日常之欢
新树叶好,菜青虫好,尾羽蓬松的
母麻雀好!洒在窗台上的谷粒
闪烁着无名的善。天啊,我这是怎么啦
我时常听到风刮过屋顶时像列阵的步兵
洒满阳光的床单下暗藏着铁器……
Libellés :
chinois (moderne),
Duo Yu (朵鱼 1973-)
lundi 24 novembre 2014
Duo Yu - Aimer tant
爱若干
我们以为这个男人打她、骂她,她再也不会
爱上他了。我们错了。她爱他的拳头,爱他的
伤害。他用她辛苦挣来的钱去抽,去赌,去嫖
她就去挣更多的钱给他。他半夜回来,将她
拉到身下,她便迎合着,像木柴迎向一团火。
他一边狠狠地操她,一边骂她不要脸,她说
她就是个不要脸的骚娘们儿,骂得好极了。
她为他堕胎,第二天接着去工作,因为
她爱他。她必须爱他,我们不知道,如果
不爱他,这个世上,她就再也没有可爱之人了
她爱他,所以绝不能失去他。我们这才明白
她为何会将他一劈两半,一半藏在冰箱里,
一半埋在床底下。
Aimer tant
Nous avions cru que parce qu’il la battait, qu’il l’insultait, elle ne pouvait
l’aimer encore. Nous avions tort. Elle aimait ses poings, elle aimait ses
blessures. L’argent qu’elle gagnait si difficilement, il le fumait, le jouait, le courait.
Et elle continuait à lui en gagner plus. Quand il rentrait en pleine nuit, et la
traînait sous lui, elle se faisait docile, comme un fagot attend la flamme.
Il la baisait brutalement, en la traitant de moins que rien, elle répondait
qu’il avait bien raison, qu’elle n’était rien qu’une salope.
Pour lui, elle avait avorté, le lendemain était retournée travailler, parce
qu’elle l’aimait. Elle devait l’aimer, nous ne le savions pas, mais quand
elle ne l’aimerait plus, elle n’aurait ici-bas plus personne à aimer.
Elle l’aimait tellement qu’elle n’a pas pu le perdre. Et nous comprenons ici
pourquoi elle l’a coupé en deux, caché une moitié dans le frigo
et enterré l’autre sous le lit.
我们以为这个男人打她、骂她,她再也不会
爱上他了。我们错了。她爱他的拳头,爱他的
伤害。他用她辛苦挣来的钱去抽,去赌,去嫖
她就去挣更多的钱给他。他半夜回来,将她
拉到身下,她便迎合着,像木柴迎向一团火。
他一边狠狠地操她,一边骂她不要脸,她说
她就是个不要脸的骚娘们儿,骂得好极了。
她为他堕胎,第二天接着去工作,因为
她爱他。她必须爱他,我们不知道,如果
不爱他,这个世上,她就再也没有可爱之人了
她爱他,所以绝不能失去他。我们这才明白
她为何会将他一劈两半,一半藏在冰箱里,
一半埋在床底下。
Aimer tant
Nous avions cru que parce qu’il la battait, qu’il l’insultait, elle ne pouvait
l’aimer encore. Nous avions tort. Elle aimait ses poings, elle aimait ses
blessures. L’argent qu’elle gagnait si difficilement, il le fumait, le jouait, le courait.
Et elle continuait à lui en gagner plus. Quand il rentrait en pleine nuit, et la
traînait sous lui, elle se faisait docile, comme un fagot attend la flamme.
Il la baisait brutalement, en la traitant de moins que rien, elle répondait
qu’il avait bien raison, qu’elle n’était rien qu’une salope.
Pour lui, elle avait avorté, le lendemain était retournée travailler, parce
qu’elle l’aimait. Elle devait l’aimer, nous ne le savions pas, mais quand
elle ne l’aimerait plus, elle n’aurait ici-bas plus personne à aimer.
Elle l’aimait tellement qu’elle n’a pas pu le perdre. Et nous comprenons ici
pourquoi elle l’a coupé en deux, caché une moitié dans le frigo
et enterré l’autre sous le lit.
Libellés :
chinois (moderne),
Duo Yu (朵鱼 1973-)
samedi 22 novembre 2014
Charles Bukowski - La belle dame
la belle dame
nous sommes rassemblés ici
pour l’enterrer dans ce
poème.
elle n’a pas épousé un soûlaud sans travail qui
la battait tous les
soirs.
aucun de ses enfants a jamais porté
de chemises tâchées de morve
ou de robes déchirées.
et la belle dame
simplement
calmement
est décédée.
puisse-t-elle être enterrée
dans la pure poussière
de ce poème
avec ses entrailles
et ses bijoux
et ses peignes et ses
poèmes
avec ses yeux bleu pâle
et son
mari
souriant
fortuné
effrayé.
the beautiful lady
we are gathered here now
to bury her in this
poem.
she did not marry an unemployed wino who
beat her every
night.
her several children will never wear
snot-stained shirts
or torn dresses.
the beautiful lady
simply
calmly
died.
and may the clean dirt of this poem
bury
her.
her and her womb
and her jewels
and her combs and her
poems
and her pale blue eyes
and her
grinning
rich
frightened
husband.
nous sommes rassemblés ici
pour l’enterrer dans ce
poème.
elle n’a pas épousé un soûlaud sans travail qui
la battait tous les
soirs.
aucun de ses enfants a jamais porté
de chemises tâchées de morve
ou de robes déchirées.
et la belle dame
simplement
calmement
est décédée.
puisse-t-elle être enterrée
dans la pure poussière
de ce poème
avec ses entrailles
et ses bijoux
et ses peignes et ses
poèmes
avec ses yeux bleu pâle
et son
mari
souriant
fortuné
effrayé.
the beautiful lady
we are gathered here now
to bury her in this
poem.
she did not marry an unemployed wino who
beat her every
night.
her several children will never wear
snot-stained shirts
or torn dresses.
the beautiful lady
simply
calmly
died.
and may the clean dirt of this poem
bury
her.
her and her womb
and her jewels
and her combs and her
poems
and her pale blue eyes
and her
grinning
rich
frightened
husband.
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anglais,
Charles Bukowski (1920-1994)
Charles Bukowski - De la glace pour les aigles
De la glace pour les aigles
Je me rappelle encore les chevaux
sous la lune
je me rappelle encore que je leur donnais
du sucre
en rectangles blancs
pareils à des glaçons
et leurs têtes étaient comme
des aigles
chauves et qui pouvaient mordre et
ne le faisaient pas
Les chevaux étaient plus vrais que
mon père
plus vrais que Dieu
et ils auraient pu m’écraser les
pieds mais ne le faisaient pas
ils auraient pu faire toutes sortes d’horreurs
mais ne le faisaient pas.
J’avais presque 5 ans
mais je n’ai pas oublié
mon dieu qu’elles étaient fortes, et bonnes
ces langues rouges qui pendaient en bavant
de leur âme.
Ice for the eagles
I keep remembering the horses
under the moon
I keep remembering feeding the horses
sugar
white oblongs of sugar
more like ice,
and they had heads like
eagles
bald heads that could bite and
did not.
The horses were more real than
my father
more real than God
and they could have stepped on my
feet but they didn't
they could have done all kinds of horrors
but they didn't.
I was almost 5
but I have not forgotten yet;
o my god they were strong and good
those red tongues slobbering
out of their souls.
Je me rappelle encore les chevaux
sous la lune
je me rappelle encore que je leur donnais
du sucre
en rectangles blancs
pareils à des glaçons
et leurs têtes étaient comme
des aigles
chauves et qui pouvaient mordre et
ne le faisaient pas
Les chevaux étaient plus vrais que
mon père
plus vrais que Dieu
et ils auraient pu m’écraser les
pieds mais ne le faisaient pas
ils auraient pu faire toutes sortes d’horreurs
mais ne le faisaient pas.
J’avais presque 5 ans
mais je n’ai pas oublié
mon dieu qu’elles étaient fortes, et bonnes
ces langues rouges qui pendaient en bavant
de leur âme.
Ice for the eagles
I keep remembering the horses
under the moon
I keep remembering feeding the horses
sugar
white oblongs of sugar
more like ice,
and they had heads like
eagles
bald heads that could bite and
did not.
The horses were more real than
my father
more real than God
and they could have stepped on my
feet but they didn't
they could have done all kinds of horrors
but they didn't.
I was almost 5
but I have not forgotten yet;
o my god they were strong and good
those red tongues slobbering
out of their souls.
Libellés :
anglais,
Charles Bukowski (1920-1994)
Duo Yu - Qu'est-ce qu'il a, ce monde
Qu’est-ce qu’il a, ce monde
Qui emmènera les brebis paître aux nuages blancs
Qui emmènera les chevaux s’abreuver à l’Océan
Le paysan qui a perdu son champ plante sur son toit des pommes de terre
Le fonctionnaire qui tient le pouvoir cache son argent dans un trou de souris
Mendiant, ne va pas demander à la porte du riche
Victime, ne va pas réclamer devant le tribunal
Monde, calme-toi, et écoute
La doléance de l’ombrageuse cigale
Qui crie du matin jusqu’au soir
这世界怎么啦
是谁将羊群赶到白云上吃草
是谁将马群赶到大海上饮水
失去土地的农夫在屋顶上栽种土豆
权柄在握的官吏在鼠洞里隐藏金钱
行乞者啊,不要去富人的门前乞讨
冤屈者啊,不要到法院的门口喊冤
世界,请安静一下,听听
这只狂躁的蝉有什么冤情
它从早晨一直叫到了晚上
Qui emmènera les brebis paître aux nuages blancs
Qui emmènera les chevaux s’abreuver à l’Océan
Le paysan qui a perdu son champ plante sur son toit des pommes de terre
Le fonctionnaire qui tient le pouvoir cache son argent dans un trou de souris
Mendiant, ne va pas demander à la porte du riche
Victime, ne va pas réclamer devant le tribunal
Monde, calme-toi, et écoute
La doléance de l’ombrageuse cigale
Qui crie du matin jusqu’au soir
这世界怎么啦
是谁将羊群赶到白云上吃草
是谁将马群赶到大海上饮水
失去土地的农夫在屋顶上栽种土豆
权柄在握的官吏在鼠洞里隐藏金钱
行乞者啊,不要去富人的门前乞讨
冤屈者啊,不要到法院的门口喊冤
世界,请安静一下,听听
这只狂躁的蝉有什么冤情
它从早晨一直叫到了晚上
Libellés :
chinois (moderne),
Duo Yu (朵鱼 1973-)
jeudi 20 novembre 2014
Duo Yu - Quand chacun dormira à poings fermés
Quand chacun dormira à poings fermés
Quand chacun dormira à poings fermés, les oiseaux de nuit reviendront au bois
Quand chacun dormira à poings fermés, la rivière en grondant s’écoulera
Quand chacun dormira à poings fermés, la terre doucement se retournera
Quand chacun dormira à poings fermés, les animaux géants se mettront à ronfler
Alors, les grandes cités du Nord éteindront toutes les lumières
Toutes les exclamations ensemble se fondront en un chœur d’insectes
A travers la brume encore effilochée, on verra soudain la sphère étoilée
Et le royaume d’autrefois à cet instant apparaitra
只有在众人沉睡时
只有在众人沉睡时,夜鸟才会归林
只有在众人沉睡时,河流才哗哗流淌
只有在众人沉睡时,大地才轻轻翻身
只有在众人沉睡时,巨兽才开始打鼾
此刻,北方的大城熄灭了全城的灯火
全部的喧嚣汇成了夜虫的合鸣
雾霭虽未散尽,星空就要乍现
那上古的国在这一刻突然降临
Libellés :
chinois (moderne),
Duo Yu (朵鱼 1973-)
jeudi 13 novembre 2014
Yu Jian - 12 (le chemin qui mène là bas)
Le chemin qui mène là-bas n’a pas besoin de traverser
L’acier
Le plastique et le nylon
N’a pas besoin d’emprunter
Les rues
Et les grandes routes
N’a pas besoin de passer
Par les coiffeuses des femmes
Et les verres de bière des hommes
Le chemin qui mène là-bas
N’a pas besoin de passeport
De chaussures
Ou d’essence
Je sais que ce chemin sur la terre
Autrefois
N’avait pas de limites
Mais aujourd’hui pour aller là-bas
Sans piétiner
Les tuyaux de gaz ou les services comptabilité
Je n’ai que mes poèmes
Pour me servir de pieds
通向那里的道路不需要经过
铁
塑料和尼龙
不需要经过
街道
和公路
不需要经过
女人的梳妆台
和男人们的啤酒杯
通向那里的道路
不需要证件
鞋子
和汽油
我知道这条道路曾经
在大地上
无边无际地存在
但我现在要去那里
如果我不想踩着
煤气管或者会计室
我只能用诗歌
做我的脚
L’acier
Le plastique et le nylon
N’a pas besoin d’emprunter
Les rues
Et les grandes routes
N’a pas besoin de passer
Par les coiffeuses des femmes
Et les verres de bière des hommes
Le chemin qui mène là-bas
N’a pas besoin de passeport
De chaussures
Ou d’essence
Je sais que ce chemin sur la terre
Autrefois
N’avait pas de limites
Mais aujourd’hui pour aller là-bas
Sans piétiner
Les tuyaux de gaz ou les services comptabilité
Je n’ai que mes poèmes
Pour me servir de pieds
通向那里的道路不需要经过
铁
塑料和尼龙
不需要经过
街道
和公路
不需要经过
女人的梳妆台
和男人们的啤酒杯
通向那里的道路
不需要证件
鞋子
和汽油
我知道这条道路曾经
在大地上
无边无际地存在
但我现在要去那里
如果我不想踩着
煤气管或者会计室
我只能用诗歌
做我的脚
Libellés :
chinois (moderne),
Yu Jian 于坚 (1954-)
mardi 11 novembre 2014
Comme je Méditais en Silence - Walt Whitman
Comme je Méditais en Silence
Comme je Méditais en Silence,
Sur mes poèmes revenant, m’attardant, réfléchissant,
Un Fantôme m’est apparu, son visage mal convaincu
Terrifiant par sa beauté, sa puissance et son âge,
Le génie des poètes d’antan,
Qui me considérait de ses yeux flamboyantsDu doigt me désignant tous ces chants immortels
Et la voix menaçante, Que chantes-tu ? dit-il,
Ne comprends-tu pas que les bardes promis à la pérennité
N’ont qu’un seul sujet, qui est la Guerre, et la fortune des combats,
Et la formation du parfait soldat.
Sache-le, alors je répondis,
C’est autant, Ombre altière, je chante aussi la guerre, et plus longue et plus grande qu’aucune,
Livrée dans ce recueil,
à l’issue incertaine, avec ses dérobades et ses avances et ses retraites,
et sa victoire qui chancelle et puis s’arrête,
(Et que pourtant,
je crois, enfin, inévitable, ou quasiment,) livrée sur cette terre,Pour la vie et la mort, pour notre Ame éternelle, et notre Corps,
Je suis là, moi aussi, qui chante le chant des combats,
Et par-dessus tout,
la bravoure du soldat.
As I ponder'd in silence,
Returning upon my poems, considering, lingering long,
A Phantom arose before me with distrustful aspect,
Terrible in beauty, age, and power,
The genius of poets of old lands,
As to me directing like flame its eyes,
With finger pointing to many immortal songs,
And menacing voice, What singest thou? it said,
Know'st thou not there is hut one theme for ever-enduring bards?
And that is the theme of War, the fortune of battles,
The making of perfect soldiers.
Be it so, then I answer'd,
I too haughty Shade also sing war, and a longer and greater one than any,
Waged in my book with varying fortune, with flight, advance and retreat, victory deferr'd and wavering,
(Yet methinks certain, or as good as certain, at the last,) the field the world,
For life and death, for the Body and for the eternal Soul,
Lo, I too am come, chanting the chant of battles,
I above all promote brave soldiers.
Libellés :
anglais,
Walt Whitman (1819 - 1892)
dimanche 2 novembre 2014
Yu Jian - 344 (la caisse noire du piano)
344
黑色钢琴盖
像一具装着大人物的棺木
暗藏着他的恶习和指甲壳
女儿的恐惧表现为表情呆板
手指总是长不长
她神经质地
在每次课程结束时
忽然微笑
La caisse noire du piano
Comme le cercueil d’un important personnage
Dissimule ses cruautés et ses faux ongles
La terreur de ma fille se lit sur son visage figé
Ses doigts ne veulent pas s’allonger
Et sa nervosité
Redevient sourire
Quand la leçon prend fin
黑色钢琴盖
像一具装着大人物的棺木
暗藏着他的恶习和指甲壳
女儿的恐惧表现为表情呆板
手指总是长不长
她神经质地
在每次课程结束时
忽然微笑
La caisse noire du piano
Comme le cercueil d’un important personnage
Dissimule ses cruautés et ses faux ongles
La terreur de ma fille se lit sur son visage figé
Ses doigts ne veulent pas s’allonger
Et sa nervosité
Redevient sourire
Quand la leçon prend fin
Libellés :
chinois (moderne),
Yu Jian 于坚 (1954-)
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