lundi 23 février 2009

Shakespeare - Sonnet 130

My mistress' eyes are nothing like the sun;
Coral is far more red than her lips' red;
If snow be white, why then her breasts are dun;
If hairs be wires, black wires grow on her head.

I have seen roses damasked, red and white,
But no such roses see I in her cheeks;
And in some perfumes is there more delight
Than in the breath that from my mistress reeks.

I love to hear her speak, yet well I know
That music hath a far more pleasing sound;
I grant I never saw a goddess go;

My mistress when she walks treads on the ground.
And yet, by heaven, I think my love as rare
As any she belied with false compare.



Les yeux de mon amie n'ont rien du soleil
Le corail est bien plus rouge que ses lèvres
Si la neige est blanche, alors son sein est gris
Ses cheveux autant de fils noirs sur sa tête

J’ai vu la rose de Damas, rouge et blanche
Mais pareille fleur n'orne pas ses deux joues
On m’a fait sentir des parfums plus plaisants
Que l'odeur qui s’exhale de mon amie

J’aime l’entendre parler, pourtant je sais
Que la musique rend un son bien meilleur
J’admets n’avoir jamais vu marcher déesse

Mon amie, quand elle marche, a les pieds sur terre
Et pourtant, mon Dieu, mon amours est plus grand
Que ces amours nées d’images mensongères

dimanche 22 février 2009

Gu Cheng - Quand

假如

假如钟声响了,
就请用羽毛,
把我安葬.
我将在冥夜中,
编织一对,
巨大的翅膀,
在我眷恋的祖国上空,
继续飞翔.

Quand

Quand mon heure sonnera
S’il vous plait, dans le duvet
Enterrez-moi en paix
Dans la nuit noire
Je me ferai deux
Immenses ailes
Et au dessus de ma chère patrie
Je reprendrai mon vol

jeudi 12 février 2009

Fu Jie - A Gu Cheng

给安息在墓床的顾城

他知道永逝将至
满心悲伤
遥远的孤岛吞没了
他的绝望和他的爱情
海越过重重叠叠的波浪
只带走他的诗

生命短暂,人世艰难
人们在海那边谈论他
说童话里长不大的孩子变成狼
有人说残酷,有人说惋惜
但这些他都不在乎,
他睡在松林间
等待下午穿透土丘的太阳

A Gucheng, qui repose en paix

Il savait qu’il faudrait partir
Et son cœur était triste
Une ile lointaine engloutit
Son désespoir et son amour
L’océan criblé de vagues
N’emporta que ses poèmes

Vie éphémère, monde cruel
Sur l’autre rivage, on dit
Que ce naïf, cet éternel enfant,
S’est changé en loup
Féroce, désespéré
Mais de cela, il n’a cure
Il dort, au milieu des pins
Attendant le soleil de midi
Qui perce, dans sa tombe

dimanche 8 février 2009

Xi Chuan - Jette tes moutons à la mer

把羊群赶下大海

请把羊群赶下大海,牧羊人,
请把世界留给石头——
黑夜的石头,在天空它们便是
璀璨的群星,你不会看见。

请把羊群赶下大海,牧羊人,
让大海从最底层掀起波澜。
海滨低地似乌云一般旷远,
剩下孤单的我们,在另一个世界面前。

凌厉的海风。你脸上的盐。
伟大的太阳在沉船的深渊。
灯塔走向大海,水上起了火焰
海岬以西河流的声音低缓。

告别昨天的一场大雨,
承受黑夜的压力、恐怖的摧残。
沉寂的树木接住波涛,
海岬以东汇合着我们两人的夏天

因为我站在道路的尽头发现
你是唯一可以走近的人;
我为你的羊群祝福:把它们赶下大海
我们相识在这一带荒凉的海岸。

Jette tes moutons à la mer

Jette tes moutons à la mer, berger
Rend le monde aux pierres --
Pierres de la nuit, dans le ciel comme des
Etoiles scintillantes, que tu ne saurais voir.

Jette tes moutons à la mer, berger
Que l’océan, du plus profond, soulève une vague.
Rivages bas, déserts comme un nuage noir
Nous laissant, seuls, devant un autre monde.

Impétueux vent marin, sel sur ton visage.
Puissant soleil au dessus des abimes naufrageurs
Phare tourné vers le large, flammes sur l’eau
Bruit du fleuve adouci, à l’ouest du cap

Adieu, orage d’hier, supporte
Le fardeau de la nuit, l’outrage de la peur
Les arbres silencieux arrêtent la houle
Nos étés se rassemblent, à l’est du cap

Parce qu’au bout de la route, j’ai découvert
Que tu étais le seul à pouvoir m’approcher
Pour tes moutons je fais ce vœu : jette les à la mer
Nous nous sommes rencontrés, sur cette grève désolée

Xi Chuan - Clair de lune

月光十四行

人在高楼上睡觉会梦见
一片月光下的葡萄园
会梦见自己身披一件大披风
摸到冰凉的葡萄架下

而风在吹着,月亮里
有哨声传来,那有时被称作
“黎明之路”的河流上纸船沉没
大雾飘过墓地般的葡萄园

而风在吹着,嗜血的枭鸟
围绕着葡萄园纵情歌唱
歌唱人类失传的安魂曲

这时你远离尘嚣,你拔出手枪
你梦见月光下的葡萄园
被一个身躯无情地压扁

Clair de lune - Sonnet

Quand on dort dans la tour, on voit en rêve
Un champ de raisins, éclairé par la lune
On rêve de son corps, roulé dans une cape
Caressé par les froides treilles

Et le vent souffle, sous la lune
Il va, sifflant, sur cette rivière appelée
Chemin de l’aube, où sombrent les bateaux de papier
Champ de raisin, cimetière où flotte la brume

Et le vent souffle, milans sanguinaires
Autour du champ de raisin, chantant tout leur saoul
Chantant un requiem à la chute des hommes

Alors, tu quittes ces lieux sales et bruyants, tu tires ton pistolet
Tu vois en rêve le champ de raisin, sous la lune
Par un corps, impitoyablement, broyé

samedi 7 février 2009

Gu Cheng - Lit de mort

墓床

我知道永逝降临,
并不悲伤
松林中安放着我的愿望
下边有海,远看像水池
一点点跟我的是下午的阳光

人时已尽,人世很长
我在中间应当休息
走过的人说树枝低了
走过的人说树枝在长

Lit de mort

Je sais que le grand départ approche
Mais je ne suis pas triste
Dans une forêt de pins, mes désirs reposent en paix
En contrebas, la mer, au loin, comme un étang
Et, me suivant pas à pas, le soleil de midi

Une vie prend fin, le monde continue
C’est ici que je vais m’allonger
Ceux qui sont passés là disent que les branches tombent
Ceux qui sont passés là disent que les branches poussent

mercredi 4 février 2009

Gu Cheng - Je suis une pirogue

我的独木船


(一)
我的独木船,
没有桨,没有风帆,
飘在大海中间,
飘在大海中间,
没有桨,没有风帆。

风呵,命运的风呵,
感情的波澜,
请把我吞没,
或送回彼岸,
即使是梦幻,
即使是梦幻……

我在盼望那,
沉静的港湾;
我在盼望那,
黄金的海滩;
我在盼望那——
岸边的姑娘
和她相见,
和她相见,
和她相见!


(二)
我的独木船,
没有舵,没有绳缆,
飘在人世间,
飘在人世间,
没有舵,没有绳缆。

风呵,命运的风呵,
感情的波澜,
请把我埋葬,
或送回家园,
即使是碎片,
即使是碎片……

我在想念那,
美丽的栈桥;
我在想念那,
含泪的灯盏;
我在想念那——
灯下的母亲
祝她晚安,
祝她晚安,
祝她晚安!


Je suis une pirogue

(1)
Je suis une pirogue
Sans rame, sans voile
Voguant sur l’océan
Voguant sur l’océan
Sans rame, sans voile

Vents ! Vents du destin !
Vagues des sentiments
Engloutissez moi
Ou menez moi sur l’autre rive
Même si ce n’est qu’un rêve
Même si ce n’est qu’un rêve

Je rêve de ce
Havre de paix
Je rêve de cette
Plage dorée
Je rêve de cette ---
Fille des grèves
La rencontrer
La rencontrer
La rencontrer !

(2)
Je suis une pirogue
Sans gouverne, sans amarre
Voguant sur le monde
Voguant sur le monde
Sans gouverne, sans amarre

Vents ! Vents du destin !
Vagues des sentiments
Enterrez moi
Ou menez moi chez moi
Même si tout est en miettes
Même si tout est en miettes

Je me rappelle cette
Belle auberge
Je me rappelle cette
Lampe qui retenait ses larmes
Je me rappelle cette
Mère sous la lampe
Lui dire bonne nuit
Lui dire bonne nuit
Lui dire bonne nuit !

mardi 3 février 2009

Ge Mai - Frontière

界限

发现我的,是一本书;是不可能的。
飞是不可能的。
居住在一家核桃的内部,是不可能的。
三根弦的吉他是不可能的。
让田野装满痛苦,是不可能的。
双倍的激情是不可能的。
忘却词汇,是不可能的。
留,是不可能的。
和上帝一起宵夜,是不可能的。
死是不可能的。

Frontière

Me découvrir, dans un livre, ce n’est pas possible
Voler, ce n’est pas possible
Habiter un noyau de pêche, ce n’est pas possible
Une guitare à trois cordes, ce n’est pas possible
Remplir la campagne de douleur, ce n’est pas possible
Les sentiments partagés, ce n’est pas possible
Perdre le fil de son discours, ce n’est pas possible
Rester, ce n’est pas possible
Souper avec Dieu, ce n’est pas possible
Mourir, ce n’est pas possible

lundi 2 février 2009

Mang Ke - Dans la muraille

大墙之内

大墙之内
忽明忽暗
忽冷忽热
我听你的声音无声
你看我的身影无影
大墙之内是我的梦境

往事纷飞
旧日成灰
荒废了那么长的岁月
摧毁了那么多的人
我的梦中火光冲天

燃烧的是头颅
沉默的是愤怒
时光在倒流
前后数十年
不过是一眨眼

心在心之外
人在人中间
忽前忽后
忽左忽右
我不是我的尽头
你也不是你的终点

终于,墙倒
梦飞散
死灰不再复燃
听我说
我对你并非随随便便
我对你的迷恋也绝不止就在生前

Dans la muraille

Dans la muraille
Tantôt claire tantôt sombre
Tantôt froide tantôt chaude
J’entends ta voix silencieuse
Tu vois ma silhouette sans ombre
Dans la muraille c’est dans mon rêve

Le passé s’envole
Hier devient cendre
Abandonnés ces longs mois
Brisés tous ces hommes
Dans mon rêve flammes jusqu’au ciel

Embrasé : le crâne
Silencieuse : colère
Les moments s’écoulent
Dix années qui passent
Ne sont qu’un clin d’oeil

Cœur hors du coeur
Homme dans l’homme
Tantôt avant tantôt après
Tantôt à gauche tantôt à droite
Je ne suis pas mon terme
Tu n’es pas ta fin

Enfin, la muraille tombe
Le rêve s’envole
Les braises mortes ne se rallument plus
Ecoute-moi
Je ne t’ai jamais négligée
Mon amour fou pour toi ne finira pas avec nos vies

dimanche 1 février 2009

Mang Ke - Ferme les yeux

把眼睛闭上

把眼睛闭上
把自己埋葬
这样你就不会再看到
太阳那朵鲜红的花
是怎样被掐下来
被扔在地上
又是怎样被黑夜
恶狠狠地踩上一脚

把眼睛闭上
把自己埋葬
这样你就会与世隔绝
你就不会再感到悲伤
噢,我们这些人啊
我们无非是这般下场
你是从黑暗中来的
你还将在黑暗中化为乌有

Ferme les yeux

Ferme les yeux
Enterre-toi
Comme ça tu ne verras plus
Le soleil cette fleur vermeille
Ainsi cueillie
Jetée à terre
Ainsi par la nuit noire
Férocement foulée aux pieds

Ferme les yeux
Enterre-toi
Comme ça tu laisseras le monde
Tu n’auras plus de peine
Hélas, les gens comme nous !
Toujours pareils destins
Tu viens de l’ombre
C’est encore dans l’ombre
Que tu deviendras néant