mardi 28 avril 2009

Luo Yihe - Clair de lune

月 亮


世界,一半黑着,一半亮着
事件堆起来了。那些流血的事实
城与年,日夜流着
是一些平滑的消息
使人们无所不知
黑着的一半
陈列着挑灯的街巷
月亮虽也照亮厚实的尘土,光辉
却遍地遗失。月亮陈旧
在隐没的蓝瓦上扔着、光着、贫穷着
象一些炭块上画下的皮肤
暗暗地红黄着
头戴半只黑盔,对秃海上的甲板
露着树枝
地面上的活人
不知你为何思想
世界,你这借自神明的台阶
下行着多少大国
和它们开发过度的人性与地力
只有月亮
在门边向着那健康的丛林
为我们谢罪

Clair de lune

Monde, mi ombre, mi clarté
Affaires entassées. Petits faits sanglants
Murs et années, jour et nuit se déversant
Comme une histoire banale
Que chacun doit connaître
Moitié ombre
Etalant ses ruelles, chargées de lampes
La lune éclaire cette épaisse poussière, mais sa lumière
Partout, s’efface. Vieille lune
Jetée sur les tuiles bleues, abandonnée, nue, pauvre
Comme une peau, dessinée au charbon
Assombrie rouge jaune
Tête mi-casquée de noir, sur la mer chauve, au navire
Montrant d'une branche
Les vivants sur la terre
Qui ne savent pourquoi ils pensent
Monde aux marches divines
Descendues par tant de nations
Nature humaine, pays, démesurés
Seule la lune
Devant la porte, face aux grand arbres
Prend pitié de nous

Gu Cheng - Adieu



在春天
你把手帕轻挥
是让我远去
还是马上返回?

不,什么也不是
什么也不因为
就像水中的落花
就像花上的露水……

只有影子懂得
只有风能体会
只有叹息惊起的彩蝶
还在心花中纷飞……

Adieu

C’est le printemps
Tu agites ton mouchoir
Est-ce pour que je m’en aille
Pour que je revienne bientôt ?

Ce n’est pour rien
C’est sans raison
Comme une fleur tombée sur l’eau
Comme la rosée sur la fleur

Il n’y a que l’ombre qui comprenne
Il n’y a que le vent qui saisisse
Il n’y a que ces papillons, par un souffle effrayés
Qui volètent, dans mon coeur en fleurs

samedi 18 avril 2009

Gu Cheng - De tout mon coeur, j'aime ce monde

我的心爱着这个世界

我的心爱着世界
爱着,在一个冬天的夜晚
轻轻吻她,像一个纯净的
野火,吻着全部草地
草地是温暖的,在尽头
有一片冰湖,湖底睡着鲈鱼

我的心爱着世界
她溶化了,像一朵霜花
溶进了我的血液,她
亲切地流着,从海洋流向
高山,流着,使眼睛变得蔚蓝
使早晨变得红润

我的心爱着世界
我爱着,用我的血液为她
画像,可爱的侧面像
玉米和群星的珠串不再闪耀
有些人疲倦了,转过头去
转过头去,去欣赏一张广告

De tout mon cœur, j’aime ce monde

De tout mon cœur, j’aime ce monde
Je l’aime, un soir d’hiver
Doucement embrassé, comme l’incendie
Pur, embrasse toute la plaine
La chaude plaine, au loin
Un lac glacé, au fond, un grand poisson qui dort

De tout mon cœur j’aime ce monde
Qui fond, comme une fleur glacée
Se fond en mon sang, qui
S’écoule, brûlant, de l’océan vers les
Sommets, coule avec des regards bleus
Et des matins rougeâtres

De tout mon cœur, j’aime ce monde
Je l’aime, avec mon sang je fais son
Portrait, son beau visage, comme un
Epi de maïs, guirlande d’étoiles éteintes.
Mais les gens sont fatigués, ils s'en détournent
S'en détournent, et admirent les publicités

mardi 7 avril 2009

Haizi - Quatre soeurs

四姐妹

荒凉的山岗上站着四姐妹
所有的风只向她们吹
所有的日子都为她们破碎

空气中的一棵麦子
高举到我的头顶
我身在这荒芜的山岗
怀念我空空的房间, 落满灰尘

我爱过的这糊涂的四姐妹啊
光芒四射的四姐妹
夜里我头枕卷册和神州
想起蓝色远方的四姐妹
我爱过的这糊涂的四姐妹啊
像爱着我亲手写下的四首诗
我的美丽的结伴而行的四姐妹
比命运女神还要多出一个
赶着美丽苍白的奶牛 走向月亮形的山峰

到了二月, 你是从哪里来的
天上滚过春天的雷, 你是从哪里来的
不和陌生人一起来
不和运货马车一起来
不和鸟群一起来

四姐妹抱着这一棵
一棵空气中的麦子
抱着昨天的大雪, 今天的雨水
明天的粮食与灰烬
这是绝望的麦子

请告诉四姐妹: 这是绝望的麦子
永远是这样
风后面是风
天空上面是天空
道路前面还是道路

Quatre sœurs

Sur la crête déserte, il y a quatre sœurs
Les vents ne soufflent que pour elles
Et tous les jours sont par elles brisés

Dans l’espace, un épi de blé
Aussi haut que le haut de ma tête
Mon corps, sur cette crête abandonnée
Se rappelle ma chambre vide
Où s’amoncelle la poussière

Ces quatre idiotes que j’aimais !
Quatre sœurs aux quatre rayons
La nuit, ma tête reposée
Sur les livres, la terre sacrée
Je pense aux quatre sœurs, dans les lointains bleutés
Ces quatre idiotes que j’aimais !
Comme j’aurais aimé
Quatre poèmes de ma main
Mes quatre jolies sœurs, en bande marchant
Une de plus que les Parques
Menant leurs jolies vaches blanches
Vers un sommet en forme de lune

Février que voici, d’où viens-tu ?
Orage qui roule dans le ciel de printemps, d’où viens-tu ?
Tu ne viens pas avec les gens
Tu ne viens pas sur les chariots des marchands
Tu ne viens pas avec un vol d’oiseaux

Les quatre sœurs embrassent l’épi
L’épi de blé dans l’espace
Embrassent les neiges d’hier
Les pluies d’aujourd’hui
Les récoltes et les cendres de demain
C’est le blé du désespoir

Alors, dites aux quatre sœurs : c’est le blé du désespoir
C’est toujours pareil
Après le vent, il y a le vent
Au dessus du ciel, il y a le ciel
Avant la route, encore la route

Haizi - Aube I

黎明(之一)

我把天空和大地打扫干干净净
归还一个陌不相识的人
我寂寞地等, 我阴沉地等
二月的雪, 二月的雨
泉水白白流淌
花朵为谁开放
永远是这样美丽负伤的麦子
吐着芳香, 站在山岗上

荒凉大地承受着荒凉天空的雷霆
圣书上卷是我的翅膀, 无比明亮
有时象一个阴沉沉的今天
圣书下卷肮脏而欢乐
当然也是我受伤的翅膀
荒凉大地承受着更加荒凉的天空

我空空荡荡的大地和天空
是上卷和下卷合成一本
的圣书, 是我重又劈开的肢体
流着雨雪、泪水在二月

Aube I

J’ai bien balayé le ciel et la terre
Et les ai rendus à un étranger
Seul j’attends, sombre j’attends
Les neiges de février, les pluies de février

L’eau de la source coule en vain
Pour qui s’épanouissent les fleurs ?
Toujours ce bel épi blessé
Qui répand ses parfums, debout sur la colline

Terre déserte, qui subit la foudre du ciel désolé
Ancien Testament, mes ailes, clarté sans pareille
Parfois semblable à ce jour sombre
Nouveau Testament, sale et joyeux
Aussi, bien sûr, mes ailes blessées
Terre déserte, qui subit un ciel encore plus désolé

Ma terre et mon ciel, vastes et vides
Sont les deux Testaments réunis en une
Bible, c’est mon corps démembré
D’où coulent pluies, et neiges,
Et larmes de Février.

lundi 6 avril 2009

Gu Cheng - La terre est tordue

土地是弯曲的

土地是弯曲的
我看不见你
我只能远远看见
你心上的蓝天

蓝吗?真蓝
那蓝色就是语言
我想使世界感到愉快
微笑却凝固在嘴边

还是给我一朵云吧
擦去晴朗的时间
我的眼泪需要泪水
我的太阳需要安眠

La terre est tordue

La terre est tordue
Je ne te vois plus
Je ne vois au loin
Que ce ciel tout bleu
Par dessus ton cœur

Tout bleu ? vraiment bleu ?
Ce bleu est parole
Je voudrais un monde
Heureux, mais figé
Le sourire aux lèvres

Ou donne-moi un nuage
Qui efface ce beau temps
Mes pleurs ont besoin de larmes
Mon soleil besoin de calme

samedi 4 avril 2009

Han Shan - Retour au pays

出生三十年,当游千万里。
行江青草合,入塞红尘起。
炼药空求仙,读书兼咏史。
今日归寒山,枕流兼洗耳。

Né depuis trente ans, j’ai vu du pays
Fleuve aux rives vertes, sable des confins
Livres, histoires lus, philtres bus en vain
Je rentre au mont Froid, baigner mon esprit