lundi 27 octobre 2008

Gucheng - le bonhomme de neige

雪人


在你的门前
我堆起一个雪人
代表笨拙的我
把你久等

你拿出一颗棒糖
一颗甜甜的心
埋进雪里
说这样才会高兴

雪人没有笑
默默无声
直到春天的骄阳
把它融化干净

人在哪里
心在哪里呢
小小的泪潭边
只有蜜蜂

Le bonhomme de neige

J'ai fait devant ta porte
Un bonhomme de neige
C'était moi, cet idiot
Qui t'attendais encore

Tu as pris une sucette
Un petit coeur tout sucré
L'as enterrée dans la neige
Tu voulais qu'il soit heureux

Le bonhomme n'a pas souri
Il est resté silencieux
Quand le soleil du printemps
L'a fait fondre tout entier

Où est le bonhomme?
Où est le coeur?
Près d'une mare de larmes
Il ne reste qu'une abeille

dimanche 26 octobre 2008

Gucheng - je suis une petite ville

我是一座小城

我的心,
是一座城,
一座最小的城。
没有杂乱的市场,
没有众多的居民,
冷冷清清,
冷冷清清。
只有一片落叶,
只有一簇花丛,
还偷偷掩藏着——
儿时的深情……

我的梦,
是一座城,
一座最小的城。
没有森严的殿堂,
没有神圣的坟陵,
安安静静,
安安静静。
只有一团薄雾,
只有一阵微风,
还悄悄依恋着——
童年的纯真……

啊,我是一座小城,
一座最小的城,
只能住一个人,
只能住一个人,
我的梦中人,
我的心上人,
我的爱人啊——
为什么不来临?
为什么不来临?

Je suis une petite ville

Mon cœur
Est une ville
Une toute petite ville
Sans bazars, sans marchés
Sans foules, sans habitants
Toute seule
Toute seule
Juste des feuilles mortes
Juste des buissons de fleurs
Et, très bien cachées
Les passions de l’enfance

Mon rêve
Est une ville
Une tout petite ville
Sans temples austères
Sans sépultures sacrées
Toute calme
Toute calme
Juste un peu de brume
Juste un vent léger
Et, toute tendre
La pureté de la jeunesse

Oh, je suis une petite ville
Une toute petite ville
Juste un habitant
Juste un habitant
Toi dans mon rêve
Toi dans mon cœur
Toi que j’aime !
Pourquoi ne viens tu pas ?
Pourquoi ne viens tu pas ?

Gucheng - Impression

感觉

天是灰色的
路是灰色的
楼是灰色的
雨是灰色的

在一片死灰中
走过两个孩子
一个鲜红
一个淡绿

Impression

Le ciel est gris
La rue est grise
La ville est grise
La pluie est grise

Dans tout ce gris
Vont deux enfants
L’un rouge vif
L’autre vert pâle

Gu Cheng - Génération

一代人

黑夜给了我黑色的眼睛
我却用它寻找光明

Génération

Avec les yeux noirs
Que la nuit m’a donnés
Je cherche la lumière

Gu Cheng - Loin et près

远和近


一会看我
一会看云

我觉得
你看我时很远
你看云时很近

Loin et près

Tu regardes
Parfois moi
Parfois les nuages

Je te sens
Loin quand tu me regardes
Près quand tu regardes les nuages

Xu Zhimo - Vaste mer

阔的海

阔的海空的天我不需要,
我也不想放一只巨大的纸鹞
上天去捉弄四面八方的风;
我只要一分钟
我只要一点光
我只要一条缝,
象一个小孩子爬伏在一间暗屋的窗前
望着西天边不死的一条缝,
一点光,一分钟。

Vaste mer

Je n’ai que faire des vastes mers, des cieux altiers
Je ne rêve pas de ces grands cerfs-volants
Qui voguent dans le ciel, au gré des vents
Je ne veux qu’une minute
Je ne veux qu’une lueur
Je ne veux qu’un fil
Comme un enfant qui rampe sous la fenêtre d’une pièce obscure
Pour apercevoir, à l’ouest, un fil de ciel encore vivant
Une lueur, une minute.

vendredi 24 octobre 2008

Haizi - Poeme défunt

死亡之诗

我所能看见的少女
水中的少女
请在麦地之中
清理好我的骨头
如一束芦花的骨头
把他装在箱子里带回

我所能看见的
洁净的少女,河流上的少女
请把手伸到麦地之中

当我没有希望坐在一束
麦子上回家
请整理好我那凌乱的骨头
放入一个小木柜。带回它
象带回你们富裕的嫁妆

但是,不要告诉我
扶着木头,正在干草上晾衣的
母亲。

Poème défunt

Demoiselles que j’aperçois
Demoiselles dans l’eau
Dans un champ de blé
Disposez mes os
Comme un bouquet de fleurs
Rangez les dans une boîte
Et ramenez les

Pures demoiselles que j’aperçois
Demoiselles des eaux vives
Etendez vos mains, dans le champ de blé

Et quand je ne pourrai plus rentrer
Assis sur une botte de foin
Rangez mes ossements en désordre
Dans un petit coffre en bois. Et ramenez les
Comme vous ramèneriez votre précieuse dot.

Mais ne dites rien à celle qui
Appuyée sur un bout de bois étend son linge sur l'herbe
Maman

jeudi 23 octobre 2008

Haizi - Journal intime

日记

姐姐,今夜我在德令哈,夜色笼罩
姐姐,我今夜只有戈壁

草原尽头我两手空空
悲痛时握不住一颗泪滴
姐姐,今夜我在德令哈
这是雨水中一座荒凉的城

除了那些路过的和居住的
德令哈┄┄今夜
这是唯一的,最后的,抒情。
这是唯一的,最后的,草原。
我把石头还给石头
让胜利的胜利
今夜青稞只属于她自己
一切都在生长
今夜我只有美丽的戈壁 空空
姐姐,今夜我不关心人类,我只想你

Journal intime

Grande sœur, ce soir je suis à Delingha, couvert par la nuit
Grande sœur, ce soir je n’ai que le Gobi

Au bout de la plaine, mes mains sont vides
Ne tenant même plus une larme
Grande sœur, ce soir je suis à Delingha
C’est une ville déserte, sous la pluie

Sans voyageurs, sans habitants
Delingha --- ce soir
C’est l’unique, le dernier sentiment
C’est l’unique, la dernière plaine
Je rends la pierre à la pierre
Je lui concède la victoire
Ce soir, toute l’orge est pour elle
Tout est plus grand

Ce soir je n’ai que ce beau vide du Gobi
Grande sœur, ce soir je me moque des gens, je ne pense qu’à toi

mardi 21 octobre 2008

Xu Zhimo - Je ne sais pas où va le vent

我不知道风
是在哪一个方向吹——
我是在梦中,
在梦的轻波里依回。
 
我不知道风
是在哪一个方向吹——
我是在梦中,
她的温存,我的迷醉。
 
我不知道风
是在哪一个方向吹——
我是在梦中,
甜美是梦里的光辉。

我不知道风
是在哪一个方向吹——
我是在梦中,
她的负心,我的伤悲。
 
我不知道风
是在哪一个方向吹——
我是在梦中,
在梦的悲哀里心碎!
 
我不知道风
是在哪一个方向吹——
我是在梦中,
黯淡是梦里的光辉。


Je ne sais pas
Où va le vent
Dans un songe
Sur sa vague

Je ne sais pas
Où va le vent
Dans un songe
Sa tendresse
Mon ivresse

Je ne sais pas
Où va le vent
Dans un songe
Douce clarté

Je ne sais pas
Où va le vent
Dans un songe
Indifférence
Ma souffrance

Je ne sais pas
Où va le vent
Dans un songe
Cœur en pièces

Je ne sais pas
Où va le vent
Dans un songe
Triste clarté

(1928)

jeudi 16 octobre 2008

Haizi - Verre d'Août

八月之杯

八月逝去 山峦清晰
河水平滑起伏
此刻才见天空
天空高过往日

有时我想过
八月之杯中安坐真正的诗人
仰视来去不定的云朵
也许我一辈子也不会将你看清
一只空杯子 装满了我斯碎的诗行
一只空杯子——可曾听见我的叫喊!
一只空杯子内的父亲啊
内心的鞭子将我们绑在一起抽打

Le verre d’Août

Août s’en est allé, les collines sont claires
L’eau du fleuve ondule, toute lisse
En ce temps là, on voit enfin le ciel
Plus vaste que les jours d’avant

Alors, je me suis dit
Que dans ce verre d’Août, sagement assis, était un vrai poète
Qui contemplait les nuages errants
Que, peut être, jamais plus je ne verrai clairement

Un verre vide, plein de mes vers en miettes
Un verre vide – mais qui toujours entend mes cris !
Un verre vide, et dedans, mon père
Et ce fouet de nos cœurs, qui nous bat, attachés l’un à l’autre

mardi 14 octobre 2008

Hai Zi - Face à la mer, et des fleurs au printemps

面朝大海,春暖花开

从明天起,做一个幸福的人
喂马,劈柴,周游世界
从明天起,关心粮食和蔬菜
我有一所房子,面朝大海,春暖花开

从明天起,和每一个亲人通信
告诉他们我的幸福
那幸福的闪电告诉我的
我将告诉每一个人

给每一条河每一座山取一个温暖的名字

陌生人,我也为你祝福
愿你有一个灿烂的前程
愿你有情人终成眷属
愿你在尘世获的幸福

我只愿面朝大海,春暖花开


Face à la mer, et des fleurs au printemps

A partir de demain, être un homme heureux
Elever des chevaux, fendre du bois, voir le monde
A partir de demain, mieux manger, des légumes
Une maison face à la mer, et des fleurs au printemps

A partir de demain, écrire à tous mes proches
Leur dire mon bonheur
Ce que m'a appris cet éclair de joie
Le raconter à tous

Donner à chaque rivière, à chaque montagne, un nom chaleureux

Pour toi aussi, inconnu, je fais un vœu
Je te souhaite un avenir radieux
Je te souhaite un mariage heureux
Je te souhaite le bonheur en ce monde

Moi, je veux seulement
être face à la mer, et des fleurs au printemps.

Hai Zi (1964-1989) - Regrets de vies antérieures

思念前生

庄子在水中洗手
洗完了手手掌上一片寂静
庄子在水中洗身
身子是一匹布
那布上粘满了
水面上漂来漂去的声音

庄子想混入
凝望月亮的野兽骨
头一寸一寸
在肚脐上下
象树枝一样长着

也许庄子就是我
摸一摸树皮
开始对自己的身子
亲切
亲切又苦恼
月亮触到我
仿佛我是光着身子
进出

母亲如门 对我轻轻开着

Regrets de vies antérieures

Quand Tchouang-tseu se lavait les mains
Il lui restait dans la paume
Un morceau de silence
Quand Tchouang-tseu se lavait le corps
Il était comme un chiffon
Auquel restait accroché
Le clapotis de l'eau

Quand Tchouang-tseu voulait se dissoudre
Dans une bête qui fixait la lune
Un os, petit à petit
Poussait dans son ventre
Comme la branche d'un arbre

Peut être que Tchouang-tseu c'est moi
Qui caresse l'écorce d'un arbre
Au début comme mon propre corps
Intime
Intime puis tendu
La lune m'effleure
Je suis comme nu
Dehors et dedans

Maman est comme une porte, doucement ouverte pour moi