dimanche 25 janvier 2009

Song Xiaoxian (1966-) - Peur

宋晓贤 - 惧怕

我出生一个恐惧的时期
那个时代留给我的
是脆弱的肉体和心灵
我每天都在惧怕,担忧
疑虑重重

我怕上街,怕车不长眼睛
怕热带的太阳,怕闪电
怕骗子近前搭话,也怕熟人跟我疏远
怕身体出问题,怕牙齿掉得过早
怕功能消退,怕病怕死
怕失业,怕将来没吃的
养不活妻儿和自己
怕未来,也怕过去的罪孽找上门来

惧怕住在我家,住在我心里
跟我聊天,拥抱我
这些年,它跟我成为了老朋友
比我的爱人还要亲

但,我所惧怕的迎面而来
我的生命 一点点被所我惧怕的强盗
夺走
2007年

Peur

Je suis né en des temps effrayants
Ce que m’a laissé cette époque
C’est un corps et un esprit fragiles
Tous les jours, j’ai peur, je m’inquiète
Tout m’effraie

J’ai peur de sortir, peur des voitures aveugles
Peur du soleil des tropiques, peur des éclairs
Peur que des escrocs m’abordent, peur que des proches s’éloignent
Peur pour ma santé, peur que mes dents tombent, déjà
Peur d’être impuissant, peur d’être malade, peur de mourir
Peur d’être chômeur, peur de n’avoir plus rien à manger
De ne pouvoir nous nourrir, ma femme ma fille et moi
Peur de l’avenir, peur des fantômes du passé

La peur habite ma maison, elle habite mon cœur
Elle bavarde, elle m’embrasse
Avec les années, nous sommes devenus amis
Elle m'est plus proche que ma femme

Mais, ce dont j’ai peur est toujours là
Et ma vie est, peu à peu, par ces effrayants brigands
Dérobée

Haizi - Regrets de Qilian (2)

怅望祁连(之二)

星宿 刀 乳房
这就是雪水上流下来的东西
« 亡我祁连山 使我牛羊不蕃息
失我胭脂山 令我妇女无颜色 »
只有黑色牲畜的尾巴
鸟的尾巴
鱼的尾巴
儿子们脱落的尾巴
象七种蓝星下
插在屁股上的麦芒
风中拂动
雪水中拂动。

Regrets de Qilian (2)

Constellation couteau seins
Choses qui coulent dans l’eau du dégel
"Le mont Qilian n’est plus, les troupeaux périssent
Le mont Fard est parti, les femmes pâlissent"
Juste les queues noires du bétail
Queues d’oiseaux
Queues de poissons
Queues tombantes des enfants
Comme, sous les étoiles bleues, sept
Epis de blé plantés sur leurs fesses
Balayés par le vent
Balayés par l’eau du dégel

Haizi - Regrets de Qilian (1)

怅望祁连(之一)

那些是在过去死去的马匹
在明天死去的马匹
因为我的存在
它们在今天不死
它们在今天的湖泊里饮水食盐。

天空上的大鸟
从一棵樱桃
或马骷髅中
射下雪来。
于是马匹无比安静
这是我的马匹
它们只在今天的湖泊里饮水食盐。

Regrets de Qilian (1)

Voilà les chevaux morts autrefois
Et les chevaux qui mourront demain
Mais parce que je vis
Ils ne meurent pas aujourd’hui
Dans le lac d’aujourd’hui, ils boivent de l’eau, et mangent du sel.

Les grands oiseaux dans le ciel
D’une cerise
Ou des ossements d’un cheval
Font tomber la neige.
Alors les chevaux sont si calmes
Ce sont mes chevaux
Qui se contentent, dans le lac d’aujourd’hui, de boire de l’eau, et de manger du sel

vendredi 23 janvier 2009

Gu Cheng - A cause de la lune

因为有月亮

因为有月亮
你走远了
站在远远的路口上
看着我
我不会发光

因为有月亮
你熄灯了
打开一扇又一扇圆窗
等着我
我不会升降

因为有月亮
你睡着了
不再害怕自己的梦想
想着我
我将是太阳

一九八一年二月

A cause de la lune

A cause de la lune
Tu es partie
A la croisée de routes lointaines
Me regardant
Je ne brille pas

A cause de la lune
Tu as éteint
Ouvrant chaque fenêtre ronde
M’attendant
Je ne me lève pas

A cause de la lune
Tu t’es endormie
Plus jamais effrayée par tes rêves
Pensant à moi
Je serai le soleil

(Février 1981)

Mang Ke - C'est quel jour, aujourd'hui?

今天是哪一天

几点了
我问你时间
什么时间?它在哪儿
可怜的时间正龟缩在表壳下面
灯光黝黑
(这或许是你的皮肤)
酒杯清脆
(你好像是在狂吻赤裸的流水)
无人注视
(水的肢体在迷人地舞动)
空气忙碌
四周是欢快的烟雾
再来一杯!别去管它
什么时间不时间的
你知道时间有多少岁
无人在意
我们没有喝醉
(胡言乱语的只是酒杯)
无人离去
(今天是哪一天)
想了又想
你知道吗
今天一定离我们非常遥远

C'est quel jour, aujourd’hui ?

Quelle heure est-il ?
Je te demande l’heure
Quelle heure ? Où est-elle
Pauvre heure, blottie sous la montre
Lumière noire des lampes
(C’est peut être ta peau)
Verre de vin clair
(On dirait que tu embrasses sauvagement l'eau vive nue)
Personne ne regarde
(Les bras de l’eau dansent, fascinants)
L’espace grouille
Partout, de fumée de cigarettes joyeuses
Encore un verre ! T’occupe
Quelle heure il est, ou il n’est pas
Tu sais quel âge a l’heure
Personne n’y pense
Nous ne somme pas ivres
(Les délires, c’est juste les verres de vin)
Personne ne part
(C'est quel jour, aujourd’hui)
Pense et repense
Tu sais
Aujourd’hui, pour nous, c’est vraiment très loin

lundi 19 janvier 2009

Haizi - Le soleil bat la terre

歌: 阳光打在地上

阳光打在地上
并不见得
我的胸口在疼
疼又怎样
阳光打在地上
这地上
有人埋过羊骨
有人运过箱子、陶瓶和宝石
有人见过牧猪人。那是长久的漂泊之后
阳光打在地上。阳光依然打在地上
这地上

少女们多得好象
我真有这么多女儿
真的生下过这么多女儿
真的曾经这样幸福
用一根水勺子
用小豆、菠菜、油菜
把她们养大
阳光打在地上

Chanson : le soleil bat la terre

Le soleil bat la terre
Ce n'est pas pour ça
Que j'ai cette douleur
Douleur et alors
Le soleil bat la terre

Cette terre
Où l’on a enterré des os de mouton
Où l’on a déplacé des coffres, des vases et des gemmes
Où l’on a vu des gens qui gardaient des cochons, après un long voyage
Le soleil bat la terre. Le soleil bat encore la terre
Cette terre

Jeunes filles, nombreuses comme si
J’avais eu toutes ces filles
J’avais donné naissance à toutes ces filles
J’avais été si heureux
Et d’une louche
De pois, d’épinards, de colza
Je les avait élevées
Le soleil bat la terre

samedi 17 janvier 2009

Gu Cheng - Un poète, ça n’a pas de travail

一个诗人,没有工作

工作,不是工作,而是饭盒
一个诗人,没有工作
便没有一把小刀
可以从国家的大面包上
每个月切下薄薄的一片
奇怪,他还活着
还写个不停,并且快乐

许许多多人对他说
不要写得太多
太多,就会变成泥土
诗人回答
本来就是泥土
但泥土可以长出花朵

诗人不停地写着
诗人没有工作
没有一把小刀
只有一个空饭盒

   1981.7

Un poete, ça n’a pas de travail

Le travail, ce n’est pas du travail, c’est une gamelle
Un poete, ça n’a pas de travail
Même pas un petit couteau
Pour, dans le grand pain du pays
Couper chaque mois une maigre tranche
C’est étrange, ça vit, pourtant
Ca écrit sans cesse, et c’est heureux

Plein de gens lui disent
De ne pas trop écrire
Trop, ca devient de la boue
Le poete répond
C’est juste de la boue
Mais la boue fait pousser les fleurs

Un poete, ça écrit sans cesse
Un poete ça n’a pas de travail
Même pas un petit couteau
Juste une gamelle vide

(Juillet 1981)

Gu Cheng - Le pull rouge

红毛衣

小时候
  我哭过
  我要穿红毛衣
    我看见一个小女孩
    穿着它
    在暖洋洋的草原上走
    在淡红的太阳中走
    像一团小小的火焰
  可是,我没穿
  因为
  我是个男孩子
    我有一团
    太阳般的红毛线
    我不会织,而且不敢
    我是男孩子
    我害怕那些会笑的同伴
我永远不能穿红毛衣
  我哭了
  因为永远

一九八一.十

Le pull rouge

Quand j’étais petit
J’ai pleuré
Je voulais mettre un pull rouge

J’avais vu une petite fille
Qui en portait un
Dans les chaudes et immenses plaines, allant
Dans le soleil rouge pâle, allant
Comme une petite flamme

Mais, je ne l’ai pas mis
Parce que
Je suis un garçon

J’ai une pelote
De laine rouge comme un soleil
Je ne sais pas tricoter, de toutes façons je n’oserais pas
Je suis un garçon
J’aurais peur que mes camarades se moquent

Je ne pourrai jamais mettre un pull rouge
Alors j’ai pleuré
Parce que jamais

(Octobre 1981)

vendredi 16 janvier 2009

Su Shi - En baignant mon fils

《洗兒》蘇軾

人皆養子望聰明,
我被聰明誤一生。
但願孩兒愚且魯,
無憂無慮到公卿。


En baignant mon fils,

Chacun voudrait pour ses enfants l'intelligence
L'intelligence empoisonna mon existence
Puisses tu mon enfant demeurer bête et sot
Et atteindre, innocent, aux postes les plus hauts

mardi 13 janvier 2009

Gu Cheng - Attendant ta venue

等着你来到

影子不再摇
月亮不再笑
星星不再猜
心儿还在找
一切静悄悄
等着你来到

机器不再闹
汽笛不再叫
河水不再流
心儿还在跳
一切静悄悄
等着你来到

路灯不再瞧
树叶不再掉
时间不再走
心儿还在要
一切静悄悄
等着你来到

一九八一 

Attendant ta venue

Les ombres ne bougent plus
La lune ne sourit plus
Les étoiles ne doutent plus
Mais mon cœur cherche encore
Tout est calme, sans un bruit,
Attendant ta venue

Les moteurs ne ronflent plus
Les sifflets ne sifflent plus
La rivière ne coule plus
Mais mon cœur bat encore
Tout est calme, sans un bruit,
Attendant ta venue

Les lanternes ne brillent plus
Les feuilles mortes ne tombent plus
Le temps ne s’écoule plus
Mais mon cœur veut encore
Tout est calme, sans un bruit,
Attendant ta venue

(1981)

Gu Cheng - Je suis...

我是…

我是一条小鱼,
在你梦河中游泳。

是碧蓝的风?
是摇荡的虹?

没有毒棘,
没有欺骗的网痕;

星星闪在水底,
幻影聚在空中......

呵,我是一片雪花,
在你心海中消溶……

Je suis …

Je suis un petit poisson
Qui nage dans le fleuve de tes rêves

Est-ce le vent bleuté ?
L’arc en ciel qui vacille ?

Pas d’épines empoisonnées
Pas de fourbes collets

Etoiles brillant au fond de l’eau
Illusions assemblées dans l’espace

Ha, je suis un flocon de neige
Qui fond dans la mer de ton cœur

(1979)

dimanche 11 janvier 2009

Gu Cheng - Adieu

赠别
 
今天  
我和你  
要跨过这古老的门槛  
不要祝福  
不要再见  
那些都像表演  
最好的是沉默  
隐藏总不算欺骗  
把回想留给未来吧  
就像把梦留给夜  
泪留给大海  
风留给帆

Adieu

Aujourd’hui
Toi et moi
Allons franchir cette vieille porte
Pas de souhaits
Pas d’au revoir
Cela ferait cliché
Mieux vaut le silence
Ce qui est caché ne saurait mentir
Laissons les souvenirs au futur
Comme on laisse les rêves à la nuit
Les larmes à la mer
Le vent aux voiles

Bai Juyi - Retraite

門嚴九重靜
窗幽一室閑
好是修心處
何必在深山

Porte close, épais silence
Fenêtre opaque, pièce vide
J'aime cette retraite
A quoi bon les montagnes?

samedi 10 janvier 2009

Bei Dao - Le Vieux Temple

古寺

消失的钟声
结成蛛网,在裂缝的柱子里
扩散成一圈圈年轮
没有记忆,石头
空蒙的山谷里传播回声的
石头,没有记忆
当小路绕开这里的时候
龙和怪鸟也飞走了
从房檐上带走喑哑的铃铛
荒草一年一度
生长,那么漠然
不在乎它们屈从的主人
是僧侣的布鞋,还是风
石碑残缺,上面的文字已经磨损
仿佛只有在一场大火之中
才能辨认,也许
会随着一道生者的目光
乌龟在泥土中复活
驮着沉重的秘密,爬出门槛

Le vieux temple

Le son des cloches, évanoui
Tissé dans les toiles d'araignées des colonnes fendues
Fondu dans tant de cernes
Sans mémoire, les pierres
Dans la vallée brumeuse, renvoyant leurs échos
De pierres, sans mémoire
Quand les chemins ont serpenté ici
Dragons et oiseaux sacrés s'en sont allés
Emportant avec eux les clochettes muettes des auvents
Les herbes folles reviennent, chaque année
Poussant, si indifférentes
Ne sachant devant qui elles plient
Sandale de moine ou vent
Une stèle brisée, inscription effacée
Comme si seul un grand feu
Pouvait la faire revenir, ou peut être
Sous le regard d'un adepte
La tortue, dans la boue, renaîtrait
Et, chargée d'un lourd secret, se trainerait hors du seuil

WH Auden - la vérité sur l'amour

Traduit de l'anglais, pour changer

La vérité sur l’amour

On dit que l'amour est un petit garçon
Ou bien que c'est un oiseau
On dit que c'est lui qui fait tourner le monde
On dit aussi que c'est idiot
Mais quand j'ai interrogé mon voisin
Qui paraissait un expert
Sa femme s'est mise dans une colère noire
Disant qu'en voila des manières

Ressemble-t-il à un vieux pyjama ?
Au jambon d'une maison de cure ?
Sent il fort, comme le font les lamas ?
Ou est ce que son odeur rassure ?
Est-il piquant, au toucher, comme une haie?
Doux comme un duvet d’édredon ?
Sur les bords est-il pointu, ou bien tout rond ?
Dites-moi la vérité sur l'amour

Les livres d'histoire l'évoquent
Par d'indirectes allusions
C’est un sujet de discussion
Sur les paquebots transatlantiques
Je l'ai vu souvent mentionné
Dans des rapports de suicides
Je l'ai même trouvé griffonné
Au dos d'éphémérides

Hurle-t-il comme un dogue affamé ?
Braille-t-il comme une fanfare militaire ?
Arriverait-on à l’imiter ?
Sur une scie, ou un Steinway de concert ?
Est ce qu'on crie quand il chante dans les fêtes ?
Est ce qu'il n'écoute que du classique ?
Quand on veut du calme, est ce qu’il s'arrête ?
Dites moi la vérité sur l'amour

J'ai cherché dans le kiosque
Il ne s'y trouvait pas
Sur la Tamise, à Maidenhead
A Brighton, au grand air
Je ne sais pas ce que le merle chantait
Ni ce que la fleur a dit
Mais il n'était pas dans le poulailler
Ni en dessous du lit

Peut-il faire des mines incroyables?
Est-il malade sur une balançoire?
Passe-t-il tout son temps aux courses
Ou à jouer avec des bouts de ficelle?
A-t-il ses idées sur l'argent?
Est-il assez patriote?
Ses histoires sont elles vulgaires mais drôles?
Dites-moi la vérité sur l'amour

Quand il viendra, viendra-t-il sans prévenir ?
Au moment où je me mouche ?
Frappera-t-il à la porte un matin ?
Ou me bousculera-t-il dans le bus?
Viendra-t-il comme change le temps ?
Sera-t-il brutal ou prévenant ?
Changera-t-il ma vie pour toujours?
Dites-moi la vérité sur l'amour

O Tell Me The Truth About Love

Some say love's a little boy,
And some say it's a bird,
Some say it makes the world go around,
Some say that's absurd,
And when I asked the man next-door,
Who looked as if he knew,
His wife got very cross indeed,
And said it wouldn't do.

Does it look like a pair of pyjamas,
Or the ham in a temperance hotel?
Does its odour remind one of llamas,
Or has it a comforting smell?
Is it prickly to touch as a hedge is,
Or soft as eiderdown fluff?
Is it sharp or quite smooth at the edges?
O tell me the truth about love.

Our history books refer to it
In cryptic little notes,
It's quite a common topic on
The Transatlantic boats;
I've found the subject mentioned in
Accounts of suicides,
And even seen it scribbled on
The backs of railway guides.

Does it howl like a hungry Alsatian,
Or boom like a military band?
Could one give a first-rate imitation
On a saw or a Steinway Grand?
Is its singing at parties a riot?
Does it only like Classical stuff?
Will it stop when one wants to be quiet?
O tell me the truth about love.

I looked inside the summer-house;
It wasn't over there;
I tried the Thames at Maidenhead,
And Brighton's bracing air.
I don't know what the blackbird sang,
Or what the tulip said;
But it wasn't in the chicken-run,
Or underneath the bed.

Can it pull extraordinary faces?
Is it usually sick on a swing?
Does it spend all its time at the races,
or fiddling with pieces of string?
Has it views of its own about money?
Does it think Patriotism enough?
Are its stories vulgar but funny?
O tell me the truth about love.

When it comes, will it come without warning
Just as I'm picking my nose?
Will it knock on my door in the morning,
Or tread in the bus on my toes?
Will it come like a change in the weather?
Will its greeting be courteous or rough?
Will it alter my life altogether?
O tell me the truth about love.

Haizi - quatre soeurs

四姐妹

荒凉的山岗上站着四姐妹
所有的风只向她们吹
所有的日子都为她们破碎

空气中的一棵麦子
高举到我的头顶
我身在这荒芜的山岗
怀念我空空的房间, 落满灰尘

我爱过的这糊涂的四姐妹啊
光芒四射的四姐妹
夜里我头枕卷册和神州
想起蓝色远方的四姐妹
我爱过的这糊涂的四姐妹啊
像爱着我亲手写下的四首诗
我的美丽的结伴而行的四姐妹
比命运女神还要多出一个
赶着美丽苍白的奶牛 走向月亮形的山峰

到了二月, 你是从哪里来的
天上滚过春天的雷, 你是从哪里来的
不和陌生人一起来
不和运货马车一起来
不和鸟群一起来

四姐妹抱着这一棵
一棵空气中的麦子
抱着昨天的大雪, 今天的雨水
明天的粮食与灰烬
这是绝望的麦子

请告诉四姐妹: 这是绝望的麦子
永远是这样
风后面是风
天空上面是天空
道路前面还是道路

Les quatre soeurs

Sur la crête déserte il y a quatre soeurs
Tous les vents soufflent vers elles
Tous les jours sont par elles brisés

Dans l'espace, un épi de blé
Aussi haut que le haut de mon crâne
Mon corps sur cette crête déserte
Se souvient de ma chambre vide, où s'entasse la poussière

Oh, ces quatre soeurs idiotes que j’ai aimées !
Quatre soeurs rayonnantes
Et la nuit, la tête posée sur des livres, sur la terre sacrée
Je pense aux quatre soeurs des bleus lointains
Oh, ces quatre soeurs idiotes que j’ai aimées !
Comme j'aimerais quatre poèmes, écrits de ma main
Mes quatre jolies soeurs, en bande marchant
Une de plus que les Parques
Menant leurs jolies vaches claires, vers un pic en forme de lune

Second mois que voila, d'où viens tu?
Orage de printemps, qui roule dans le ciel, d'où viens tu?
Tu ne viens pas avec les gens
Tu ne viens pas avec les charrettes des marchands
Tu ne viens pas avec les nuées d'oiseaux

Les quatre soeurs embrassent cet épi
L'épi de blé, dans l'espace
Embrasse les neiges d'hier, les pluies d'aujourd'hui
Les grains et les cendres de demain
C'est le blé du désespoir

Dites, s'il vous plaît, aux quatre soeurs : c'est le blé du désespoir
C'est toujours comme ça
Après le vent il y a le vent
Au dessus du ciel il y a le ciel
Avant la route, il y a encore la route

lundi 5 janvier 2009

Haizi - A la nuit

黑夜的献诗
——献给黑夜的女儿

黑夜从大地上升起
遮住了光明的天空
丰收后荒凉的大地
黑夜从你内部升起

你从远方来, 我到远方去
遥远的路程经过这里
天空一无所有
为何给我安慰

丰收之后荒凉的大地
人们取走了一年的收成
取走了粮食骑走了马
留在地里的人, 埋的很深

草叉闪闪发亮, 稻草堆在火上
稻谷堆在黑暗的谷仓
谷仓中太黑暗, 太寂静, 太丰收
也太荒凉, 我在丰收中看到了阎王的眼睛

黑雨滴一样的鸟群
从黄昏飞入黑夜
黑夜一无所有
为何给我安慰

走在路上
放声歌唱
大风刮过山岗
上面是无边的天空


A la nuit
-- dédié à la fille de la nuit

La nuit monte de la terre
Cachant la lumière du ciel
Terre déserte d’après la moisson
La nuit monte de ton sein

Tu viens de loin, et je vais loin
Lointains chemins qui passent ici
Le ciel n’a rien
Pourquoi me donne-t-il le réconfort

Après la moisson la terre est déserte
Les hommes ont pris une année de récolte
Emportés les grains, partis les chevaux
Et ceux qu’ils ont laissés, enterrés profond

Les fourches scintillent, les tas de paille brûlent
Le riz est dans les sombres greniers
Dans les greniers, trop sombre, trop seul, trop moissonné
Et trop désert, pendant la récolte, j’ai vu l’œil du diable

Une nuée d’oiseaux, gouttes de pluie noire
Vole du soir vers la nuit
La nuit n’a rien
Pourquoi me donne-t-elle le réconfort

Allant sur la route
Bruissant et chantant
Le vent a érodé les cimes
Au dessus, le ciel sans fin

vendredi 2 janvier 2009

Haizi - A la dernière nuit, et au premier jour

最后一夜和第一日的献诗

今夜你的黑头发
是岩石上寂寞的黑夜
牧羊人用雪白的羊群
填满飞机场周围的黑暗

黑夜比我更早睡去
黑夜是神的伤口
你是我的伤口
羊群和花朵也是岩石的伤口

雪山
用大雪填满飞机场周围的黑暗
雪山女神吃的是野兽穿的是鲜花

今夜 九十九座雪山高出天堂
使我彻夜难眠


A la dernière nuit, et au premier jour

Ce soir, tes cheveux noirs
C’est la nuit, seule, sur les rochers
Les bergers, de leurs moutons de neige
Emplissent l’ombre autour de l’aéroport

La nuit s’est endormie avant moi
La nuit est une blessure sacrée
Tu es ma blessure
Les moutons, les fleurs, sont la blessure des rochers

Cimes enneigées
De neige emplissant l’ombre autour de l’aéroport
Les fées des neiges mangent les bêtes, s’habillent de fleurs

Ce soir, quatre vingt dix neuf cimes enneigées montent vers le paradis
M’empêchant, toute la nuit, de trouver le sommeil