jeudi 16 décembre 2010

Haizi - A Rimbaud

献给韩波:诗歌的烈士


反对月亮
反对月亮肚子上绿色浇灌天空

韩波,我的生理之王
韩波,我远嫁他方姐妹早夭之子
韩波,语言的水兽和姑娘们的秘密情郎

韩波在天之巨大下面——脊背坼裂

上路,上路韩波如醉舟
不顾一切地上路
韩波如装满医生的车子
远方如韩波的病人
远方如树的手指怀孕花果

反对老家的中产阶级

韩波是野兽睫毛上淫浪的波浪

村中的韩波
毒药之父
(1864-1891)
埋于此:太阳
海子的诗



A Rimbaud, poète martyr

A bas la lune
A bas le vert qui arrose le ciel sur le ventre de la lune

Rimbaud, seigneur de ma physiologie
Rimbaud, fils trop tôt disparu de mes sœurs mariées au loin
Rimbaud, monstre marin du langage, amour secret des jeunes filles

Rimbaud, sous le ciel immense – les reins brisés

En route, Rimbaud en route comme un bateau ivre
En route quoi qu’il advienne
Rimbaud comme une voiture remplie de médecins
Le loin, comme un malade de Rimbaud
Le loin, comme la main d’un arbre, enceinte de fleurs et de fruits

A bas la classe moyenne du pays natal

Rimbaud, vague lubrique sur les cils d’une bête sauvage
Rimbaud de village
Père des poisons
(1864-1891)
Enterré ici : Soleil
Poème de Haizi

mercredi 15 décembre 2010

Duo Yu - Doute

不相信


他朝我的影子狠狠地踩下去
让我的心头一紧
我抬眼看见那张脸
一半是微笑,一半是阴影
开阔的鼻孔有一股腐烂的味道
他指了指前方
我重新把头低下
当时阳光正毒
我的身影很短


Doute

Il piétine mon ombre avec férocité
Et mon cœur se serre
Je lève les yeux, j’aperçois ce visage
Moitié sourire, moitié noirceur
Narines dilatées qui sentent un peu la pourriture
Il pointe du doigt, devant nous
Alors je baisse la tête
A cet instant, le soleil est terrible
Et mon ombre toute petite

dimanche 12 décembre 2010

Yu Jian 47

47


清晨的腐败
发生在厨房内部
如果把食物和蔬菜的排列
看成讨论晚餐的会议

La corruption du petit matin
Apparait au cœur de la cuisine
Si l’on a disposé les plats et les légumes
Comme une conférence, débattant du dîner

Yu Jian - 33

33


超级市场的水泥地基打入地层十米以下
为的是不使消过毒的苹果和冰冻的牛肉
从货架上掉下来
超级市场    仍旧是大地上的一部分
在这坚固而没有细菌的地面上
长不出苹果树
在这丰富多彩的货架中间
不会有人
在转过某个弯的时候    悠然瞥见
远远的南山下    一头母牛和一头小羊
在低头吃草

Les fondations de ciment du supermarché s’enfoncent à dix mètres sous la terre
Pour que les pommes, traitées, et la viande de bœuf, surgelée
Ne tombent pas des étagères

Mais si le supermarché
      N’est rien qu’un endroit, sur la terre
Sur son sol stable et aseptisé
Ne pousseront pas les pommiers
Dans ses rayons, richement décorés
Personne jamais
Au hasard d’un tournant
       N’apercevra au loin
Au pied de la montagne, au sud
       Une vache, un agneau
Broutant tête baissée

samedi 11 décembre 2010

Duo Yu - C'est l'hiver

冬天来了


冬天来了,孤立的时刻到了。

是不自由在为我们争取自由,
是星光在为监狱颁发荣誉。

是枯木在认领前世的落叶,
是北风在自扫门前雪。

成群的乌鸦飞过丛林,必有一只
是最黑的;一只穿皮衣的大鸟,
在敲响流亡者的家门。

是时候了,不能再给机会主义
以机会,不能再让天鹅恋上癞蛤蟆。

冷空气正在北方开着会议,我等着
等着你们给我送来一个最冷的冬天。
(2010冬)


C’est l’hiver

C’est l’hiver, voici venus les moments solitaires

C’est l’enfermé, luttant pour notre liberté
C’est le ciel étoilé, qui de la prison chante la louange

C’est l’arbre sec, qui reconnait ses feuilles mortes
C’est le vent du nord, qui balaie la neige devant la porte

Des vols de corbeaux passent sur les bois, il faut que l’un d’eux
Soit le plus noir, un grand oiseau vêtu de cuir
Qui frappe à la maison de l’exilé

Voici venu le temps, on ne peut plus donner l’opportunisme
A l’occasion, on ne peut plus laisser le cygne s’éprendre du crapaud.

Les vents glacés sont dans le nord en conférence, j’attends
J’attends que vous m’envoyiez le plus froid des hivers.

(Hiver 2010)

vendredi 3 décembre 2010

Huang Guangdao - En mémoire de notre ciel

纪念我们的天空


想起一些沉重的事儿
我可以孤独地忘了自己
麦子绿了
什么也听不到
水银般的耳朵是多么的高贵
整个冬天
有阳光的地方
水会失去形状
我会紧缩成一具尸体
像醉鬼佯装着继续爬上山岗
爬上山岗
窗前的栾树
每一个季节
我会给它们一个失望的比喻
倒立的扫帚
倒立的人儿
......
可为什么长着长着就没了样儿
分叉的嫩枝
无数的嫩枝无限地分叉下去
各自开着花儿
各自占据一个遥远的地方
面对这样的城堡
天空是破碎的
抬头看一眼
那么多谎言在穿梭
像一场危险地叙述
鸟儿会在高处迷路
也会从高处迅速地衰老下来
而我则可以想象着在你毛茸茸的脖颈上
掏出隐匿的刀刃
告诉人们
你的秘密
是没有花瓣的土地

En mémoire de notre ciel

Quand je pense à des choses difficiles
Je peux m’oublier tout seul
Le blé devient vert
On n’entend plus rien
Les oreilles, vif argent, sont si nobles
Tout l’hiver
Aux lieux ensoleillés
L’eau perd sa forme
Je m’étiole me fais cadavre
Comme un ivrogne fais semblant de grimper
Grimper
Par la fenêtre, des arbres à savon
En chaque saison
Je ferai une pauvre métaphore
Balais à l’envers
Bonshommes à l’envers
….
Mais pourquoi ils poussent, poussent et n’ont l’air de rien
Branches qui bifurquent
Branches innombrables qui bifurquent sans fin
Chacune fleurie
Chacune occupant un endroit distant
Face à pareil château
Le ciel est en miettes
Levant la tête, un regard
Tant de mensonges échangés
Comme une histoire dangereuse
Dans les hauteurs, les oiseaux se perdent
Et des hauteurs vite vieillissent
Alors, j’imagine que sur ton cou velu
Tirant une lame cachée
Je dis à tout le monde
Que tes secrets
Sont une terre sans pétales

jeudi 2 décembre 2010

Yu Jian - 110

干活的时候
总是有什么在后面或旁边
默不做声地看着
或许还做做鬼脸
但没有时间去对付它
它可能是某种尚未长出舌头的东西
它将在我干完之后
长出舌头

Quand on travaille
Il y a toujours quelque chose, derrière ou à coté
Qui regarde sans dire un mot
Ou bien fait des grimaces
Mais dont on n’a pas le temps de s’occuper
Peut être que ce quelque chose n’a pas encore de langue
Et que, quand j’aurai terminé
Il lui en poussera une