vendredi 18 septembre 2009

Haizi - L'aubépine

山楂树

今夜我不会遇见你
今夜我遇见了世上的一切
但不会遇见你。

一棵夏季最后
火红的山楂树
象一辆高大女神的自行车
象一女孩 畏惧群山
呆呆站在门口
她不会向我
跑来!

我走过黄昏
象风吹向远处的平原
我将在暮色中抱住一棵孤独的树干
山楂树! 一闪而过 啊! 山楂

我要在你的乳房下坐到天亮。
又小又美丽的山楂的乳房
在高大女神的自行车上
在农奴的手上
在夜晚就要熄灭

L’aubépine

Cette nuit je ne te verrai pas
Cette nuit je verrai tout le monde
Mais je ne te verrai pas.

Dans l’été qui s’achève
Une aubépine flamboyante
Comme le vélo d’une déesse
Comme une petite fille, qui a peur des montagnes
Et se tient, toute bête, devant la porte
Mais jamais vers moi
N’accourt !

J'ai traversé le crépuscule
Comme le vent qui souffle vers les plaines lointaines
Dans le couchant, j’embrasserai ce tronc solitaire
Aubépine ! Eclair éphémère ! Aubépine

Sous tes seins, j’attendrai l’aube
Petits, jolis, seins d’aubépine
Sur le vélo de la grande déesse
Dans les mains de l’esclave
Dans le soir qui s’éteint.

jeudi 17 septembre 2009

Gu Cheng - Biographie

Biographie

Je suis un enfant triste
Qui n’a jamais grandi

Des plaines et des lacs
Venu du nord, le long d’un
Chemin tout blanc, jusqu’à
Ces villes pleines d’engrenages
Jusqu’à ces ruelles étroites
Cabanes et cœurs si lourds

Dans ces brumes blafardes
Toujours racontant
Ses histoires vertes

Je crois en mon auditoire
– L'espace, et ces gouttes
Qui éclaboussent la mer
Qu'elles me recouvrent tout entier
Recouvent mon introuvable
Tombe. Et je sais
Qu’alors, les herbes et les fleurs
Toutes se presseront
Sous les éclairs pâles des lampes
Pour doucement embrasser
Ma tristesse

(1980)



简历

我是一个悲哀的孩子
始终没有长大

我从北方的草滩上
走出,沿着一条
发白的路,走进
布满齿轮的城市
走进狭小的街巷
板棚, 每颗低低的心

在一片淡漠的烟中
继续讲绿色的故事

我相信我的听众
——天空,还有
海上迸溅的水滴
它们将复盖我的一切
复盖那无法寻找的
坟墓。我知道
那时,所有的草和小花
都会围拢
在灯光暗淡的一瞬
轻轻地亲吻我的悲哀

mercredi 2 septembre 2009

Gu Cheng - Terminus

Terminus

En rêve
Dans un bus
Oublié ma station
Fini au terminus

Le ciel est si noir
La terre couverte de fils électriques
Qui chercherai-je
Quand tout n’est qu’autrefois…

(1980)

终点

在梦里
我坐车
忘记了车站
一直坐到终点

天真黑呀
满地都是电线
我在找谁呢
一切都是“从前……”

一九八O年

Gu Cheng - Attente

Attente

Le monde est trempé
Les étoiles brillent à faire peur

Je ferme mon parapluie
Le ciel ferme ses nuages qui pleuvent

L’aiguille passe sur l’heure
Sur les talons du Seigneur

Tu n’es pas là
J’attends encore

(1980)



世界都湿了
星星亮得怕人
我收起伞
天收起滴水的云
时针转到零点
㧟了上帝的脚跟
你没有来
我还在等

一九八O年

mardi 1 septembre 2009

WH Auden - Le citoyen inconnu

Le citoyen inconnu

(A JS.07 M 378
Ce monument de marbre
Elevé par l’Etat)

Les fonctionnaires des statistiques nous apprennent
Que de lui, personne ne s’est jamais plaint
Et tous les rapports sur sa conduite conviennent
Qu’il fut, pour donner à un vieux mot un sens moderne, un saint,
Car, en toutes choses, il servit l’Intérêt Général.
En dehors de la guerre, et jusqu’à sa retraite
Il travailla dans une usine, sans tambours ni trompettes
Et satisfit son employeur, les Moteurs Bricolo
Il ne fut, ni un jaune, ni même un trublion
Son syndicat nous dit qu’il payait ses cotisations
(Notre rapport sur son syndicat le confirme)
Et nos spécialistes en Psychologie Ouvrière affirment
Qu’il était apprécié de ses collègues, et aimait boire un pot.
La Presse est convaincue qu’il achetait son quotidien
Qu’il réagissait à la publicité comme l’individu moyen
Des polices, prises sur son nom, indiquent qu’il fut assuré
Son dossier maladie nous apprend qu’il entra à l’hopital et en sortit soigné
Nos chercheurs en production et en niveau de vie nous assurent
Qu’il comprenait tout l’avantage des cartes de crédit
Et possédait tout ce que doit avoir l’homme d’aujourd’hui
Un phonographe, une radio, un frigidaire, une voiture
Nos spécialistes de l’Opinion se satisfont
Qu’il partageât les bonnes idées en toute saison
En temps de paix, il aimait la paix, et quand vint la guerre il partit
Il fut marié, et augmenta de cinq enfants notre population
Ce qui, selon les Démographes, est le bon nombre, pour sa génération
Et les Enseignants nous disent qu’il ne contraria jamais leur éducation.
Fut il libre ? Fut il heureux ? Quelle étrange question
S’il y avait eu quoi que ce soit, nous le saurions.


The Unknown Citizen

(To JS/07 M 378
This Marble Monument
Is Erected by the State)

He was found by the Bureau of Statistics to be
One against whom there was no official complaint,
And all the reports on his conduct agree
That, in the modern sense of an old-fashioned word, he was a saint,
For in everything he did he served the Greater Community.
Except for the War till the day he retired
He worked in a factory and never got fired,
But satisfied his employers, Fudge Motors Inc.
Yet he wasn't a scab or odd in his views,
For his Union reports that he paid his dues,
(Our report on his Union shows it was sound)
And our Social Psychology workers found
That he was popular with his mates and liked a drink.
The Press are convinced that he bought a paper every day
And that his reactions to advertisements were normal in every way.
Policies taken out in his name prove that he was fully insured,
And his Health-card shows he was once in hospital but left it cured.
Both Producers Research and High-Grade Living declare
He was fully sensible to the advantages of the Instalment Plan
And had everything necessary to the Modern Man,
A phonograph, a radio, a car and a frigidaire.
Our researchers into Public Opinion are content
That he held the proper opinions for the time of year;
When there was peace, he was for peace: when there was war, he went.
He was married and added five children to the population,
Which our Eugenist says was the right number for a parent of his generation.
And our teachers report that he never interfered with their education.
Was he free? Was he happy? The question is absurd:
Had anything been wrong, we should certainly have heard.