Métamorphose
une petite amie
a refait mon lit
récuré et ciré le sol de ma cuisine
puis lessivé les murs
passé l’aspirateur
nettoyé les toilettes
et la baignoire
astiqué le sol de la salle de bains
coupé les ongles de mes pieds
et mes cheveux.
puis
dans la même journée
le plombier est vue réparer le robinet de la cuisine
et les toilettes
le monsieur du gaz a remis le chauffage
et celui du téléphone a réparé le téléphone.
me voici maintenant dans ce monde parfait.
tout est calme.
j’ai quitté mes 3 petites amies.
Je me sentais mieux quand tout était
en désordre.
il me faudra des mois pour revenir
à la normale :
je n’ai plus un cafard avec qui échanger.
j’ai perdu mon rythme.
je ne dors plus.
ne mange plus.
on m’a volé
ma crasse.
Metamorphosis
a girlfriend came in
built me a bed
scrubbed and waxed the kitchen floor
scrubbed the walls
vacuumed
cleaned the toilet
the bathtub
scrubbed the bathroom floor
and cut my toenails and
my hair.
then
all on the same day
the plumber came and fixed the kitchen faucet
and the toilet
and the gas man fixed the heater
and the phone man fixed the phone.
noe I sit in all this perfection.
it is quiet.
I have broken off with all 3 of my girlfriends.
I felt better when everything was in
disorder.
it will take me some months to get back to normal:
I can't even find a roach to commune with.
I have lost my rythm.
I can't sleep.
I can't eat.
I have been robbed of
my filth.
dimanche 26 juin 2016
Charles Bukowski - l'oiseau moqueur
l’oiseau moqueur
l’oiseau moqueur avait suivi le chat
tout l’été
il s’était moqué moqué moqué
provocateur, sûr de son fait ;
le chat s’était glissé sous les fauteuils du porche
la queue dressée
et avait lancé à l’oiseau moqueur des propos agacés
que je n’ai pas compris
hier, le chat a lentement remonté l’allée
l’oiseau moqueur, bien vivant, dans la gueule,
les ailes déployées, ses belles ailes, déployées, affaissées
les plumes écartées, comme les jambes d’une femme
et l’oiseau ne se moquait plus,
il demandait, il suppliait,
mais le chat
tout à sa marche séculaire
ne l’écoutait pas.
je l’ai vu se glisser sous une voiture jaune
tenant l’oiseau
qu’il finirait ailleurs.
c’était la fin de l’été.
the mockingbird
the mockingbird had been following the cat
all summer
mocking mocking mocking
teasing and cocksure;
the cat crawled under rockers on porches
tail flashing
and said something angry to the mockingbird
which I didn’t understand.
yesterday the cat walked calmly up the driveway
with the mockingbird alive in its mouth,
wings fanned, beautiful wings fanned and flopping,
feathers parted like a woman’s legs,
and the bird was no longer mocking,
it was asking, it was praying
but the cat
striding down through centuries
would not listen.
I saw it crawl under a yellow car
with the bird
to bargain it to another place.
summer was over.
l’oiseau moqueur avait suivi le chat
tout l’été
il s’était moqué moqué moqué
provocateur, sûr de son fait ;
le chat s’était glissé sous les fauteuils du porche
la queue dressée
et avait lancé à l’oiseau moqueur des propos agacés
que je n’ai pas compris
hier, le chat a lentement remonté l’allée
l’oiseau moqueur, bien vivant, dans la gueule,
les ailes déployées, ses belles ailes, déployées, affaissées
les plumes écartées, comme les jambes d’une femme
et l’oiseau ne se moquait plus,
il demandait, il suppliait,
mais le chat
tout à sa marche séculaire
ne l’écoutait pas.
je l’ai vu se glisser sous une voiture jaune
tenant l’oiseau
qu’il finirait ailleurs.
c’était la fin de l’été.
the mockingbird
the mockingbird had been following the cat
all summer
mocking mocking mocking
teasing and cocksure;
the cat crawled under rockers on porches
tail flashing
and said something angry to the mockingbird
which I didn’t understand.
yesterday the cat walked calmly up the driveway
with the mockingbird alive in its mouth,
wings fanned, beautiful wings fanned and flopping,
feathers parted like a woman’s legs,
and the bird was no longer mocking,
it was asking, it was praying
but the cat
striding down through centuries
would not listen.
I saw it crawl under a yellow car
with the bird
to bargain it to another place.
summer was over.
Libellés :
anglais,
Charles Bukowski (1920-1994)
jeudi 23 juin 2016
Mu Xin - Je me souviens d'avant
Je me souviens d’avant, de nos jeunes années
Quand nous étions si francs, si peu madrés
Quand nous savions ce que parler veut dire
Quand au petit matin, nous partions à la gare
Sur l’avenue déserte, dans l’obscurité
Où les petits vendeurs bravent la fumée
Mais les jours d’autrefois se sont raccourcis
Lettres, voitures, chevaux, tout s’est ralenti
Un unique amour occupe une vie
Avant, même les cadenas étaient jolis
Avec leurs petites clefs d’orfèvrerie
Et quand on les fermait chacun comprenait
记得早先少年时
大家诚诚恳恳
说一句 是一句
清早上火车站
长街黑暗无行人
卖豆浆的小店冒着热气
从前的日色变得慢
车,马,邮件都慢
一生只够爱一个人
从前的锁也好看
钥匙精美有样子
你锁了 人家就懂了
Quand nous étions si francs, si peu madrés
Quand nous savions ce que parler veut dire
Quand au petit matin, nous partions à la gare
Sur l’avenue déserte, dans l’obscurité
Où les petits vendeurs bravent la fumée
Mais les jours d’autrefois se sont raccourcis
Lettres, voitures, chevaux, tout s’est ralenti
Un unique amour occupe une vie
Avant, même les cadenas étaient jolis
Avec leurs petites clefs d’orfèvrerie
Et quand on les fermait chacun comprenait
记得早先少年时
大家诚诚恳恳
说一句 是一句
清早上火车站
长街黑暗无行人
卖豆浆的小店冒着热气
从前的日色变得慢
车,马,邮件都慢
一生只够爱一个人
从前的锁也好看
钥匙精美有样子
你锁了 人家就懂了
Libellés :
chinois (moderne),
Mu Xin 木心 (1927-2011)
dimanche 12 juin 2016
Haizi - Le chant du suicidé
Le chant du suicidé
Etendu dans l’eau d’après-midi
Un rideau qui s’agite
Quelques branches s’étirent
Le corps, une gemme sur l’eau
Est une bouteille coupée par le milieu
Dans laquelle l’eau ne peut être coupée
Etendu sur une hache
Comme étendu sur une lyre
Et puis il y a la corde
Enroulée sous le lit
Dans le bois le soleil te tranche
Comme il tranche le vent du sud
Tire ton fusil, rentre seul au pays
Comme un pigeon
Tombé dans une corbeille écarlate
自杀者之歌
伏在下午的水中
窗帘一掀一掀
一两根树枝伸过来
肉体,水面的宝石
是对半分裂的瓶子
瓶里的水不能分裂
伏在一具斧子上
像伏在一具琴上
还有绳索
盘在床底下
林间的太阳砍断你
像砍断南风
你把枪打开,独自走回故乡
像一只鸽子
倒在猩红的篮子上
Etendu dans l’eau d’après-midi
Un rideau qui s’agite
Quelques branches s’étirent
Le corps, une gemme sur l’eau
Est une bouteille coupée par le milieu
Dans laquelle l’eau ne peut être coupée
Etendu sur une hache
Comme étendu sur une lyre
Et puis il y a la corde
Enroulée sous le lit
Dans le bois le soleil te tranche
Comme il tranche le vent du sud
Tire ton fusil, rentre seul au pays
Comme un pigeon
Tombé dans une corbeille écarlate
自杀者之歌
伏在下午的水中
窗帘一掀一掀
一两根树枝伸过来
肉体,水面的宝石
是对半分裂的瓶子
瓶里的水不能分裂
伏在一具斧子上
像伏在一具琴上
还有绳索
盘在床底下
林间的太阳砍断你
像砍断南风
你把枪打开,独自走回故乡
像一只鸽子
倒在猩红的篮子上
Libellés :
chinois (moderne),
Haizi 海子 (1964-1989)
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