Les crapauds
A quoi bon laisser ce métier de crapaud
M’écrabouiller l’existence ?
Que mon intelligence me serve de marteau
Et chasse cette engeance !
De son écœurant venin il dénature
Six jours de la semaine -
Et tout cela ne sert qu’à payer les factures !
Ca n’en vaut pas la peine.
D’autres que moi vivent de leur talents
Prêcheurs et monte-en-l’air
Zézayeurs, moins que rien, saute-ruisseaux, truands -
Ne crèvent pas misère.
D’autres que moi vivent dans les ruelles
Font du feu dans des bidons
Mangent des courants d’air et des sardines à l’huile
Qu’ils semblent trouver bons.
Leurs moutards vont nu-pieds par tous les temps
Leurs innommables conjoints
Sont maigres comme des coucous – et cependant
Personne ne meurt de faim.
Si j’étais courageux, je clamerais bien haut :
Salariat je te hais !
Mais je sais, et combien, que c’est le matériau
Dont les rêves sont faits :
Car quelque chose en moi d’assez crapaudin
Ecrabouille tout, lui aussi
Ses cuissots sont pesants comme un méchant destin
Et froids comme la pluie
Il ne me laissera jamais suivre ma voie
En baratinant
Obtenir aisément, en une seule fois
Filles, gloire et argent
Je ne prétendrai pas que le premier
Donne au second figure humaine
Mais je sais qu’il est dur de s’en débarrasser
Quand l’un et l’autre nous emmènent.
Toads
Why should I let the toad work
Squat on my life?
Can’t I use my wit as a pitchfork
And drive the brute off?
Six days of the week it soils
With its sickening poison -
Just for paying a few bills!
That’s out of proportion.
Lots of folk live on their wits:
Lecturers, lispers,
Losers, loblolly-men, louts-
They don’t end as paupers;
Lots of folk live up lanes
With fires in a bucket,
Eat windfalls and tinned sardines-
They seem to like it.
Their nippers have got bare feet,
Their unspeakable wives
Are skinny as whippets - and yet
No one actually _starves_.
Ah, were I courageous enough
To shout, Stuff your pension!
But I know, all too well, that’s the stuff
That dreams are made on:
For something sufficiently toad-like
Squats in me, too;
Its hunkers are heavy as hard luck,
And cold as snow,
And will never allow me to blarney
My way of getting
The fame and the girl and the money
All at one sitting.
I don’t say, one bodies the other
One’s spiritual truth;
But I do say it’s hard to lose either,
When you have both.
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