dimanche 22 juin 2014

PG Wodehouse - Bien bien, Jeeves - Chapitre VII

Je méditai assez librement cet après-midi-là, roulant vers Brinkey au volant du bon vieux coupé. La nouvelle de la dispute, voire, de la rupture entre Angela et Tuppy m’avait fortement perturbé.

C’est que, voyez-vous, j’avais toujours considéré très favorablement ce projet d’union. Trop souvent, quand un garçon de votre entourage s’apprête à épouser une fille que vous connaissez, vous vous retrouvez à froncer le sourcil ou à vous mâchouiller la lèvre inférieure, dubitatif, songeant qu’il vaudrait peut-être mieux les prévenir, lui, elle ou les deux, tant qu’il est encore temps.

Mais je n’avais jamais rien ressenti de pareil pour Angela et Tuppy. Tuppy, quand il ne fait pas l’imbécile, est le genre de gars sérieux. Tout comme Angela est plutôt sérieuse. Et pour ce qui est de leurs amours, il m’a toujours semblé qu’on ne se trompait pas de beaucoup en les décrivant comme deux cœurs battant à l’unisson.
Bien sûr, ils avaient eu leurs petites chamailleries, notamment la fois où Tuppy – avec ce qu’il appelait une courageuse franchise, qui me paraissait avant tout une stupidité patente - avait expliqué à Angela que son nouveau chapeau la faisait ressembler à un pékinois. Mais toutes les histoires d’amour ont leur quota d’accrochages, et après cet incident, je m’étais dit qu’il avait retenu la leçon, et que désormais leur vie ne serait qu’une grande et belle mélodie.

Et voilà que cette rupture parfaitement inopinée des relations diplomatiques était sortie de sa boîte.

Pendant toute la route, je consacrai à l’affaire la crème de l’esprit des Wooster, mais n’arrivai toujours pas à deviner ce qui avait pu déclencher les hostilités. Aussi, je balançai consciencieusement le pied contre l’accélérateur, pour arriver aussi rapidement que possible chez tante Dahlia, et y apprendre le fin mot de l’histoire de l’homme qui avait vu le loup. Et poussé par mes six cylindres, je fis un bon temps et me retrouvai enfermé avec ma parente, un peu avant l’heure du cocktail du soir.

Elle semblait heureuse de me voir. En fait, elle affirma même être contente de me voir – propos qu’aucune autre de mes tantes n’aurait pu tenir, la réaction habituelle de ces chères et proches au spectacle de Bertram arrivant en visite étant une sorte de terreur dégoûtée.

« C’est gentil de ta part d’être venu en renfort, Bertie, dit elle.
- Ma place est à vos côtés, tante Dahlia », répondis-je.

On voyait au premier coup d’o. que cette malheureuse affaire la travaillait sans ambages. Sa superficie, habituellement joyeuse, était embrumée, et son sourire joyeux brillait par son abs. Je lui serrai la main avec sympathie, pour lui montrer que mon cœur saignait pour elle.

« Méchante affaire que celle-là, ma chère vieille apparentée, dis-je. Je crains que vous n’ayez passé un sale moment. Vous devez être soucieuse… »

Elle renifla avec émotion. Elle avait l’air d’une tante qui vient de gober une huître pas fraîche.
« Soucieuse est le mot. Je n’ai pas eu un instant de calme depuis que je suis rentrée de Cannes. Depuis que j’ai franchi cette saloperie de seuil, dit tante Dahlia, revenant pour l’occasion son sympathique argot de chasseurs, tout est en vrac. D’abord, il y a eu cette embrouille avec la distribution des prix. »

Elle s’interrompit là et me jeta un regard noir.
« J’avais prévu de te parler franchement de ton comportement dans cette affaire, Bertie, dit-elle. J’avais préparé toutes sortes de belles choses. Mais puisque tu es venu à notre secours, comme cela, je crois que je vais devoir t’en faire grâce. Et, de toute façon, c’est probablement une bonne chose que tu te sois soustrait à tes obligations de cette manière répugnante de lâcheté. J’ai le sentiment que ton Spink-Bottle sera très bien, s’il arrive seulement à ne pas parler de tritons.
- Il a parlé de ses tritons.
- Oui. En me fixant, l’œil brillant, comme le vieux marin du poème. Mais si c’était le pire que j’avais dû supporter, ce ne serait pas grave. Ce qui m’inquiète, c’est ce que Tom raconte quand il commence à parler.
- L’oncle Tom ?
- Je veux bien que tu l’appelles n’importe comment, mais pas « Oncle Tom », dit tante Dahlia, un peu agacée. A chaque fois que tu le fais, je m’attends à le voir devenir tout noir, et se mettre à jouer du banjo. Oui, oncle Tom, comme tu dis. Je vais bientôt devoir lui parler de tout l’argent que j’ai perdu au baccarat, et quand il sera, il va grimper au ciel.
- Mais peut-être que le Temps, qui guérit tout…
- Temps qui guérit tout mon œil. J’ai besoin qu’il me signe un chèque de cinq cents livres pour le Boudoir de Milady le trois Août au plus tard. »

J’étais préoccupé. Au-delà de l’intérêt naturel qu’un neveu porte à l’hebdomadaire précieux de sa tante, j’avais, dans mon cœur, un faible pour le boudoir de Milady depuis que j’y avais fait paraître cet article sur Ce Que Porte l’Homme Bien Mis. Du sentimentalisme, probablement, mais nous sommes cela, nous, les vieux journalistes.

« Le Boudoir est sur la paille ?
- Il le sera si Tom ne crache pas. Il a besoin d’aide tant qu’il n’aura pas passé le cap.
- Mais il n’était pas en train de le passer il y a deux ans ?
- Il l’était, et il l’est toujours. Tant que tu n’as pas dirigé un hebdo féminin, tu ne peux pas savoir ce que c’est qu’un cap.
- Et vous pensez que les chances que l’Oncle – que mon oncle par alliance, les lâche sont faibles ?
- Je vais te dire, Bertie. Jusqu’ici, quand une subvention était nécessaire, j’arrivais toujours à aborder Tom sur le ton aimable et assuré dont un enfant unique demande à un père généreux de la crème au chocolat. Mais il a reçu il y a peu un redressement du trésor public pour la somme de cinquante-huit livres et treize pence, et depuis que je suis rentrée, tout ce dont il parle c’est de ruine, des habitudes désastreuses de ce pouvoir socialiste, et de la faillite qui nous guette. »

Je me le figurai aisément. Ce Tom a une manie qui j’ai remarquée chez d’autres personnes pleines au as. Piquez lui la plus ridicule des sommes, et il poussera un braillement qu’on entendra au Bout du Monde. Il en a des paquets, mais il déteste s’en séparer.

« S’il n’y avait pas la cuisine d’Anatole, je ne sais pas s’il aurait eu le courage de continuer. Remercions le Seigneur pour Anatole, comme je dis.
Je baissai la tête dévotement.
- Ce bon vieux Anatole, dis-je
- Amen », dit tante Dahlia.
Puis, l’expression d’extase religieuse qui apparait immanquablement quand on laisse son esprit s’attarder, même brièvement, sur la cuisine d’Anatole, s’effaça de son visage.
- Mais ne nous éloignons pas du sujet, reprit-elle. Je te racontais comment les fondations de l’enfer avaient été ébranlées depuis que je suis revenue. D’abord, il y a eu la remise des prix, puis Tom, et maintenant, pour couronner le tout, cette dispute infernale entre Angela et le jeune Glossop.
Je hochai gravement la tête.
- J’ai été affreusement désolé de l’apprendre. Un choc terrible. Quel était le sujet de la discorde ?
- Les requins.
- Hein ?
- Les requins, ou plutôt, un unique requin. La brute qui s’est jetée sur la pauvre enfant pendant qu’elle faisait de l’aquaplane à Cannes. Tu te souviens du requin d’Angela ? »

Je me rappelais bien entendu le requin d’Angela. Un homme un tant soit peu sensible n’oublie pas quand sa cousine est quasiment dévorée par des monstres des profondeurs. Cet épisode était encore frais dans ma mémoire.

En un mot, voici ce qui s’était passé. Vous savez comment on fait de l’aquaplane : un bateau à moteur file devant, tirant une corde. Vous êtes debout sur une planche, vous tenez la corde et le bateau vous entraîne. Et de temps en temps, vous lâchez votre prise sur la corde, et plongez dans la mer, et devez rejoindre à la nage votre planche.

Cela m’avait toujours paru une activité ridicule, même si beaucoup semblaient la trouver divertissante.

Eh bien, le jour dont on parle, Angela venait juste de rattraper sa planche après avoir basculé, quand un grand requin bestial arriva et la percuta comme un boulet de canon, la projetant à nouveau dans le bouillon. Il lui fallut un sacré bout de temps pour remonter et faire comprendre ce qui était arrivé au gars du bateau à moteur, afin la ramène en sécurité. Et vous pouvez imaginer sa panique entre temps.

Selon Angela, le client à aileron s’en était alors pris à ses chevilles, ne lui laissant presque aucun répit. Et quand les secours arrivèrent, elle avait davantage l’impression d’être une amande salée dans un banquet que quoi que ce soit d’humain. La pauvre enfant était très secouée, je me souviens. Pendant des semaines, elle n’avait plus parlé que de cela.

« Je me rappelle très clairement toute l’affaire, dis-je. Mais comment cela a pu provoquer la dispute ?
- Elle lui racontait l’histoire, la nuit dernière.
- Eh bien ?
- Ses yeux brillaient et ses petites mains étaient serrées par l’excitation.
- Je n’en doute pas.
- Et au lieu de lui manifester la compréhension et la sympathie qu’elle méritait, que crois-tu qu’a fait ce maudit Glossop? Il est resté assis à écouter, tel une boule de pâte, comme si elle lui parlait du temps qu’il faisait, et quand elle eut fini, il retira son porte-cigarette de sa bouche et dit, « j’imagine que ce n’était qu’un bout de bois qui flottait » !
- Il n’a pas osé !
- Si. Et quand Angela a décrit comment cette chose avait sauté, et s’en était pris à elle, il a encore retiré de sa bouche son porte-cigarette, et dit : « Ah ! Probablement un poisson plat. Tout à fait inoffensif. Il voulait certainement jouer. » Enfin alors ! Qu’aurais-tu fait à la place d’Angela ? Elle est fière, sensible, et a tous les penchants naturels d’une brave fille. Elle lui a dit qu’il était un âne, et stupide, et idiot, et qu’il ne savait pas de quoi il parlait. »

Je dois dire que je comprenais le point de vue de la fille. Des choses sensationnelles ne nous arrivent qu’une ou deux fois par vie. Alors quand elles arrivent, nous ne voulons pas qu’on en enlève toute la saveur. Je me souviens qu’à l’école on m’avait fait lire un bout où ce type, Othello, raconte à une fille les histoires de fous qui lui sont arrivées chez les cannibales, et tout cela. Eh bien, imaginez sa réaction si, après avoir raconté un passage particulièrement tonique avec un chef cannibale, alors qu’il attendait un « Ooh ! Ce n’est pas croyable ! » admiratif, elle avait dit que toute l’histoire avait manifestement été exagérée, et que l’homme était sans doute, en fait, un célèbre végétarien du pays.

Oui, je comprenais la position d’Angela.

« Ne me dites pas que quand il a vu à quel point cela la mettait en rogne, le singe n’a pas fait marche arrière ?
- Non. Il a argumenté. Et de fil en aiguille, par petites étapes, ils en sont arrivés au point où elle lui disait qu’elle ne savait pas s’il en était conscient, mais si il n’abandonnait pas les féculents et se mettait à faire du sport le matin, il deviendrait gras comme un cochon, et où lui parlait de cette sale habitude qu’avaient les filles d’aujourd’hui de se mettre du maquillage, ce qui lui avait toujours déplu. Cela a continué un moment, et puis, on a entendu un grand boum, et l’atmosphère était pleine des miettes de leurs fiançailles. Je ne sais plus quoi faire. Heureusement que tu es venu, Bertie.
- Rien n’aurait pu me retenir, répondis-je, touché. J’ai senti que vous aviez besoin de moi.
- Oui.
- Tout à fait.
- Ou plutôt, dit-elle, pas de toi, bien sûr, mais de Jeeves. J’ai pensé à lui à la minute où tout cela s’est produit. La situation exige, bien évidemment, Jeeves, et s’il exista, dans toute l’histoire humaine un moment où la présence ici-même de cette intelligence élevée était indispensable, c’est bien celui-ci »

Je crois que si j’avais été debout, j’aurais chancelé. J’en suis même à peu près convaincu. Mais il est bigrement difficile de chanceler quand on est assis dans un fauteuil. Aussi, seul mon visage manifesta à quel point ces mots m’avaient blessé.

Avant qu’elle les prononce, j’avais été toute douceur et légèreté – le sympathique neveu prêt à tous les efforts pour remplir son rôle. Je me figeai, le visage dur et fixe.

« Jeeves ! dis-je, les dents serrées.
- A tes souhaits, dit tante Dahlia.
Je vis qu’elle comprenait de travers.
- Je n’ai pas éternué. Je disais : « Jeeves ! »
- Et tu fais bien. Quel personnage ! Je vais lui raconter toute l’affaire. Il n’y a personne qui le vaille.
Ma froideur se fit plus marquée.
- Je me permettrai de ne pas partager cette assurance, tante Dahlia.
- Ne pas quoi ?
- Partager cette assurance.
- Voyez-vous cela !
- Je me permets d’insister. Jeeves est sans espoir.
- Quoi ?
- Sans aucun espoir. Il a complètement perdu la main. Il n’y a pas quelques jours, j’ai été obligé de le dessaisir d’une affaire qu’il gérait de façon très insignifiante. Et quoi qu’il en soit, je n’apprécie guère cette idée préconçue, si préconçue est bien le mot que j’ai en tête, selon laquelle Jeeves serait la seule personne équipée d’un cerveau. Et je n’aime pas la façon dont chacun lui soumet ses affaires, sans me consulter et me permettre de m’y atteler d’abord. »
Elle sembla vouloir parler, mais je l’arrêtai d’un geste.
- Il est vrai que dans le passé, il m’a parfois paru opportun de solliciter l’opinion de Jeeves. Et il est possible que je le fasse à nouveau dans le futur. Mais je prétends être fondé à m’intéresser à ces problèmes, quand ils se présentent, en personne, sans que chacun se comporte comme si Jeeves était le seul poireau dans la soupe. J’ai parfois l’impression que Jeeves, bien qu’il n’ait pas manqué de succès auparavant, a plus souvent été chanceux que talentueux.
- Tu t’es disputé avec Jeeves.
- Pas le moins du monde.
- Tu parais lui en vouloir.
- Pas du tout. »

Et pourtant, je dois reconnaître qu’il y avait un fond de vérité dans ce qu’elle disait. Toute la journée, j’avais été mal disposé à l’égard de Jeeves. Je vais vous expliquer pourquoi.

Vous vous souvenez qu’il avait pris le train de 12h45 avec les bagages, pendant que je restais derrière pour honorer un rendez-vous à déjeuner. Eh bien, juste avant de partir pour le tête-à-tête, je furetai dans l’appartement quand soudain – je ne saurais dire ce qui me mit ce soupçon dans l’esprit, peut-être quelque chose de furtif dans sa façon d’agir – il me sembla qu’on me chuchotait d’aller jeter un coup d’œil dans l’armoire.

Et ce fut comme je l’avais soupçonné. Le spencer y était encore, sur son cintre. Ce roquet ne l’avait pas emporté.

Bon, comme n’importe qui aux Drones pourra vous le confirmer, Bertram Wooster n’est pas le genre de gars qu’on contourne facilement. Je jetai le truc dans un sac en papier marron et le rangeai à l’arrière de la voiture. Il était maintenant posé sur une chaise dans le vestibule. Mais cela n’atténuait pas le fait que Jeeves avait tenté de me porter un coup bas, et j’imagine qu’un certain je-ne-sais-quoi avait dû se glisser dans mon ton quand je lançai la remarque ci-dessus.

« Il n’y a pas eu de rupture, dis-je. On pourrait le décrire comme un froid passager, mais rien de plus. Il se trouve que nous avons eu une divergence d’opinion au sujet de mon spencer blanc à boutons dorés, et que j’ai été obligé d’affirmer ma personnalité. Mais…
- Bon, ça n’a de toute façon aucune importance. Ce qui en a, c’est que tu racontes des sornettes, mon pauvre canard. Jeeves aurait perdu la main ? Absurde. Quoi encore, je l’ai vu un moment quand il est arrivé, ses yeux étincelaient d’intelligence, sans conteste. Je me suis dit : «fais confiance à Jeeves », et j’ai bien l’intention de le faire.
- Vous seriez bien mieux inspirée de me laisser réfléchir à ce qui peut être fait, tante Dahlia.
- Au nom du ciel, ne t’avise pas de t’en mêler. Tu ne feras que compliquer les choses.
- Au contraire, vous serez sans doute curieuse d’apprendre qu’en venant ici, sur la route, j’ai mûrement réfléchi aux difficultés que traverse Angela, et ai réussi à élaborer un plan, fondé sur la psychologie de l’individu, que j’ai l’intention de mettre en pratique sans plus tarder.
- Oh mon Dieu !
- Ma compréhension de la nature humaine me dit qu’il marchera.
- Bertie, dit tante Dahlia, et je fus frappé par la fébrilité de sa voix, laisse tomber, laisse tomber ! Par pitié, laisse tomber. Je connais trop tes plans. J’imagine que tu entends jeter Angela dans le lac, puis pousser derrière elle le jeune Glossop, pour qu’il lui sauve la vie, ou quelque chose comme cela.
- Rien de tel.
- C’est le genre de chose que tu es capable de faire.
- Ma combinaison est bien plus subtile. Permettez-moi de vous l’esquisser.
- Non merci.
- Je me suis dit…
- Pas moi.
- Ecoutez-moi une seconde.
- Sûrement pas.
- Bien bien, alors. Je suis idiot.
- Depuis ta plus tendre enfance. »

Je sentis que rien de bon ne pouvait advenir en poursuivant cette discussion. J’agitai une main et haussai une épaule.

« Très bien, tante Dahlia, répondis-je avec dignité, vous ne voulez pas être au parfum, c’est votre affaire. Mais vous ratez un bijou d’intelligence. Et de toute façon, vous pouvez bien vous comporter comme la vipère sourde de l’Ecriture, qui, comme vous le savez certainement, dansait d’autant moins qu’on la charmait, ou quelque chose de similaire, je procéderai comme prévu. Je suis extrêmement attaché à Angela, et ne m’épargnerai aucun effort pour ramener dans son cœur un rayon de soleil.
- Bertie, épouvantable chimpanzé, je t’implore à nouveau. Laisse tomber je t’en prie. Tu ne feras que rendre les choses dix fois pire qu’elles ne le sont déjà. »

Je me souviens avoir lu dans un de ces romans historiques l’histoire d’un garçon – ce devait être un bronzé, je crois, ou un macaroni, ce genre d’animal – qui, quand on lui faisait la mauvaise remarque, se contentait de sourire derrière des paupières paresseuses, et de chasser un grain de poussière de la dentelle immaculée de ses poignets. C’est à peu près ce que je fis à cet instant. En tout cas, j’ajustai ma cravate et décochai un des sourires mystérieux dont j’ai le secret. Puis, je me retirai, et sortis déambuler dans le jardin.

Et la première personne que j’y recontrai fut le jeune Tuppy. Son front était plissé, et il balançait avec humeur des cailloux sur un pot de fleur.

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