mercredi 3 septembre 2014

Robert Frost - Le chemin délaissé- The road not taken

Le chemin délaissé

Dans un bois jaune deux chemins se séparaient
Et désolé de ne pouvoir emprunter l’un et l’autre
Et n’être qu’un voyageur longtemps je demeurai
Et suivis du regard autant que je pouvais
Le premier jusqu’au tournant sous les hêtres ;

Puis je pris le second, presqu’aussi tentant
Et peut-être même plus recommandé
Parce que tout herbeux, à la marche invitant ;
Même si, pour dire vrai, les passants
Les avaient tous deux pareillement usés

L’un et l’autre s’offraient au petit jour
Avec leurs feuilles qu’aucun marcheur n’avait noircies
Je gardais le premier pour un autre parcours
Tout en sachant que de tour en détour
Je ne repasserais probablement jamais ici

C’est en soupirant que je devrais l’avouer
Je ne sais où, il y a bien longtemps
Deux chemins dans un bois se séparaient et j’ai –
J’ai pris des deux le moins fréquenté
Et c’était sans doute le plus important.


The Road Not Taken

Two roads diverged in a yellow wood,
And sorry I could not travel both
And be one traveler, long I stood
And looked down one as far as I could
To where it bent in the undergrowth;

Then took the other, as just as fair
And having perhaps the better claim,
Because it was grassy and wanted wear;
Though as for that the passing there
Had worn them really about the same,

And both that morning equally lay
In leaves no step had trodden black.
Oh, I kept the first for another day!
Yet knowing how way leads on to way,
I doubted if I should ever come back.

I shall be telling this with a sigh
Somewhere ages and ages hence:
Two roads diverged in a wood, and I —
I took the one less traveled by,
And that has made all the difference.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Il me semble qu'il y a deux contre sens:

And sorry I could not travel both and be one traveler = un auxiliaire dont dépendent 2 verbes donc: désolé de ne pouvoir emprunter les deux et de ne pouvoir être un voyageur (celui qui serait susceptible d'emprunter tous les chemins, précisément)
La dernière strophe est au futur (shall + ages and ages hence), une projection du narrateur qui s'imagine vieux, justifiant son choix présent et arbitraire par un plus noble (mais faux) motif (le courage, le désir de singularité): D'ici quelques lustres environ, Je dirai ceci en soupirant: deux chemins se séparaient dans un bois et moi, j'ai pris celui qui était le moins fréquenté, voilà ce qui a fait toute la différence!

François Charton a dit…

Bonsoir,

Pour le premier, c'est ce que je voulais dire par "ne pouvoir emprunter l'un et l'autre et n'être qu'un voyageur".

Pour le second, vous avez raison. Je vais modifier la fin.
"Et je confierai en soupirant,
Je ne sais où, dans bien longtemps,"
peut être...

En revanche, je ne suis pas convaincu que la dernière strophe oppose son choix présent à la justification qu'il en donnera plus tard. Le poème est écrit au passé. Il me semble que le narrateur, au moment où il la raconte, revient sur cette histoire parce qu'il partage cette idée que son choix passé a "fait toute la différence". Ceci dit, l'interprétation plus ironique est certainement possible.

Il faut probablement éviter de lever l'ambiguïté...


Unknown a dit…

Bonjour, je propose cette traduction toute personnelle et non littérale.

Le chemin que je n'ai pas pris

Dans un bois flavescent, deux sentiers se séparaient.
J'étais seul et, regrettant de ne pouvoir
Emprunter les deux en même temps,
Je restai longuement à suivre du regard où menait le premier,
Jusqu'à ce qu'il aille se perde dans les broussailles.

Au hasard, je décidai de m'engager dans l'autre
Qui paraissait peut-être plus attirant,
L'herbe généreuse qui le recouvrait m'invitant à la fouler.
Néanmoins, d'autres promeneurs étaient déjà passés par là,
Et semblaient avoir parcouru autant l'un comme l'autre.

Tous deux s’offraient au petit jour,
Jonchés de feuilles qu’aucun marcheur n’avait encore souillées.
Oh ! Je réserve le premier pour une autre fois !
Pensai-je, conscient que de tour en détour,
Mes pas ne me ramèneraient probablement jamais par ici.

Je pourrai raconter cela plus tard, et dire en soupirant:
Il y a bien, bien longtemps, j'ai vu quelque part
Diverger deux chemins dans un bois;
Entre les deux, j'ai pris le moins fréquenté,
Et c'est ce qui a fait toute la différence.

Claude Neuman a dit…

Bonjour,
Ma version (en pentamètres) :
La route non prise

Deux routes divergeaient dans un bois jaunissant
Et triste de ne pouvoir voyager par les deux
Et n'être qu'un seul voyageur, j'ai fait halte longtemps,
Et aussi loin que je pus, jusqu'à son tournant
Dans le sous-bois, j'en scrutai l'une des yeux ;

Puis je pris l'autre, semblant tout aussi belle,
Et qui avait peut-être plus de grâce,
Car herbeuse et ne montrant trace de trop de semelles ;
Bien que, quant à ça, le passage avait sur elles
Laissé là, vraiment, à peu près autant de traces,

Et que les deux étaient en ce matin
Couvertes de même de feuilles noircies d'aucun pas.
J'ai gardé pour un autre jour la première, tant bien!
Mais sachant comment l'on va de chemin en chemin,
Je doutais de retourner jamais là-bas.

Je vais conter ceci, des soupirs dans la voix,
Quelque part, d'ici des années et des années.
Deux routes divergeaient dans un bois, et moi -
J'en ai pris une, la moins voyagée qui soit,
Et de là, toute la différence est née.

Nb : au vers 8 « wanted wear » ne signifie pas ici « voulait de l’usure » (invitait à la marche, à la fouler » mais « lacked wear », « manquait d’usure », ne montrait pas trace de trop de passage.

François Charton a dit…

J'ai un peu honte de ma traduction, du coup...

Mon seul doute, c'est cette route, qu'on voit pavée en français, mais qui est manifestement de terre (et de feuilles), chez Frost.

Merci
Francois

Claude a dit…

C’est vrai. Mais c’est vrai aussi en anglais : Frost aurait pu écrire « path », il a choisi « road » ; il y avait sans doute moins de routes pavées en 1916…
Au fait, au vers 17, « hence » n’indique pas le passé mais le futur (quand il contera cela).
neumanclaude@gmail.com

Anonyme a dit…

Bonjour,

Une autre proposition de traduction :


Le chemin qu’on ne prend pas

Deux chemins se séparaient dans un bois doré ;
Regrettant de ne pouvoir tous deux les emprunter,
Et d’être seul à voyager, je restais là
Et j’en suivis un aussi loin que possible du regard
Jusqu’à sa courbe du sous-bois.

Puis je pris l’autre, juste comme ça,
Offrant peut être l’avantage
D’une herbe qui demandait qu’on la foulât,
Et bien qu’en cet endroit, mon passage
Les eut vraiment laissés à leur semblable état,

Et les deux s’étiraient pareillement ce matin
Sous des feuilles qu’aucun pas n’avait noircies.
Ah, je gardais l’autre pour un jour prochain !
Mais sachant comment nous emmène un chemin,
Je doutais de jamais pouvoir revenir.

Je conterai ceci dans la paix,
Quelque part, d’ici quelque temps :
Deux chemins s’offraient à moi, et là,
J’ai suivi celui qu’on ne prenait pas,
Et j’ai compris toute la différence.


Tibopm

Fier PI a dit…

Deux sentiers opposés se présentèrent à moi,
dans une forêt aux couleurs d’Automne et moi,
ne pouvant me dédoubler,
j'ai pris celui qui était le moins fréquenté,
et cela fit toute la différence!
Robert Frost

Unknown a dit…

J'aime beaucoup ce poème de Robert Lee frost si vous pouvez m'envoyer paraphrase diversion a un simple anglais pour que je puisse mieux comprendre.