Soleil – La terre
« Quand la terre sera morte,
L’espoir pourra-t-il la remplacer ? »
(Août 1987)
Janvier, hiver
Le vieillard enlève la jeune fille
Vieillard de désir, vieillard de mort
Dans la forêt, ancienne idole
Vieillard dans les relents d’alcool
Vieillard de désir, vieillard de mort
Toujours ivre
Et affamé
Bain de sang, fleur sacrée
Lui, fleur sacrée
Eclose dans la plaine millénaire
Et moi, fils du silence et de la paix
Réunis ici
Vieillard de désir, vieillard de mort
Une rivière surhumaine
Bain de sang, fleur sacrée
Vieillard dans la forêt
Vieillard de mort, vieillard de désir, à la treille s’abreuvant
Tiré d’une jarre grise, par-delà l’espoir
Au visage de désir et de mort
Comme un paisible village
Fleur sacrée, telle un bain de sang
Lui toujours ivre
Et affamé
Pressés par le vieillard des hautes plaines
Les génies de la lune, interminablement, écopent
Ecopent seulement, tissent le clair de lune
(Avec les tibias de la jeune fille)
Vieillard de désir, vieillard de mort
Deux mains tendues dans le ciel des hautes plaines
Deux cornes tordues de la lune
Peuplées de lutins, comme un automne désolé
Automne, où les génies ne peuvent naviguer
Dans les larmes, deux cornes tordues du croissant de lune
Chants de l’automne qui roulent dans leurs yeux
Comme au royaume des cieux, sur la rive déserte
Vieillard de désir, vieillard de mort
Dans la plaine détroussant les voyageurs
Troupeau de buffles déferlant sur la rivière des richesses, désespérée
Lune, bouquet de démons
Vieillard de désir, vieillard de mort
Dans la forêt, ce midi
Le vieillard ivre a arrêté la jeune fille
Cette jeune fille, c’est moi
L’enfant de la plaine du silence et de la paix
L’amoureux dans un poème qui vit et meurt sous la lune
Le vieillard de désir, vieillard de mort
Qui chancelle comme un jardin ivre
A tendu les mains et arrêté la vierge
J’ai tant voulu crier :
Génies de la lune, sœurs heureuses
Où êtes-vous ?
Mais il est des voix que les génies ne chantent pas
Humanité, vierge comme la neige
Humanité, terreur originelle
A l’aube
A l’heure des oiseaux mouches
Dans le silence des génies
Je fus brisé comme la plaine
Les herbes du lac enlacent mes genoux
Ma langue est comme un enfant taciturne
Dans cette vallée douloureuse
Sur cette plaine dorée
Le vieillard de désir, le vieillard de mort
M’a prise de force --
Humanité vierge, qui pleure sans larmes
Là- bas, ils écopent dans l’automne loin du monde
Ecopent avec les tibias de la jeune fille
Dans le croissant chancelant de la lune, peuplée de génies amers
Mon destin, sans soutien, chancelle dans le soir
Etoiles, larmes suspendues dans le lointain
Larmes, mes sœurs, roulant vers la rivière
Aube, d’une tristesse sans fin
Derrière la lune, verse l’eau de la terre
Enterrez-moi dans la vallée après l’automne
Enterrez-moi dans cet automne loin du monde
Que la vallée, le soir, ressemble à la dépouille du prince,
Dépouille de ce jeune prince à jamais sur mon corps
Ce soir et cette nuit sur mon visage
Je suis la jeune fille de la mort et de la vie éternelle
Enterrez les génies de la lune au jardin originel
Vieillard de désir, vieillard de mort
Ivre, affamé, jardin qui chancelle
Je suis la jeune fille du jardin de la mort et de la vie éternelle.
情欲老人,死亡老人
在森林中,你这古老神祗
一位酒气熏天的老人
情欲老人,死亡老人
他又醉
又饿
像血泊,像大神的花朵
他这大神的花朵
生长与草原的千年经历
我这和平与宁静的儿子
同在这里
情欲老人,死亡老人
一条超于人类的河流
像血泊,像大神的花朵
森林中这老人
死亡老人,情欲老人,啜饮葡萄藤
他来自灰色的瓮、愿望之外
他情欲和死亡的面容
如和平的村庄
血泊一样大神的花朵
他又醉
又饿
在这位高原老人的压迫下
月亮的众神,一如既往在戽水
只有戽水,纺织月光
(用少女的胫骨)
情欲老人,死亡老人
伸出双手高原的天空
月亮的两角弯曲
坐满神仙如愁苦的秋天
秋天,不能航渡众神的秋天
泪水中新月的双角弯曲
秋天的歌滚动诸神的眼眶
仿佛是在天国,在空虚的湖岸
情欲老人,死亡老人
在这草原上拦劫众人
一条无望的财富之河上众牛滚滚
月亮如魔鬼的花束
情欲老人,死亡老人
在这中午的森林
喝醉的老人拦住了少女
那少女本是我
草原和平与宁静之子
一个月光下自生自灭的诗中情侣
情欲老人,死亡老人
如醉中的花园倾斜
伸出双手拦住了处女
我多想喊:
月亮的众神、幸福的姐妹
你们在何方?
有歌声众神难唱
人类处女如雪
人类原始的恐惧
在黎明
在蜂鸟时光
在众神沉默中
我像草原断裂
湖泊上青藤绕膝
我的舌头完全像寂静之子。
在这无辜的山谷
在这黄金草原上
情欲老人,死亡老人
强行占有了我——
人类的处女欲哭无泪
戽水者阻隔在与世隔绝的秋天
戽水用少女的胫骨
月亮的双角倾斜,坐满沉痛的众神
我无所依傍的生涯倾斜在黄昏
星辰泪珠悬挂天涯
众泪水姐妹滚滚入河流
黎明凄厉无边
月亮的后奔赴人间的水
请把我埋入秋天以后的山谷
埋入与世隔绝的秋天
让黄昏的山谷像王子的尸首
青年王子的尸首永远坐在我身上
黄昏和夜晚坐在我脸上
我就是死亡和永生的少女
叫月亮众神埋入原型的果园
情欲老人,死亡老人
又醉又饿,果园倾斜
我就是死亡和永生的果园少女
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