vendredi 28 février 2014

Walt Whitman - Sur la plage la nuit

Sur la plage, la nuit

Sur la plage, la nuit,
Est une enfant avec son père
Qui regarde, à l’est, le ciel d’automne.

Là-haut dans les ténèbres
Tandis que les nuages affamés, nuages funéraires, étendent leur masses sombres
Et s’abattent, maussades, tête bêche, sur le ciel,
Dans une bande claire et transparente d’éther encore ouverte à l’est
S’élève calme et puissante l’étoile-reine Jupiter,
Et à portée de main, à peine au-dessus,
Nagent les Pléiades, délicates sœurs.

Sur la plage, l’enfant tient la main de son père,
Et ces nuages funéraires qui s’abattent vainqueurs, prêts à tout dévorer,
Regarde et pleure sans un mot.

Ne pleure pas, enfant
Ne pleure pas, mon amour
De ces baisers je sècherai tes larmes
Les nuages affamés ne seront pas longtemps vainqueurs
Ils ne sauront garder le ciel, et ne dévorent les étoiles qu’un instant
Jupiter reparaîtra, sois patiente, reviens un autre soir, les Pléiades reparaîtront
Elles sont immortelles, toutes ces étoiles d’argent et d’or resplendiront encore
Les grandes étoiles et les petites resplendiront encore, elles demeurent,
Les vastes soleils immortels, les vieilles lunes pensives brilleront de nouveau.

Alors ma chère enfant, ne pleures-tu que Jupiter ?
Ne contemples-tu que les funérailles des étoiles ?
Il est quelque chose,
(De mes lèvres qui t’apaisent, ajouté-je en un soupir,
Je t’apporte la suggestion, le problème et l’indirection)
Il est quelque chose de plus immortel encor que les étoiles,
(tant de funérailles, tant de jours, et de nuits, qui s’en vont)
Qui demeurera plus longtemps encore que la scintillante Jupiter,
Plus que le soleil, et les satellites qui tournent,
Plus que les Pléiades, radieuses sœurs.



On the beach at night

On the beach at night,
Stands a child with her father,
Watching the east, the autumn sky.

Up through the darkness,
While ravening clouds, the burial clouds, in black masses spreading,
Lower sullen and fast athwart and down the sky,
Amid a transparent clear belt of ether yet left in the east,
Ascends large and calm the lord-star Jupiter,
And nigh at hand, only a very little above,
Swim the delicate sisters the Pleiades.

From the beach the child holding the hand of her father,
Those burial-clouds that lower victorious soon to devour all,
Watching, silently weeps.

Weep not, child,
Weep not, my darling,
With these kisses let me remove your tears,
The ravening clouds shall not long be victorious,
They shall not long possess the sky, they devour the stars only in apparition,
Jupiter shall emerge, be patient, watch again another night, the Pleiades shall emerge,
They are immortal, all those stars both silvery and golden shall shine out again,
The great stars and the little ones shall shine out again, they endure,
The vast immortal suns and the long-enduring pensive moons shall again shine.

Then dearest child mournest thou only for Jupiter?
Considerest thou alone the burial of the stars?

Something there is,
(With my lips soothing thee, adding I whisper,
I give thee the first suggestion, the problem and indirection,)
Something there is more immortal even than the stars,
(Many the burials, many the days and nights, passing away,)
Something that shall endure longer even than lustrous Jupiter
Longer than sun or any revolving satellite,
Or the radiant sisters the Pleiades.

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