回 归
不要睡去,不要
亲爱的,路还很长
不要靠近森林的诱惑
不要失掉希望
请用凉凉的雪水
把地址写在手上
或是靠着我的肩膀
度过朦胧的晨光
撩开透明的暴风雨
我们就会到达家乡
一片圆形的绿地
铺在古塔近旁
我将在那儿
守护你疲倦的梦想
赶开一群群黑夜
只留下铜鼓和太阳
在古塔的另一边
有许多细小的海浪
悄悄爬上沙岸
收集着颤动的音响……
Retour
Reste éveillée, reste
Mon amour, la route est longue encor
N’écoute pas l’appel de la forêt
Ne perd pas l’espoir
Avec l’eau froide de la neige
Dans ta main écris l’adresse
Ou appuyée sur mon épaule
Passons la brume de l’aube
Derrière le voile de l’orage
Nous arriverons au pays
Cette terre verte et ronde
Qui s’étend au pied de la tour
Là bas,
Je veillerai tes rêves fourbus
Je chasserai toutes ces nuits
Je te laisserai tambours et soleils
De l’autre coté de la tour
Il y aura de petites vagues
Muettes, s’accrochant à la plage
Amassant leur musique tremblante
samedi 19 décembre 2009
mardi 15 décembre 2009
Kong Shao'an - Feuille morte
孔绍安
落叶
早秋惊落叶,
飘零似客心。
翻飞未肯下,
犹言惜故林。
Feuille morte
Surprise par l’automne une feuille envolée
Flotte de çà de là comme un cœur étranger
Tourbillonne au hasard sans vouloir se poser
Et quitte tristement son ancienne forêt
落叶
早秋惊落叶,
飘零似客心。
翻飞未肯下,
犹言惜故林。
Feuille morte
Surprise par l’automne une feuille envolée
Flotte de çà de là comme un cœur étranger
Tourbillonne au hasard sans vouloir se poser
Et quitte tristement son ancienne forêt
Libellés :
Kong Shao'an (577-622)
mercredi 9 décembre 2009
Carl Sandburg - Prière d'après la guerre mondiale
Prayer after world war
Wandering oversea dreamer,
Hunting and hoarse, Oh daughter and mother,
Oh daughter of ashes and mother of blood,
Child of the hair let down, and tears,
Child of the cross in the south
And the star in the north,
Keeper of Egypt and Russia and France,
Keeper of England and Poland and Spain,
Make us a song for to-morrow.
Make us one new dream, us who forget,
Out of the storm let us have one star.
Struggle, Oh anvils, and help her.
Weave with your wool, Oh winds and skies.
Let your iron and copper help,
Oh dirt of the old dark earth.
Wandering oversea singer,
Singing of ashes and blood,
Child of the scars of fire,
Make us one new dream, us who forget.
Out of the storm let us have one star.
Prière après la guerre mondiale
Rêveur dérivant sur la mer
Chassant enroué, O fille et mère
Fille de cendre, mère de sang
Enfant aux cheveux défaits, et larmes
Enfant de la croix dans le sud
Et de l’étoile dans le nord
Gardien de l’Egypte, de la Russie et de la France
Gardien de l’Angleterre, de la Pologne et de l’Espagne
Fais- nous une chanson, pour les lendemains
Fais nous un nouveau rêve, nous qui oublions
Au sortir de l’orage, donne-nous une étoile.
Luttez, enclûmes, et aidez la.
Filez votre laine, vents et ciels
De votre fer, de votre cuivre, aidez
Poussière de cette vieille terre sombre.
Chanteur dérivant sur la mer
Chantant les cendres et le sang
Enfant des blessures de feu
Fais nous un nouveau rêve, nous qui oublions
Au sortir de l’orage, donne-nous une étoile.
Wandering oversea dreamer,
Hunting and hoarse, Oh daughter and mother,
Oh daughter of ashes and mother of blood,
Child of the hair let down, and tears,
Child of the cross in the south
And the star in the north,
Keeper of Egypt and Russia and France,
Keeper of England and Poland and Spain,
Make us a song for to-morrow.
Make us one new dream, us who forget,
Out of the storm let us have one star.
Struggle, Oh anvils, and help her.
Weave with your wool, Oh winds and skies.
Let your iron and copper help,
Oh dirt of the old dark earth.
Wandering oversea singer,
Singing of ashes and blood,
Child of the scars of fire,
Make us one new dream, us who forget.
Out of the storm let us have one star.
Prière après la guerre mondiale
Rêveur dérivant sur la mer
Chassant enroué, O fille et mère
Fille de cendre, mère de sang
Enfant aux cheveux défaits, et larmes
Enfant de la croix dans le sud
Et de l’étoile dans le nord
Gardien de l’Egypte, de la Russie et de la France
Gardien de l’Angleterre, de la Pologne et de l’Espagne
Fais- nous une chanson, pour les lendemains
Fais nous un nouveau rêve, nous qui oublions
Au sortir de l’orage, donne-nous une étoile.
Luttez, enclûmes, et aidez la.
Filez votre laine, vents et ciels
De votre fer, de votre cuivre, aidez
Poussière de cette vieille terre sombre.
Chanteur dérivant sur la mer
Chantant les cendres et le sang
Enfant des blessures de feu
Fais nous un nouveau rêve, nous qui oublions
Au sortir de l’orage, donne-nous une étoile.
Libellés :
anglais,
Carl Sandburg (1878-1967)
Carl Sandburg - Statistiques
Statistics
Napoleon shifted,
Restless in the old sarcophagus
And murmured to a watchguard:
"Who goes there?"
"Twenty-one million men,
Soldiers, armies, guns,
Twenty-one million
Afoot, horseback,
In the air,
Under the sea."
And Napoleon turned to his sleep:
"It is not my world answering;
It is some dreamer who knows not
The world I marched in
From Calais to Moscow."
And he slept on
In the old sarcophagus
While the aeroplanes
Droned their motors
Between Napoleon's mausoleum
And the cool night stars.
Statistiques
Napoléon se retourna
Gêné dans son vieux sarcophage
Et murmura à un gardien
« Qui va là ? »
« Vingt et un million d’hommes,
Soldats, armées, canons,
Vingt et un million
A pied, à cheval
Dans les airs,
Et sous la mer. »
Napoléon se rendormit :
« Ce n’est pas mon monde qui répond ;
Ce n’est qu’un rêve qui ne sait pas
Ce monde où j’ai marché
De Calais à Moscou. »
Il se rendort
Dans le vieux sarcophage
Tandis que les aéroplanes
Ronronnent dans la nuit,
Entre le tombeau de Napoléon
Et les froides étoiles
Napoleon shifted,
Restless in the old sarcophagus
And murmured to a watchguard:
"Who goes there?"
"Twenty-one million men,
Soldiers, armies, guns,
Twenty-one million
Afoot, horseback,
In the air,
Under the sea."
And Napoleon turned to his sleep:
"It is not my world answering;
It is some dreamer who knows not
The world I marched in
From Calais to Moscow."
And he slept on
In the old sarcophagus
While the aeroplanes
Droned their motors
Between Napoleon's mausoleum
And the cool night stars.
Statistiques
Napoléon se retourna
Gêné dans son vieux sarcophage
Et murmura à un gardien
« Qui va là ? »
« Vingt et un million d’hommes,
Soldats, armées, canons,
Vingt et un million
A pied, à cheval
Dans les airs,
Et sous la mer. »
Napoléon se rendormit :
« Ce n’est pas mon monde qui répond ;
Ce n’est qu’un rêve qui ne sait pas
Ce monde où j’ai marché
De Calais à Moscou. »
Il se rendort
Dans le vieux sarcophage
Tandis que les aéroplanes
Ronronnent dans la nuit,
Entre le tombeau de Napoléon
Et les froides étoiles
Libellés :
anglais,
Carl Sandburg (1878-1967)
jeudi 3 décembre 2009
Wilhelm Muller - Le Tilleul
Le tilleul
Au puits, devant la porte
Se tient un grand tilleul
J’ai rêvé dans son ombre
Des rêves merveilleux
J’ai gravé sur son tronc
Tous mes mots d’amoureux
Dans la joie, dans la peine
Toujours il me rappelle
Ce soir, j’ai dû passer
Près de lui, dans la nuit
Et même dans ce noir
J’ai dû fermer les yeux
Ses branches chuchotaient
Comme si elles m’appelaient
Près de moi mon ami
Tu trouveras la paix
Le vent soufflait, glacial
Tout droit sur mon visage
Mon chapeau s’envola
Je ne l’ai pas ramassé
Et maintenant une heure
Après l’avoir laissé
Je l’entends qui chuchote
Tu trouveras la paix
Der Lindenbaum
Am Brunnen vor dem Tore
Da steht ein Lindenbaum:
Ich träumt in seinem Schatten
So manchen süßen Traum.
Ich schnitt in seine Rinde
So manches liebe Wort;
Es zog in Freud und Leide
Zu ihm mich immer fort.
Ich mußt auch heute wandern
Vorbei in tiefer Nacht,
Da hab ich noch im Dunkel
Die Augen zugemacht.
Und seine Zweige rauschten,
Als riefen sie mir zu:
Komm her zu mir, Geselle,
Hier findst du deine Ruh!
Die kalten Winde bliesen
Mir grad ins Angesicht,
Der Hut flog mir vom Kopfe,
Ich wendete mich nicht.
Nun bin ich manche Stunde
Entfernt von jenem Ort,
Und immer hör ich´s rauschen:
Du fändest Ruhe dort!
Au puits, devant la porte
Se tient un grand tilleul
J’ai rêvé dans son ombre
Des rêves merveilleux
J’ai gravé sur son tronc
Tous mes mots d’amoureux
Dans la joie, dans la peine
Toujours il me rappelle
Ce soir, j’ai dû passer
Près de lui, dans la nuit
Et même dans ce noir
J’ai dû fermer les yeux
Ses branches chuchotaient
Comme si elles m’appelaient
Près de moi mon ami
Tu trouveras la paix
Le vent soufflait, glacial
Tout droit sur mon visage
Mon chapeau s’envola
Je ne l’ai pas ramassé
Et maintenant une heure
Après l’avoir laissé
Je l’entends qui chuchote
Tu trouveras la paix
Der Lindenbaum
Am Brunnen vor dem Tore
Da steht ein Lindenbaum:
Ich träumt in seinem Schatten
So manchen süßen Traum.
Ich schnitt in seine Rinde
So manches liebe Wort;
Es zog in Freud und Leide
Zu ihm mich immer fort.
Ich mußt auch heute wandern
Vorbei in tiefer Nacht,
Da hab ich noch im Dunkel
Die Augen zugemacht.
Und seine Zweige rauschten,
Als riefen sie mir zu:
Komm her zu mir, Geselle,
Hier findst du deine Ruh!
Die kalten Winde bliesen
Mir grad ins Angesicht,
Der Hut flog mir vom Kopfe,
Ich wendete mich nicht.
Nun bin ich manche Stunde
Entfernt von jenem Ort,
Und immer hör ich´s rauschen:
Du fändest Ruhe dort!
Libellés :
Wilhelm Muller (1794-1824)
samedi 7 novembre 2009
Bei Dao - Tout
Tout
Tout n’est que destin
Tout n’est que brume
Tout est début sans fin
Tout est vaine recherche
Toutes les joies sont sans sourire
Toutes les douleurs sans larmes
Toutes les paroles sont redites
Toutes les retrouvailles rencontres
Toutes les amours sont dans nos coeurs
Tous les passés sont dans nos rêves
Tous les espoirs portent leur explication
Toutes les convictions leurs gémissements
Toutes les explosions ont un instant de calme
Toutes les morts, un lourd écho
一切
一切都是命运
一切都是烟云
一切都是没有结局的开始
一切都是稍纵即逝的追寻
一切欢乐都没有微笑
一切苦难都没有泪痕
一切语言都是重复
一切交往都是初逢
一切爱情都在心里
一切往事都在梦中
一切希望都带着注释
一切信仰都带着呻吟
一切爆发都有片刻的宁静
一切死亡都有冗长的回声
Tout n’est que destin
Tout n’est que brume
Tout est début sans fin
Tout est vaine recherche
Toutes les joies sont sans sourire
Toutes les douleurs sans larmes
Toutes les paroles sont redites
Toutes les retrouvailles rencontres
Toutes les amours sont dans nos coeurs
Tous les passés sont dans nos rêves
Tous les espoirs portent leur explication
Toutes les convictions leurs gémissements
Toutes les explosions ont un instant de calme
Toutes les morts, un lourd écho
一切
一切都是命运
一切都是烟云
一切都是没有结局的开始
一切都是稍纵即逝的追寻
一切欢乐都没有微笑
一切苦难都没有泪痕
一切语言都是重复
一切交往都是初逢
一切爱情都在心里
一切往事都在梦中
一切希望都带着注释
一切信仰都带着呻吟
一切爆发都有片刻的宁静
一切死亡都有冗长的回声
Libellés :
Bei Dao 北岛 (1949-),
chinois (moderne)
jeudi 5 novembre 2009
WH Auden - Funeral Blues
Arrêtez les pendules, coupez le téléphone
D’un gros os bien juteux faites taire le chien
Muselez les pianos, qu’un tambour étouffé
Emmène le cercueil, qu’entrent les éplorés
Que dans le ciel tournoient des avions gémissants
Qu’ils écrivent là haut ce message : Il est Mort
Que l’on ceigne de crèpe le cou des tourterelles
Qu’aux carrefours les agents portent des gants noirs
Il était mon nord, mon sud, mon est et mon ouest
Ma semaine de travail, mon repos du dimanche
Mon midi, mon minuit, ma parole et mon chant
Je croyais qu’on s’aimait pour toujours, j’avais tort
Qu’importent les étoiles maintenant, mouchez les
Allez ranger la lune, démontez le soleil
Videz les océans, balayez les forêts
Plus rien de bon ne peut advenir désormais
Stop all the clocks, cut off the telephone,
Prevent the dog from barking with a juicy bone,
Silence the pianos and with muffled drum
Bring out the coffin, let the mourners come.
Let aeroplanes circle moaning overhead
Scribbling on the sky the message He Is Dead,
Put crêpe bows round the white necks of the public doves,
Let the traffic policemen wear black cotton gloves.
He was my North, my South, my East and West,
My working week and my Sunday rest,
My noon, my midnight, my talk, my song;
I thought that love would last for ever: I was wrong.
The stars are not wanted now: put out every one;
Pack up the moon and dismantle the sun;
Pour away the ocean and sweep up the wood.
For nothing now can ever come to any good.
D’un gros os bien juteux faites taire le chien
Muselez les pianos, qu’un tambour étouffé
Emmène le cercueil, qu’entrent les éplorés
Que dans le ciel tournoient des avions gémissants
Qu’ils écrivent là haut ce message : Il est Mort
Que l’on ceigne de crèpe le cou des tourterelles
Qu’aux carrefours les agents portent des gants noirs
Il était mon nord, mon sud, mon est et mon ouest
Ma semaine de travail, mon repos du dimanche
Mon midi, mon minuit, ma parole et mon chant
Je croyais qu’on s’aimait pour toujours, j’avais tort
Qu’importent les étoiles maintenant, mouchez les
Allez ranger la lune, démontez le soleil
Videz les océans, balayez les forêts
Plus rien de bon ne peut advenir désormais
Stop all the clocks, cut off the telephone,
Prevent the dog from barking with a juicy bone,
Silence the pianos and with muffled drum
Bring out the coffin, let the mourners come.
Let aeroplanes circle moaning overhead
Scribbling on the sky the message He Is Dead,
Put crêpe bows round the white necks of the public doves,
Let the traffic policemen wear black cotton gloves.
He was my North, my South, my East and West,
My working week and my Sunday rest,
My noon, my midnight, my talk, my song;
I thought that love would last for ever: I was wrong.
The stars are not wanted now: put out every one;
Pack up the moon and dismantle the sun;
Pour away the ocean and sweep up the wood.
For nothing now can ever come to any good.
Libellés :
anglais,
WH Auden (1907-1973)
mercredi 28 octobre 2009
John Mc Crae - Dans les plaines des Flandres
Dans les plaines des Flandres poussent les coquelicots
Au milieu des croix, rang après rang, fanaux
Qui indiquent nos postes, alors que dans le ciel
Les alouettes, chantant bravement, s’envolent
Inaudibles rumeurs, dans l’écho des canons
Nous sommes les cadavres, il y a quelques jours
Nous étions là, petits matins, dans le couchant
Nous aimions, étions aimés, et maintenant
Nous sommes morts,
Dans les plaines des Flandres.
Notre combat, nos ennemis, nous vous léguons
Recevez les, d‘une main lasse nous tendons
Ce flambeau, puisssiez vous le défendre
Si vous nous trahissez, qui mourons,
Jamais plus nous ne pourrons
Reposer, quand poussent les coquelicots
Dans les plaines des Flandres
In Flanders fields the poppies blow
Between the crosses, row on row,
That mark our place; and in the sky
The larks, still bravely singing, fly
Scarce heard amid the guns below.
We are the dead. Short days ago
We lived, felt dawn, saw sunset glow,
Loved, and were loved, and now we lie
In Flanders fields.
Take up our quarrel with the foe:
To you from failing hands we throw
The torch; be yours to hold it high.
If ye break faith with us who die
We shall not sleep, though poppies grow
In Flanders fields.
Au milieu des croix, rang après rang, fanaux
Qui indiquent nos postes, alors que dans le ciel
Les alouettes, chantant bravement, s’envolent
Inaudibles rumeurs, dans l’écho des canons
Nous sommes les cadavres, il y a quelques jours
Nous étions là, petits matins, dans le couchant
Nous aimions, étions aimés, et maintenant
Nous sommes morts,
Dans les plaines des Flandres.
Notre combat, nos ennemis, nous vous léguons
Recevez les, d‘une main lasse nous tendons
Ce flambeau, puisssiez vous le défendre
Si vous nous trahissez, qui mourons,
Jamais plus nous ne pourrons
Reposer, quand poussent les coquelicots
Dans les plaines des Flandres
In Flanders fields the poppies blow
Between the crosses, row on row,
That mark our place; and in the sky
The larks, still bravely singing, fly
Scarce heard amid the guns below.
We are the dead. Short days ago
We lived, felt dawn, saw sunset glow,
Loved, and were loved, and now we lie
In Flanders fields.
Take up our quarrel with the foe:
To you from failing hands we throw
The torch; be yours to hold it high.
If ye break faith with us who die
We shall not sleep, though poppies grow
In Flanders fields.
Libellés :
anglais,
John Mc Crae (1872-1918)
Yu Jian - A une poétesse
致一位诗人
多年以后
我们面对面
坐在一个房间
开始点烟
你的声音已经生锈
斑斑驳驳落在地上
却渴望被我拾起
再获得青铜的光泽
我沉默不语
无话找话 是一件很痛苦的事情
那一日已经远去
我不知道你的电话号码
那一日我曾经失眠
那那生命中少有的时刻
如果沿着那一日走近你
我们会相处一生
世界已建筑得如此坚固
让我们彬彬有礼地告辞吧
回到各自的房间
像墙壁那样 彼此站立
这样要习惯得多
A une poètesse
Longtemps après
Nous nous sommes revus
Assis dans cette chambre
Cigarettes allumées
Ta voix déjà éraillée
Sur le sol éparpillée
Avide d’être ramassée
Reprise, dans la lumière cuivrée
Mais je n’ai rien dit
Silence contre parole, c’est terrible
Ce jour là, je suis parti
Oublié ton numéro
Ce jour là j’ai perdu le sommeil
Et tous ces moments rares
Si j’étais resté, ce jour là, près de toi
C’aurait été pour toute la vie
Le monde a bâti tant de murs
Poliment se dire adieu
Rentrer chacun dans sa chambre
En voisins, de part et d’autre
Par habitude
多年以后
我们面对面
坐在一个房间
开始点烟
你的声音已经生锈
斑斑驳驳落在地上
却渴望被我拾起
再获得青铜的光泽
我沉默不语
无话找话 是一件很痛苦的事情
那一日已经远去
我不知道你的电话号码
那一日我曾经失眠
那那生命中少有的时刻
如果沿着那一日走近你
我们会相处一生
世界已建筑得如此坚固
让我们彬彬有礼地告辞吧
回到各自的房间
像墙壁那样 彼此站立
这样要习惯得多
A une poètesse
Longtemps après
Nous nous sommes revus
Assis dans cette chambre
Cigarettes allumées
Ta voix déjà éraillée
Sur le sol éparpillée
Avide d’être ramassée
Reprise, dans la lumière cuivrée
Mais je n’ai rien dit
Silence contre parole, c’est terrible
Ce jour là, je suis parti
Oublié ton numéro
Ce jour là j’ai perdu le sommeil
Et tous ces moments rares
Si j’étais resté, ce jour là, près de toi
C’aurait été pour toute la vie
Le monde a bâti tant de murs
Poliment se dire adieu
Rentrer chacun dans sa chambre
En voisins, de part et d’autre
Par habitude
Libellés :
chinois (moderne),
Yu Jian 于坚 (1954-)
samedi 10 octobre 2009
Su Shi - Combien de fois sous la lune
Combien de fois sous la lune,
Une coupe à la main j’interrogeai le firmament
Ne sachant pas, dans les palais célestes, quelle année on était
Je voulais partir à cheval sur le vent, mais j’avais peur,
Des pavillons d’or, des maisons de jade
Du froid glacial de ces hauts lieux,
De ces ombres qui dansent, inhumaines
Tourné vers ce palais, vers ses belles fenêtres,
Qui illuminent mon éveil
Insensibles, parfois grandes, parfois rondes
L’homme est joyeux et triste, seul et aimé,
La lune est sombre et claire, ronde et voilée
Rien ne s’accomplit jamais
Si seulement la vie était longue
A mille lieues, avec Phoebé
明月幾時有 把酒問青天
不知天上宮闕 今夕是何年
我欲乘風歸去 唯恐瓊樓玉宇
高處不勝寒 起舞弄清影 何似在人間
轉朱閣低綺戶照無眠
不應有恨何事長向別時圓
人有悲歡離合 月有陰晴圓缺
此事古難全 但願人長久
千里共嬋娟
Une coupe à la main j’interrogeai le firmament
Ne sachant pas, dans les palais célestes, quelle année on était
Je voulais partir à cheval sur le vent, mais j’avais peur,
Des pavillons d’or, des maisons de jade
Du froid glacial de ces hauts lieux,
De ces ombres qui dansent, inhumaines
Tourné vers ce palais, vers ses belles fenêtres,
Qui illuminent mon éveil
Insensibles, parfois grandes, parfois rondes
L’homme est joyeux et triste, seul et aimé,
La lune est sombre et claire, ronde et voilée
Rien ne s’accomplit jamais
Si seulement la vie était longue
A mille lieues, avec Phoebé
明月幾時有 把酒問青天
不知天上宮闕 今夕是何年
我欲乘風歸去 唯恐瓊樓玉宇
高處不勝寒 起舞弄清影 何似在人間
轉朱閣低綺戶照無眠
不應有恨何事長向別時圓
人有悲歡離合 月有陰晴圓缺
此事古難全 但願人長久
千里共嬋娟
Libellés :
Su Shi 蘇轼 (1037-1101)
vendredi 9 octobre 2009
WH Auden - Musée des Beaux Arts
Musée des Beaux Arts
En matière de souffrance, ils n’avaient jamais tort,
Les Vieux Maîtres, ils connaissaient trop bien
Son caractère humain, comme elle se produit
Pendant que quelqu’un mange, ou ouvre une fenêtre, ou seulement se promène
Comme, quand les anciens recueillis, passionnés, attendent
La naissance miraculeuse, il y a toujours
Des enfants qui n’en ont pas spécialement envie, et qui patinent
Sur un étang, à l’orée d’un bois
Ils n’oubliaient jamais
Que même le terrible martyr s’accomplit
Pendant que dans un coin, un endroit sale
Les chiens vivent leur vie de chien, et le cheval du bourreau
Frotte son innocent derrière contre un arbre
Dans l’Icare de Breughel, par exemple : comme chaque chose fuit
Joyeusement, le désastre. Le laboureur a peut être
Entendu le choc, le cri de désespoir
Mais ce n’est pas, pour lui, une catastrophe, le soleil brillait
Comme il devait, jambes blanches s’enfonçant dans l’eau
Verte ; et la riche et délicate nef, qui a dû voir
Un prodige, un garçon tombant du ciel
Avait un port à rallier, et voguait tranquillement
Musee des Beaux Arts
About suffering they were never wrong,
The Old Masters; how well, they understood
Its human position; how it takes place
While someone else is eating or opening a window or just walking dully along;
How, when the aged are reverently, passionately waiting
For the miraculous birth, there always must be
Children who did not specially want it to happen, skating
On a pond at the edge of the wood:
They never forgot
That even the dreadful martyrdom must run its course
Anyhow in a corner, some untidy spot
Where the dogs go on with their doggy life and the torturer's horse
Scratches its innocent behind on a tree.
In Breughel's Icarus, for instance: how everything turns away
Quite leisurely from the disaster; the ploughman may
Have heard the splash, the forsaken cry,
But for him it was not an important failure; the sun shone
As it had to on the white legs disappearing into the green
Water; and the expensive delicate ship that must have seen
Something amazing, a boy falling out of the sky,
had somewhere to get to and sailed calmly on.
En matière de souffrance, ils n’avaient jamais tort,
Les Vieux Maîtres, ils connaissaient trop bien
Son caractère humain, comme elle se produit
Pendant que quelqu’un mange, ou ouvre une fenêtre, ou seulement se promène
Comme, quand les anciens recueillis, passionnés, attendent
La naissance miraculeuse, il y a toujours
Des enfants qui n’en ont pas spécialement envie, et qui patinent
Sur un étang, à l’orée d’un bois
Ils n’oubliaient jamais
Que même le terrible martyr s’accomplit
Pendant que dans un coin, un endroit sale
Les chiens vivent leur vie de chien, et le cheval du bourreau
Frotte son innocent derrière contre un arbre
Dans l’Icare de Breughel, par exemple : comme chaque chose fuit
Joyeusement, le désastre. Le laboureur a peut être
Entendu le choc, le cri de désespoir
Mais ce n’est pas, pour lui, une catastrophe, le soleil brillait
Comme il devait, jambes blanches s’enfonçant dans l’eau
Verte ; et la riche et délicate nef, qui a dû voir
Un prodige, un garçon tombant du ciel
Avait un port à rallier, et voguait tranquillement
Musee des Beaux Arts
About suffering they were never wrong,
The Old Masters; how well, they understood
Its human position; how it takes place
While someone else is eating or opening a window or just walking dully along;
How, when the aged are reverently, passionately waiting
For the miraculous birth, there always must be
Children who did not specially want it to happen, skating
On a pond at the edge of the wood:
They never forgot
That even the dreadful martyrdom must run its course
Anyhow in a corner, some untidy spot
Where the dogs go on with their doggy life and the torturer's horse
Scratches its innocent behind on a tree.
In Breughel's Icarus, for instance: how everything turns away
Quite leisurely from the disaster; the ploughman may
Have heard the splash, the forsaken cry,
But for him it was not an important failure; the sun shone
As it had to on the white legs disappearing into the green
Water; and the expensive delicate ship that must have seen
Something amazing, a boy falling out of the sky,
had somewhere to get to and sailed calmly on.
Libellés :
anglais,
WH Auden (1907-1973)
dimanche 4 octobre 2009
WH Auden - Foxtrot
Foxtrot
Le soldat aime son fusil
Le savant aime ses livres
Le fermier aime ses chevaux
L’actrice aime ses sourires
L’amour est partout en ce monde
Où que l’on puisse aller
Certains perdent la tête pour la jolie Mae West
Mais tu es ma tasse de thé
On parle d’Alexandre
Ou bien de Fred Astaire
On veut ses héros chevelus
Ou alors débonnaires
Certains aiment les aides de camps
Et d’autres les curés
Certains aiment les brutes qui les maltraitent
Mais tu es ma tasse de thé
Il y a des fous de fox terriers
Des dingues de pékinois
De chats de gouttières, de perroquets
De cochons d’inde et même d’oies
Il y a des malades dans les asiles
Qui se prennent pour des marronniers
J’ai eu une vieille tante qui adorait une plante
Mais tu es ma tasse de thé
Il y a des ventres qui pendent
Et des nez épatés
Il y a des orteils en rateau
Et des rates dilatées
Il y a la crampe de l’écrivain
La maladie de la lavandière
Il y a aussi des choses qui ne sentent pas la rose
Mais tu es ma tasse de thé
Le merle aime le ver
La vipère le soleil
L’ours polaire aime son iceberg
L’éléphant son pâté
La truite aime sa rivière
La baleine sa mer
Et les chiens préfèrent les vieux réverbères
Mais tu es ma tasse de thé
FOXTROT FROM A PLAY
The soldier loves his rifle,
The scholar loves his books,
The farmer loves his horses,
The film star loves her looks.
There’s love the whole world over
Wherever you may be;
Some lose their rest for gay Mae West,
But you’re my cup of tea.
Some talk of Alexander
And some of Fred Astaire,
Some like their heroes hairy
Some like them debonair,
Some prefer a curate
And some an A.D.C.,
Some like a tough to treat’em rough,
But you’re my cup of tea.
Some are mad on Airedales
And some on Pekinese,
On tabby cats or parrots
Or guinea pigs or geese.
There are patients in asylums
Who think that they’re a tree;
I had an aunt who loved a plant,
But you’re my cup of tea.
Some have sagging waistlines
And some a bulbous nose
And some a floating kidney
And some have hammer toes,
Some have tennis elbow
And some have housemaid’s knee,
And some I know have got B.O.,
But you’re my cup of tea.
The blackbird loves the earthworm,
The adder loves the sun,
The polar bear an iceberg,
The elephant a bun,
The trout enjoys the river,
The whale enjoys the sea,
And dogs love most an old lamp-post,
But you’re my cup of tea.
Le soldat aime son fusil
Le savant aime ses livres
Le fermier aime ses chevaux
L’actrice aime ses sourires
L’amour est partout en ce monde
Où que l’on puisse aller
Certains perdent la tête pour la jolie Mae West
Mais tu es ma tasse de thé
On parle d’Alexandre
Ou bien de Fred Astaire
On veut ses héros chevelus
Ou alors débonnaires
Certains aiment les aides de camps
Et d’autres les curés
Certains aiment les brutes qui les maltraitent
Mais tu es ma tasse de thé
Il y a des fous de fox terriers
Des dingues de pékinois
De chats de gouttières, de perroquets
De cochons d’inde et même d’oies
Il y a des malades dans les asiles
Qui se prennent pour des marronniers
J’ai eu une vieille tante qui adorait une plante
Mais tu es ma tasse de thé
Il y a des ventres qui pendent
Et des nez épatés
Il y a des orteils en rateau
Et des rates dilatées
Il y a la crampe de l’écrivain
La maladie de la lavandière
Il y a aussi des choses qui ne sentent pas la rose
Mais tu es ma tasse de thé
Le merle aime le ver
La vipère le soleil
L’ours polaire aime son iceberg
L’éléphant son pâté
La truite aime sa rivière
La baleine sa mer
Et les chiens préfèrent les vieux réverbères
Mais tu es ma tasse de thé
FOXTROT FROM A PLAY
The soldier loves his rifle,
The scholar loves his books,
The farmer loves his horses,
The film star loves her looks.
There’s love the whole world over
Wherever you may be;
Some lose their rest for gay Mae West,
But you’re my cup of tea.
Some talk of Alexander
And some of Fred Astaire,
Some like their heroes hairy
Some like them debonair,
Some prefer a curate
And some an A.D.C.,
Some like a tough to treat’em rough,
But you’re my cup of tea.
Some are mad on Airedales
And some on Pekinese,
On tabby cats or parrots
Or guinea pigs or geese.
There are patients in asylums
Who think that they’re a tree;
I had an aunt who loved a plant,
But you’re my cup of tea.
Some have sagging waistlines
And some a bulbous nose
And some a floating kidney
And some have hammer toes,
Some have tennis elbow
And some have housemaid’s knee,
And some I know have got B.O.,
But you’re my cup of tea.
The blackbird loves the earthworm,
The adder loves the sun,
The polar bear an iceberg,
The elephant a bun,
The trout enjoys the river,
The whale enjoys the sea,
And dogs love most an old lamp-post,
But you’re my cup of tea.
Libellés :
anglais,
WH Auden (1907-1973)
vendredi 18 septembre 2009
Haizi - L'aubépine
山楂树
今夜我不会遇见你
今夜我遇见了世上的一切
但不会遇见你。
一棵夏季最后
火红的山楂树
象一辆高大女神的自行车
象一女孩 畏惧群山
呆呆站在门口
她不会向我
跑来!
我走过黄昏
象风吹向远处的平原
我将在暮色中抱住一棵孤独的树干
山楂树! 一闪而过 啊! 山楂
我要在你的乳房下坐到天亮。
又小又美丽的山楂的乳房
在高大女神的自行车上
在农奴的手上
在夜晚就要熄灭
L’aubépine
Cette nuit je ne te verrai pas
Cette nuit je verrai tout le monde
Mais je ne te verrai pas.
Dans l’été qui s’achève
Une aubépine flamboyante
Comme le vélo d’une déesse
Comme une petite fille, qui a peur des montagnes
Et se tient, toute bête, devant la porte
Mais jamais vers moi
N’accourt !
J'ai traversé le crépuscule
Comme le vent qui souffle vers les plaines lointaines
Dans le couchant, j’embrasserai ce tronc solitaire
Aubépine ! Eclair éphémère ! Aubépine
Sous tes seins, j’attendrai l’aube
Petits, jolis, seins d’aubépine
Sur le vélo de la grande déesse
Dans les mains de l’esclave
Dans le soir qui s’éteint.
今夜我不会遇见你
今夜我遇见了世上的一切
但不会遇见你。
一棵夏季最后
火红的山楂树
象一辆高大女神的自行车
象一女孩 畏惧群山
呆呆站在门口
她不会向我
跑来!
我走过黄昏
象风吹向远处的平原
我将在暮色中抱住一棵孤独的树干
山楂树! 一闪而过 啊! 山楂
我要在你的乳房下坐到天亮。
又小又美丽的山楂的乳房
在高大女神的自行车上
在农奴的手上
在夜晚就要熄灭
L’aubépine
Cette nuit je ne te verrai pas
Cette nuit je verrai tout le monde
Mais je ne te verrai pas.
Dans l’été qui s’achève
Une aubépine flamboyante
Comme le vélo d’une déesse
Comme une petite fille, qui a peur des montagnes
Et se tient, toute bête, devant la porte
Mais jamais vers moi
N’accourt !
J'ai traversé le crépuscule
Comme le vent qui souffle vers les plaines lointaines
Dans le couchant, j’embrasserai ce tronc solitaire
Aubépine ! Eclair éphémère ! Aubépine
Sous tes seins, j’attendrai l’aube
Petits, jolis, seins d’aubépine
Sur le vélo de la grande déesse
Dans les mains de l’esclave
Dans le soir qui s’éteint.
Libellés :
chinois (moderne),
Haizi 海子 (1964-1989)
jeudi 17 septembre 2009
Gu Cheng - Biographie
Biographie
Je suis un enfant triste
Qui n’a jamais grandi
Des plaines et des lacs
Venu du nord, le long d’un
Chemin tout blanc, jusqu’à
Ces villes pleines d’engrenages
Jusqu’à ces ruelles étroites
Cabanes et cœurs si lourds
Dans ces brumes blafardes
Toujours racontant
Ses histoires vertes
Je crois en mon auditoire
– L'espace, et ces gouttes
Qui éclaboussent la mer
Qu'elles me recouvrent tout entier
Recouvent mon introuvable
Tombe. Et je sais
Qu’alors, les herbes et les fleurs
Toutes se presseront
Sous les éclairs pâles des lampes
Pour doucement embrasser
Ma tristesse
(1980)
简历
我是一个悲哀的孩子
始终没有长大
我从北方的草滩上
走出,沿着一条
发白的路,走进
布满齿轮的城市
走进狭小的街巷
板棚, 每颗低低的心
在一片淡漠的烟中
继续讲绿色的故事
我相信我的听众
——天空,还有
海上迸溅的水滴
它们将复盖我的一切
复盖那无法寻找的
坟墓。我知道
那时,所有的草和小花
都会围拢
在灯光暗淡的一瞬
轻轻地亲吻我的悲哀
Je suis un enfant triste
Qui n’a jamais grandi
Des plaines et des lacs
Venu du nord, le long d’un
Chemin tout blanc, jusqu’à
Ces villes pleines d’engrenages
Jusqu’à ces ruelles étroites
Cabanes et cœurs si lourds
Dans ces brumes blafardes
Toujours racontant
Ses histoires vertes
Je crois en mon auditoire
– L'espace, et ces gouttes
Qui éclaboussent la mer
Qu'elles me recouvrent tout entier
Recouvent mon introuvable
Tombe. Et je sais
Qu’alors, les herbes et les fleurs
Toutes se presseront
Sous les éclairs pâles des lampes
Pour doucement embrasser
Ma tristesse
(1980)
简历
我是一个悲哀的孩子
始终没有长大
我从北方的草滩上
走出,沿着一条
发白的路,走进
布满齿轮的城市
走进狭小的街巷
板棚, 每颗低低的心
在一片淡漠的烟中
继续讲绿色的故事
我相信我的听众
——天空,还有
海上迸溅的水滴
它们将复盖我的一切
复盖那无法寻找的
坟墓。我知道
那时,所有的草和小花
都会围拢
在灯光暗淡的一瞬
轻轻地亲吻我的悲哀
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
mercredi 2 septembre 2009
Gu Cheng - Terminus
Terminus
En rêve
Dans un bus
Oublié ma station
Fini au terminus
Le ciel est si noir
La terre couverte de fils électriques
Qui chercherai-je
Quand tout n’est qu’autrefois…
(1980)
终点
在梦里
我坐车
忘记了车站
一直坐到终点
天真黑呀
满地都是电线
我在找谁呢
一切都是“从前……”
一九八O年
En rêve
Dans un bus
Oublié ma station
Fini au terminus
Le ciel est si noir
La terre couverte de fils électriques
Qui chercherai-je
Quand tout n’est qu’autrefois…
(1980)
终点
在梦里
我坐车
忘记了车站
一直坐到终点
天真黑呀
满地都是电线
我在找谁呢
一切都是“从前……”
一九八O年
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
Gu Cheng - Attente
Attente
Le monde est trempé
Les étoiles brillent à faire peur
Je ferme mon parapluie
Le ciel ferme ses nuages qui pleuvent
L’aiguille passe sur l’heure
Sur les talons du Seigneur
Tu n’es pas là
J’attends encore
(1980)
等
世界都湿了
星星亮得怕人
我收起伞
天收起滴水的云
时针转到零点
㧟了上帝的脚跟
你没有来
我还在等
一九八O年
Le monde est trempé
Les étoiles brillent à faire peur
Je ferme mon parapluie
Le ciel ferme ses nuages qui pleuvent
L’aiguille passe sur l’heure
Sur les talons du Seigneur
Tu n’es pas là
J’attends encore
(1980)
等
世界都湿了
星星亮得怕人
我收起伞
天收起滴水的云
时针转到零点
㧟了上帝的脚跟
你没有来
我还在等
一九八O年
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
mardi 1 septembre 2009
WH Auden - Le citoyen inconnu
Le citoyen inconnu
(A JS.07 M 378
Ce monument de marbre
Elevé par l’Etat)
Les fonctionnaires des statistiques nous apprennent
Que de lui, personne ne s’est jamais plaint
Et tous les rapports sur sa conduite conviennent
Qu’il fut, pour donner à un vieux mot un sens moderne, un saint,
Car, en toutes choses, il servit l’Intérêt Général.
En dehors de la guerre, et jusqu’à sa retraite
Il travailla dans une usine, sans tambours ni trompettes
Et satisfit son employeur, les Moteurs Bricolo
Il ne fut, ni un jaune, ni même un trublion
Son syndicat nous dit qu’il payait ses cotisations
(Notre rapport sur son syndicat le confirme)
Et nos spécialistes en Psychologie Ouvrière affirment
Qu’il était apprécié de ses collègues, et aimait boire un pot.
La Presse est convaincue qu’il achetait son quotidien
Qu’il réagissait à la publicité comme l’individu moyen
Des polices, prises sur son nom, indiquent qu’il fut assuré
Son dossier maladie nous apprend qu’il entra à l’hopital et en sortit soigné
Nos chercheurs en production et en niveau de vie nous assurent
Qu’il comprenait tout l’avantage des cartes de crédit
Et possédait tout ce que doit avoir l’homme d’aujourd’hui
Un phonographe, une radio, un frigidaire, une voiture
Nos spécialistes de l’Opinion se satisfont
Qu’il partageât les bonnes idées en toute saison
En temps de paix, il aimait la paix, et quand vint la guerre il partit
Il fut marié, et augmenta de cinq enfants notre population
Ce qui, selon les Démographes, est le bon nombre, pour sa génération
Et les Enseignants nous disent qu’il ne contraria jamais leur éducation.
Fut il libre ? Fut il heureux ? Quelle étrange question
S’il y avait eu quoi que ce soit, nous le saurions.
The Unknown Citizen
(To JS/07 M 378
This Marble Monument
Is Erected by the State)
He was found by the Bureau of Statistics to be
One against whom there was no official complaint,
And all the reports on his conduct agree
That, in the modern sense of an old-fashioned word, he was a saint,
For in everything he did he served the Greater Community.
Except for the War till the day he retired
He worked in a factory and never got fired,
But satisfied his employers, Fudge Motors Inc.
Yet he wasn't a scab or odd in his views,
For his Union reports that he paid his dues,
(Our report on his Union shows it was sound)
And our Social Psychology workers found
That he was popular with his mates and liked a drink.
The Press are convinced that he bought a paper every day
And that his reactions to advertisements were normal in every way.
Policies taken out in his name prove that he was fully insured,
And his Health-card shows he was once in hospital but left it cured.
Both Producers Research and High-Grade Living declare
He was fully sensible to the advantages of the Instalment Plan
And had everything necessary to the Modern Man,
A phonograph, a radio, a car and a frigidaire.
Our researchers into Public Opinion are content
That he held the proper opinions for the time of year;
When there was peace, he was for peace: when there was war, he went.
He was married and added five children to the population,
Which our Eugenist says was the right number for a parent of his generation.
And our teachers report that he never interfered with their education.
Was he free? Was he happy? The question is absurd:
Had anything been wrong, we should certainly have heard.
(A JS.07 M 378
Ce monument de marbre
Elevé par l’Etat)
Les fonctionnaires des statistiques nous apprennent
Que de lui, personne ne s’est jamais plaint
Et tous les rapports sur sa conduite conviennent
Qu’il fut, pour donner à un vieux mot un sens moderne, un saint,
Car, en toutes choses, il servit l’Intérêt Général.
En dehors de la guerre, et jusqu’à sa retraite
Il travailla dans une usine, sans tambours ni trompettes
Et satisfit son employeur, les Moteurs Bricolo
Il ne fut, ni un jaune, ni même un trublion
Son syndicat nous dit qu’il payait ses cotisations
(Notre rapport sur son syndicat le confirme)
Et nos spécialistes en Psychologie Ouvrière affirment
Qu’il était apprécié de ses collègues, et aimait boire un pot.
La Presse est convaincue qu’il achetait son quotidien
Qu’il réagissait à la publicité comme l’individu moyen
Des polices, prises sur son nom, indiquent qu’il fut assuré
Son dossier maladie nous apprend qu’il entra à l’hopital et en sortit soigné
Nos chercheurs en production et en niveau de vie nous assurent
Qu’il comprenait tout l’avantage des cartes de crédit
Et possédait tout ce que doit avoir l’homme d’aujourd’hui
Un phonographe, une radio, un frigidaire, une voiture
Nos spécialistes de l’Opinion se satisfont
Qu’il partageât les bonnes idées en toute saison
En temps de paix, il aimait la paix, et quand vint la guerre il partit
Il fut marié, et augmenta de cinq enfants notre population
Ce qui, selon les Démographes, est le bon nombre, pour sa génération
Et les Enseignants nous disent qu’il ne contraria jamais leur éducation.
Fut il libre ? Fut il heureux ? Quelle étrange question
S’il y avait eu quoi que ce soit, nous le saurions.
The Unknown Citizen
(To JS/07 M 378
This Marble Monument
Is Erected by the State)
He was found by the Bureau of Statistics to be
One against whom there was no official complaint,
And all the reports on his conduct agree
That, in the modern sense of an old-fashioned word, he was a saint,
For in everything he did he served the Greater Community.
Except for the War till the day he retired
He worked in a factory and never got fired,
But satisfied his employers, Fudge Motors Inc.
Yet he wasn't a scab or odd in his views,
For his Union reports that he paid his dues,
(Our report on his Union shows it was sound)
And our Social Psychology workers found
That he was popular with his mates and liked a drink.
The Press are convinced that he bought a paper every day
And that his reactions to advertisements were normal in every way.
Policies taken out in his name prove that he was fully insured,
And his Health-card shows he was once in hospital but left it cured.
Both Producers Research and High-Grade Living declare
He was fully sensible to the advantages of the Instalment Plan
And had everything necessary to the Modern Man,
A phonograph, a radio, a car and a frigidaire.
Our researchers into Public Opinion are content
That he held the proper opinions for the time of year;
When there was peace, he was for peace: when there was war, he went.
He was married and added five children to the population,
Which our Eugenist says was the right number for a parent of his generation.
And our teachers report that he never interfered with their education.
Was he free? Was he happy? The question is absurd:
Had anything been wrong, we should certainly have heard.
Libellés :
anglais,
WH Auden (1907-1973)
samedi 22 août 2009
WH Auden - Epitaphe pour un tyran
Epitaphe pour un tyran
La perfection, d’un certain genre, était son seul désir
La poésie qu’il inventa se comprenait sans peine
Il connaissait parfaitement les passions humaines
S’intéressait par-dessus tout aux armées, aux navires
Quand il riait, les sénateurs riaient sans retenue
Et quand il pleurait, les petits enfants mouraient dans les rues
Epitaph On A Tyrant
Perfection, of a kind, was what he was after,
And the poetry he invented was easy to understand;
He knew human folly like the back of his hand,
And was greatly interested in armies and fleets;
When he laughed, respectable senators burst with laughter,
And when he cried the little children died in the streets.
La perfection, d’un certain genre, était son seul désir
La poésie qu’il inventa se comprenait sans peine
Il connaissait parfaitement les passions humaines
S’intéressait par-dessus tout aux armées, aux navires
Quand il riait, les sénateurs riaient sans retenue
Et quand il pleurait, les petits enfants mouraient dans les rues
Epitaph On A Tyrant
Perfection, of a kind, was what he was after,
And the poetry he invented was easy to understand;
He knew human folly like the back of his hand,
And was greatly interested in armies and fleets;
When he laughed, respectable senators burst with laughter,
And when he cried the little children died in the streets.
Libellés :
anglais,
WH Auden (1907-1973)
WH Auden - Si je le savais
Si je le savais…
Le Temps répond toujours que c’est comme ça
Il ne sait que le prix que nous devons payer;
Si je le savais je te le dirais
Quand nous sanglotons devant les clowns
Quand nous titubons devant l’orchestre
Le Temps répond toujours que c’est comme ca
Il n’y a pas de bonne aventure, et pourtant
Parce que je t’aime plus que je ne pourrais dire
Si je le savais je te le dirais
Le vent doit bien souffler de quelque part
Les feuilles se faner pour une raison mais
Le Temps répond toujours que c’est comme ca
Peut être que les roses veulent vraiment pousser
Que cette vision veut justement rester
Si je le savais je te le dirais
Et si les lions se levaient tous et partaient
Si les rivières et les soldats s’enfuyaient
Que répondrait le Temps sinon que c’est comme ça?
Si je le savais je te le dirais.
If I could tell you
Time will say nothing but I told you so,
Time only knows the price we have to pay;
If I could tell you I would let you know.
If we should weep when clowns put on their show,
If we should stumble when musicians play,
Time will say nothing but I told you so.
There are no fortunes to be told, although,
Because I love you more than I can say,
If I could tell you I would let you know.
The winds must come from somewhere when they blow,
There must be reasons why the leaves decay;
Time will say nothing but I told you so.
Perhaps the roses really want to grow,
The vision seriously intends to stay;
If I could tell you I would let you know.
Suppose the lions all get up and go,
And all the brooks and soldiers run away;
Will Time say nothing but I told you so?
If I could tell you I would let you know.
Le Temps répond toujours que c’est comme ça
Il ne sait que le prix que nous devons payer;
Si je le savais je te le dirais
Quand nous sanglotons devant les clowns
Quand nous titubons devant l’orchestre
Le Temps répond toujours que c’est comme ca
Il n’y a pas de bonne aventure, et pourtant
Parce que je t’aime plus que je ne pourrais dire
Si je le savais je te le dirais
Le vent doit bien souffler de quelque part
Les feuilles se faner pour une raison mais
Le Temps répond toujours que c’est comme ca
Peut être que les roses veulent vraiment pousser
Que cette vision veut justement rester
Si je le savais je te le dirais
Et si les lions se levaient tous et partaient
Si les rivières et les soldats s’enfuyaient
Que répondrait le Temps sinon que c’est comme ça?
Si je le savais je te le dirais.
If I could tell you
Time will say nothing but I told you so,
Time only knows the price we have to pay;
If I could tell you I would let you know.
If we should weep when clowns put on their show,
If we should stumble when musicians play,
Time will say nothing but I told you so.
There are no fortunes to be told, although,
Because I love you more than I can say,
If I could tell you I would let you know.
The winds must come from somewhere when they blow,
There must be reasons why the leaves decay;
Time will say nothing but I told you so.
Perhaps the roses really want to grow,
The vision seriously intends to stay;
If I could tell you I would let you know.
Suppose the lions all get up and go,
And all the brooks and soldiers run away;
Will Time say nothing but I told you so?
If I could tell you I would let you know.
Libellés :
anglais,
WH Auden (1907-1973)
lundi 10 août 2009
Gu Cheng- Bruit, fenêtre ouverte
打開窗子的聲音
打開窗子的聲音
你聽見了
遠處是海
光滑的船
伏在沙丘上
遠處是 藍藍的海
你聽
最小的聲音 是海
船伏在沙丘上
遠處是藍藍的一片
Bruit, fenêtre ouverte
Bruit, fenêtre ouverte
Tu écoutes
Au loin, la mer
Bateau, tout lisse
Couché sur la dune
Au loin, la mer, toute bleue
Ecoute
Ce petit bruit : la mer
Bateau couché sur la dune
Au loin, tout ce bleu
打開窗子的聲音
你聽見了
遠處是海
光滑的船
伏在沙丘上
遠處是 藍藍的海
你聽
最小的聲音 是海
船伏在沙丘上
遠處是藍藍的一片
Bruit, fenêtre ouverte
Bruit, fenêtre ouverte
Tu écoutes
Au loin, la mer
Bateau, tout lisse
Couché sur la dune
Au loin, la mer, toute bleue
Ecoute
Ce petit bruit : la mer
Bateau couché sur la dune
Au loin, tout ce bleu
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
Gu Cheng - Je chante ma chanson
我唱自己的歌
我唱自己的歌
在布满车前草的道路上
在灌木的集市上
在雪松和白桦树的舞会上
在那山野的原始欢乐上
我唱自己的歌
我唱自己的歌
在热电厂恐怖的烟云中
在变速箱复杂的组织中
在砂轮的亲吻中
在那社会文明的运行中
我唱自己的歌
我唱自己的歌
即不陌生又不熟练
我是练习曲的孩子
愿意加入所有歌队
为了不让规范的人们知道
我唱自己的歌
我唱呵,唱自己的歌
直到世界恢复了史前的寂寞
细长的月亮
从海边向我走来
轻轻地问:为什么?
你唱自己的歌
Je chante ma chanson
Je chante ma chanson
Sur la route encombrée de plantain
Dans le concert des arbrisseaux
Au bal des cèdres et des bouleaux
Dans l’harmonie originelle
Je chante ma chanson
Je chante ma chanson
Dans l’effrayante fumée des centrales électriques
Dans l’ordre compliqué des boîtes de vitesses
Sous les baisers des disques abrasifs
Dans la marche réglée de cette société
Je chante ma chanson
Je chante ma chanson
Aux étrangers, aux inconnus
Je suis cet enfant appliqué
Qui voudrait entrer dans chaque chorale
Pour que les gens normaux ne sachent pas
Qu’il chante sa chanson
Et je chanterai ma chanson
Jusqu’à ce que le monde redevienne désert
Et que la lune, mince et longue
Vienne vers moi, depuis la mer
Et doucement me demande : pourquoi
Tu chantes ta chanson?
我唱自己的歌
在布满车前草的道路上
在灌木的集市上
在雪松和白桦树的舞会上
在那山野的原始欢乐上
我唱自己的歌
我唱自己的歌
在热电厂恐怖的烟云中
在变速箱复杂的组织中
在砂轮的亲吻中
在那社会文明的运行中
我唱自己的歌
我唱自己的歌
即不陌生又不熟练
我是练习曲的孩子
愿意加入所有歌队
为了不让规范的人们知道
我唱自己的歌
我唱呵,唱自己的歌
直到世界恢复了史前的寂寞
细长的月亮
从海边向我走来
轻轻地问:为什么?
你唱自己的歌
Je chante ma chanson
Je chante ma chanson
Sur la route encombrée de plantain
Dans le concert des arbrisseaux
Au bal des cèdres et des bouleaux
Dans l’harmonie originelle
Je chante ma chanson
Je chante ma chanson
Dans l’effrayante fumée des centrales électriques
Dans l’ordre compliqué des boîtes de vitesses
Sous les baisers des disques abrasifs
Dans la marche réglée de cette société
Je chante ma chanson
Je chante ma chanson
Aux étrangers, aux inconnus
Je suis cet enfant appliqué
Qui voudrait entrer dans chaque chorale
Pour que les gens normaux ne sachent pas
Qu’il chante sa chanson
Et je chanterai ma chanson
Jusqu’à ce que le monde redevienne désert
Et que la lune, mince et longue
Vienne vers moi, depuis la mer
Et doucement me demande : pourquoi
Tu chantes ta chanson?
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
lundi 18 mai 2009
Gu Cheng - Idées...
思想,就是思想
为什么要在故事中隐藏
好像孩子在饼干上面
涂满新鲜的果酱
Idées, rien que des idées
Pourquoi, toujours, cachées dans les histoires
Comme un enfant, sur un biscuit
Tartinant de la confiture
为什么要在故事中隐藏
好像孩子在饼干上面
涂满新鲜的果酱
Idées, rien que des idées
Pourquoi, toujours, cachées dans les histoires
Comme un enfant, sur un biscuit
Tartinant de la confiture
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
Gu Cheng - Toi et moi
你和我
你应该是一场梦,
我应该是一阵风。
一九七九年三月底
Toi et moi
Tu serais un rêve
Je serais le vent
(Mars 1979)
你应该是一场梦,
我应该是一阵风。
一九七九年三月底
Toi et moi
Tu serais un rêve
Je serais le vent
(Mars 1979)
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
mardi 28 avril 2009
Luo Yihe - Clair de lune
月 亮
世界,一半黑着,一半亮着
事件堆起来了。那些流血的事实
城与年,日夜流着
是一些平滑的消息
使人们无所不知
黑着的一半
陈列着挑灯的街巷
月亮虽也照亮厚实的尘土,光辉
却遍地遗失。月亮陈旧
在隐没的蓝瓦上扔着、光着、贫穷着
象一些炭块上画下的皮肤
暗暗地红黄着
头戴半只黑盔,对秃海上的甲板
露着树枝
地面上的活人
不知你为何思想
世界,你这借自神明的台阶
下行着多少大国
和它们开发过度的人性与地力
只有月亮
在门边向着那健康的丛林
为我们谢罪
Clair de lune
Monde, mi ombre, mi clarté
Affaires entassées. Petits faits sanglants
Murs et années, jour et nuit se déversant
Comme une histoire banale
Que chacun doit connaître
Moitié ombre
Etalant ses ruelles, chargées de lampes
La lune éclaire cette épaisse poussière, mais sa lumière
Partout, s’efface. Vieille lune
Jetée sur les tuiles bleues, abandonnée, nue, pauvre
Comme une peau, dessinée au charbon
Assombrie rouge jaune
Tête mi-casquée de noir, sur la mer chauve, au navire
Montrant d'une branche
Les vivants sur la terre
Qui ne savent pourquoi ils pensent
Monde aux marches divines
Descendues par tant de nations
Nature humaine, pays, démesurés
Seule la lune
Devant la porte, face aux grand arbres
Prend pitié de nous
世界,一半黑着,一半亮着
事件堆起来了。那些流血的事实
城与年,日夜流着
是一些平滑的消息
使人们无所不知
黑着的一半
陈列着挑灯的街巷
月亮虽也照亮厚实的尘土,光辉
却遍地遗失。月亮陈旧
在隐没的蓝瓦上扔着、光着、贫穷着
象一些炭块上画下的皮肤
暗暗地红黄着
头戴半只黑盔,对秃海上的甲板
露着树枝
地面上的活人
不知你为何思想
世界,你这借自神明的台阶
下行着多少大国
和它们开发过度的人性与地力
只有月亮
在门边向着那健康的丛林
为我们谢罪
Clair de lune
Monde, mi ombre, mi clarté
Affaires entassées. Petits faits sanglants
Murs et années, jour et nuit se déversant
Comme une histoire banale
Que chacun doit connaître
Moitié ombre
Etalant ses ruelles, chargées de lampes
La lune éclaire cette épaisse poussière, mais sa lumière
Partout, s’efface. Vieille lune
Jetée sur les tuiles bleues, abandonnée, nue, pauvre
Comme une peau, dessinée au charbon
Assombrie rouge jaune
Tête mi-casquée de noir, sur la mer chauve, au navire
Montrant d'une branche
Les vivants sur la terre
Qui ne savent pourquoi ils pensent
Monde aux marches divines
Descendues par tant de nations
Nature humaine, pays, démesurés
Seule la lune
Devant la porte, face aux grand arbres
Prend pitié de nous
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chinois (moderne),
Luo Yihe 骆一禾 (1961-1989)
Gu Cheng - Adieu
别
在春天
你把手帕轻挥
是让我远去
还是马上返回?
不,什么也不是
什么也不因为
就像水中的落花
就像花上的露水……
只有影子懂得
只有风能体会
只有叹息惊起的彩蝶
还在心花中纷飞……
Adieu
C’est le printemps
Tu agites ton mouchoir
Est-ce pour que je m’en aille
Pour que je revienne bientôt ?
Ce n’est pour rien
C’est sans raison
Comme une fleur tombée sur l’eau
Comme la rosée sur la fleur
Il n’y a que l’ombre qui comprenne
Il n’y a que le vent qui saisisse
Il n’y a que ces papillons, par un souffle effrayés
Qui volètent, dans mon coeur en fleurs
在春天
你把手帕轻挥
是让我远去
还是马上返回?
不,什么也不是
什么也不因为
就像水中的落花
就像花上的露水……
只有影子懂得
只有风能体会
只有叹息惊起的彩蝶
还在心花中纷飞……
Adieu
C’est le printemps
Tu agites ton mouchoir
Est-ce pour que je m’en aille
Pour que je revienne bientôt ?
Ce n’est pour rien
C’est sans raison
Comme une fleur tombée sur l’eau
Comme la rosée sur la fleur
Il n’y a que l’ombre qui comprenne
Il n’y a que le vent qui saisisse
Il n’y a que ces papillons, par un souffle effrayés
Qui volètent, dans mon coeur en fleurs
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chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
samedi 18 avril 2009
Gu Cheng - De tout mon coeur, j'aime ce monde
我的心爱着这个世界
我的心爱着世界
爱着,在一个冬天的夜晚
轻轻吻她,像一个纯净的
野火,吻着全部草地
草地是温暖的,在尽头
有一片冰湖,湖底睡着鲈鱼
我的心爱着世界
她溶化了,像一朵霜花
溶进了我的血液,她
亲切地流着,从海洋流向
高山,流着,使眼睛变得蔚蓝
使早晨变得红润
我的心爱着世界
我爱着,用我的血液为她
画像,可爱的侧面像
玉米和群星的珠串不再闪耀
有些人疲倦了,转过头去
转过头去,去欣赏一张广告
De tout mon cœur, j’aime ce monde
De tout mon cœur, j’aime ce monde
Je l’aime, un soir d’hiver
Doucement embrassé, comme l’incendie
Pur, embrasse toute la plaine
La chaude plaine, au loin
Un lac glacé, au fond, un grand poisson qui dort
De tout mon cœur j’aime ce monde
Qui fond, comme une fleur glacée
Se fond en mon sang, qui
S’écoule, brûlant, de l’océan vers les
Sommets, coule avec des regards bleus
Et des matins rougeâtres
De tout mon cœur, j’aime ce monde
Je l’aime, avec mon sang je fais son
Portrait, son beau visage, comme un
Epi de maïs, guirlande d’étoiles éteintes.
Mais les gens sont fatigués, ils s'en détournent
S'en détournent, et admirent les publicités
我的心爱着世界
爱着,在一个冬天的夜晚
轻轻吻她,像一个纯净的
野火,吻着全部草地
草地是温暖的,在尽头
有一片冰湖,湖底睡着鲈鱼
我的心爱着世界
她溶化了,像一朵霜花
溶进了我的血液,她
亲切地流着,从海洋流向
高山,流着,使眼睛变得蔚蓝
使早晨变得红润
我的心爱着世界
我爱着,用我的血液为她
画像,可爱的侧面像
玉米和群星的珠串不再闪耀
有些人疲倦了,转过头去
转过头去,去欣赏一张广告
De tout mon cœur, j’aime ce monde
De tout mon cœur, j’aime ce monde
Je l’aime, un soir d’hiver
Doucement embrassé, comme l’incendie
Pur, embrasse toute la plaine
La chaude plaine, au loin
Un lac glacé, au fond, un grand poisson qui dort
De tout mon cœur j’aime ce monde
Qui fond, comme une fleur glacée
Se fond en mon sang, qui
S’écoule, brûlant, de l’océan vers les
Sommets, coule avec des regards bleus
Et des matins rougeâtres
De tout mon cœur, j’aime ce monde
Je l’aime, avec mon sang je fais son
Portrait, son beau visage, comme un
Epi de maïs, guirlande d’étoiles éteintes.
Mais les gens sont fatigués, ils s'en détournent
S'en détournent, et admirent les publicités
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chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
mardi 7 avril 2009
Haizi - Quatre soeurs
四姐妹
荒凉的山岗上站着四姐妹
所有的风只向她们吹
所有的日子都为她们破碎
空气中的一棵麦子
高举到我的头顶
我身在这荒芜的山岗
怀念我空空的房间, 落满灰尘
我爱过的这糊涂的四姐妹啊
光芒四射的四姐妹
夜里我头枕卷册和神州
想起蓝色远方的四姐妹
我爱过的这糊涂的四姐妹啊
像爱着我亲手写下的四首诗
我的美丽的结伴而行的四姐妹
比命运女神还要多出一个
赶着美丽苍白的奶牛 走向月亮形的山峰
到了二月, 你是从哪里来的
天上滚过春天的雷, 你是从哪里来的
不和陌生人一起来
不和运货马车一起来
不和鸟群一起来
四姐妹抱着这一棵
一棵空气中的麦子
抱着昨天的大雪, 今天的雨水
明天的粮食与灰烬
这是绝望的麦子
请告诉四姐妹: 这是绝望的麦子
永远是这样
风后面是风
天空上面是天空
道路前面还是道路
Quatre sœurs
Sur la crête déserte, il y a quatre sœurs
Les vents ne soufflent que pour elles
Et tous les jours sont par elles brisés
Dans l’espace, un épi de blé
Aussi haut que le haut de ma tête
Mon corps, sur cette crête abandonnée
Se rappelle ma chambre vide
Où s’amoncelle la poussière
Ces quatre idiotes que j’aimais !
Quatre sœurs aux quatre rayons
La nuit, ma tête reposée
Sur les livres, la terre sacrée
Je pense aux quatre sœurs, dans les lointains bleutés
Ces quatre idiotes que j’aimais !
Comme j’aurais aimé
Quatre poèmes de ma main
Mes quatre jolies sœurs, en bande marchant
Une de plus que les Parques
Menant leurs jolies vaches blanches
Vers un sommet en forme de lune
Février que voici, d’où viens-tu ?
Orage qui roule dans le ciel de printemps, d’où viens-tu ?
Tu ne viens pas avec les gens
Tu ne viens pas sur les chariots des marchands
Tu ne viens pas avec un vol d’oiseaux
Les quatre sœurs embrassent l’épi
L’épi de blé dans l’espace
Embrassent les neiges d’hier
Les pluies d’aujourd’hui
Les récoltes et les cendres de demain
C’est le blé du désespoir
Alors, dites aux quatre sœurs : c’est le blé du désespoir
C’est toujours pareil
Après le vent, il y a le vent
Au dessus du ciel, il y a le ciel
Avant la route, encore la route
荒凉的山岗上站着四姐妹
所有的风只向她们吹
所有的日子都为她们破碎
空气中的一棵麦子
高举到我的头顶
我身在这荒芜的山岗
怀念我空空的房间, 落满灰尘
我爱过的这糊涂的四姐妹啊
光芒四射的四姐妹
夜里我头枕卷册和神州
想起蓝色远方的四姐妹
我爱过的这糊涂的四姐妹啊
像爱着我亲手写下的四首诗
我的美丽的结伴而行的四姐妹
比命运女神还要多出一个
赶着美丽苍白的奶牛 走向月亮形的山峰
到了二月, 你是从哪里来的
天上滚过春天的雷, 你是从哪里来的
不和陌生人一起来
不和运货马车一起来
不和鸟群一起来
四姐妹抱着这一棵
一棵空气中的麦子
抱着昨天的大雪, 今天的雨水
明天的粮食与灰烬
这是绝望的麦子
请告诉四姐妹: 这是绝望的麦子
永远是这样
风后面是风
天空上面是天空
道路前面还是道路
Quatre sœurs
Sur la crête déserte, il y a quatre sœurs
Les vents ne soufflent que pour elles
Et tous les jours sont par elles brisés
Dans l’espace, un épi de blé
Aussi haut que le haut de ma tête
Mon corps, sur cette crête abandonnée
Se rappelle ma chambre vide
Où s’amoncelle la poussière
Ces quatre idiotes que j’aimais !
Quatre sœurs aux quatre rayons
La nuit, ma tête reposée
Sur les livres, la terre sacrée
Je pense aux quatre sœurs, dans les lointains bleutés
Ces quatre idiotes que j’aimais !
Comme j’aurais aimé
Quatre poèmes de ma main
Mes quatre jolies sœurs, en bande marchant
Une de plus que les Parques
Menant leurs jolies vaches blanches
Vers un sommet en forme de lune
Février que voici, d’où viens-tu ?
Orage qui roule dans le ciel de printemps, d’où viens-tu ?
Tu ne viens pas avec les gens
Tu ne viens pas sur les chariots des marchands
Tu ne viens pas avec un vol d’oiseaux
Les quatre sœurs embrassent l’épi
L’épi de blé dans l’espace
Embrassent les neiges d’hier
Les pluies d’aujourd’hui
Les récoltes et les cendres de demain
C’est le blé du désespoir
Alors, dites aux quatre sœurs : c’est le blé du désespoir
C’est toujours pareil
Après le vent, il y a le vent
Au dessus du ciel, il y a le ciel
Avant la route, encore la route
Libellés :
chinois (moderne),
Haizi 海子 (1964-1989)
Haizi - Aube I
黎明(之一)
我把天空和大地打扫干干净净
归还一个陌不相识的人
我寂寞地等, 我阴沉地等
二月的雪, 二月的雨
泉水白白流淌
花朵为谁开放
永远是这样美丽负伤的麦子
吐着芳香, 站在山岗上
荒凉大地承受着荒凉天空的雷霆
圣书上卷是我的翅膀, 无比明亮
有时象一个阴沉沉的今天
圣书下卷肮脏而欢乐
当然也是我受伤的翅膀
荒凉大地承受着更加荒凉的天空
我空空荡荡的大地和天空
是上卷和下卷合成一本
的圣书, 是我重又劈开的肢体
流着雨雪、泪水在二月
Aube I
J’ai bien balayé le ciel et la terre
Et les ai rendus à un étranger
Seul j’attends, sombre j’attends
Les neiges de février, les pluies de février
L’eau de la source coule en vain
Pour qui s’épanouissent les fleurs ?
Toujours ce bel épi blessé
Qui répand ses parfums, debout sur la colline
Terre déserte, qui subit la foudre du ciel désolé
Ancien Testament, mes ailes, clarté sans pareille
Parfois semblable à ce jour sombre
Nouveau Testament, sale et joyeux
Aussi, bien sûr, mes ailes blessées
Terre déserte, qui subit un ciel encore plus désolé
Ma terre et mon ciel, vastes et vides
Sont les deux Testaments réunis en une
Bible, c’est mon corps démembré
D’où coulent pluies, et neiges,
Et larmes de Février.
我把天空和大地打扫干干净净
归还一个陌不相识的人
我寂寞地等, 我阴沉地等
二月的雪, 二月的雨
泉水白白流淌
花朵为谁开放
永远是这样美丽负伤的麦子
吐着芳香, 站在山岗上
荒凉大地承受着荒凉天空的雷霆
圣书上卷是我的翅膀, 无比明亮
有时象一个阴沉沉的今天
圣书下卷肮脏而欢乐
当然也是我受伤的翅膀
荒凉大地承受着更加荒凉的天空
我空空荡荡的大地和天空
是上卷和下卷合成一本
的圣书, 是我重又劈开的肢体
流着雨雪、泪水在二月
Aube I
J’ai bien balayé le ciel et la terre
Et les ai rendus à un étranger
Seul j’attends, sombre j’attends
Les neiges de février, les pluies de février
L’eau de la source coule en vain
Pour qui s’épanouissent les fleurs ?
Toujours ce bel épi blessé
Qui répand ses parfums, debout sur la colline
Terre déserte, qui subit la foudre du ciel désolé
Ancien Testament, mes ailes, clarté sans pareille
Parfois semblable à ce jour sombre
Nouveau Testament, sale et joyeux
Aussi, bien sûr, mes ailes blessées
Terre déserte, qui subit un ciel encore plus désolé
Ma terre et mon ciel, vastes et vides
Sont les deux Testaments réunis en une
Bible, c’est mon corps démembré
D’où coulent pluies, et neiges,
Et larmes de Février.
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chinois (moderne),
Haizi 海子 (1964-1989)
lundi 6 avril 2009
Gu Cheng - La terre est tordue
土地是弯曲的
土地是弯曲的
我看不见你
我只能远远看见
你心上的蓝天
蓝吗?真蓝
那蓝色就是语言
我想使世界感到愉快
微笑却凝固在嘴边
还是给我一朵云吧
擦去晴朗的时间
我的眼泪需要泪水
我的太阳需要安眠
La terre est tordue
La terre est tordue
Je ne te vois plus
Je ne vois au loin
Que ce ciel tout bleu
Par dessus ton cœur
Tout bleu ? vraiment bleu ?
Ce bleu est parole
Je voudrais un monde
Heureux, mais figé
Le sourire aux lèvres
Ou donne-moi un nuage
Qui efface ce beau temps
Mes pleurs ont besoin de larmes
Mon soleil besoin de calme
土地是弯曲的
我看不见你
我只能远远看见
你心上的蓝天
蓝吗?真蓝
那蓝色就是语言
我想使世界感到愉快
微笑却凝固在嘴边
还是给我一朵云吧
擦去晴朗的时间
我的眼泪需要泪水
我的太阳需要安眠
La terre est tordue
La terre est tordue
Je ne te vois plus
Je ne vois au loin
Que ce ciel tout bleu
Par dessus ton cœur
Tout bleu ? vraiment bleu ?
Ce bleu est parole
Je voudrais un monde
Heureux, mais figé
Le sourire aux lèvres
Ou donne-moi un nuage
Qui efface ce beau temps
Mes pleurs ont besoin de larmes
Mon soleil besoin de calme
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chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
samedi 4 avril 2009
Han Shan - Retour au pays
出生三十年,当游千万里。
行江青草合,入塞红尘起。
炼药空求仙,读书兼咏史。
今日归寒山,枕流兼洗耳。
Né depuis trente ans, j’ai vu du pays
Fleuve aux rives vertes, sable des confins
Livres, histoires lus, philtres bus en vain
Je rentre au mont Froid, baigner mon esprit
行江青草合,入塞红尘起。
炼药空求仙,读书兼咏史。
今日归寒山,枕流兼洗耳。
Né depuis trente ans, j’ai vu du pays
Fleuve aux rives vertes, sable des confins
Livres, histoires lus, philtres bus en vain
Je rentre au mont Froid, baigner mon esprit
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Han Shan
vendredi 20 mars 2009
GuCheng - Te rappelles tu cette rivière
还记得那条河吗?
还记得那条河吗?
她那么会拐弯
用小树叶遮住眼睛
然后,不发一言
我们走了好久
却没问清她从哪里来
最后,只发现
有一盏可爱的小灯
在河里悄悄洗澡
现在,河边没有花了
只有一条小路
白极了,像从大雪球里
抽出的一段棉线
黑皮肤的树
被冬天用魔法
固定在雪上
隔着水,他们也没忘记
要互相指责
水,仍在流着
在没有人的时候
就唱起不懂的歌
她从一个温暖的地方来
所以不怕感冒
她轻轻呵气
好像磨沙玻璃
她要在上面画画
我不会画画
我只会在雪地上写信
写下你想知道的一切
来吧,要不晚了
信会化的
刚懂事的花会把它偷走
交给吓人的熊蜂
然后,蜜就没了
只剩下一盏小灯
Te rappelles-tu cette rivière ?
Te rappelles-tu cette rivière
Qui serpentait tant
De feuilles nos yeux couverts
Et puis, plus un mot
Longtemps nous avons marché
Sans comprendre d’où elle venait
Et puis, seulement
Une adorable petite lampe
Dans la rivière, se baignant doucement
Maintenant, plus de fleurs sur la berge
Seulement un petit chemin
Tout blanc, comme si d’une boule de neige
On avait tiré un fil
Les arbres à l’écorce noire
Par un sortilège d’hiver
Cloués sur le sol enneigé
Près de l’eau, n’ont pas oublié
De se montrer du doigt
Et l’eau, toujours coulant
Même quand il n’y a personne
Chantant son air absurde
Elle vient d’un pays chaud
Bravant les rhumes
Elle souffle doucement
Comme pour polir la vitre
Sur laquelle elle veut dessiner
Je ne sais pas peindre
Je ne sais qu’écrire des mots sur la neige
Ecrire tout ce que tu veux savoir
Viens, car bientôt
Mes mots vont fondre
Les fleurs, enfin raisonnables, les emporteront
Les donneront aux effrayants bourdons
Et puis, il n’y aura plus de miel
Juste une petite lampe
还记得那条河吗?
她那么会拐弯
用小树叶遮住眼睛
然后,不发一言
我们走了好久
却没问清她从哪里来
最后,只发现
有一盏可爱的小灯
在河里悄悄洗澡
现在,河边没有花了
只有一条小路
白极了,像从大雪球里
抽出的一段棉线
黑皮肤的树
被冬天用魔法
固定在雪上
隔着水,他们也没忘记
要互相指责
水,仍在流着
在没有人的时候
就唱起不懂的歌
她从一个温暖的地方来
所以不怕感冒
她轻轻呵气
好像磨沙玻璃
她要在上面画画
我不会画画
我只会在雪地上写信
写下你想知道的一切
来吧,要不晚了
信会化的
刚懂事的花会把它偷走
交给吓人的熊蜂
然后,蜜就没了
只剩下一盏小灯
Te rappelles-tu cette rivière ?
Te rappelles-tu cette rivière
Qui serpentait tant
De feuilles nos yeux couverts
Et puis, plus un mot
Longtemps nous avons marché
Sans comprendre d’où elle venait
Et puis, seulement
Une adorable petite lampe
Dans la rivière, se baignant doucement
Maintenant, plus de fleurs sur la berge
Seulement un petit chemin
Tout blanc, comme si d’une boule de neige
On avait tiré un fil
Les arbres à l’écorce noire
Par un sortilège d’hiver
Cloués sur le sol enneigé
Près de l’eau, n’ont pas oublié
De se montrer du doigt
Et l’eau, toujours coulant
Même quand il n’y a personne
Chantant son air absurde
Elle vient d’un pays chaud
Bravant les rhumes
Elle souffle doucement
Comme pour polir la vitre
Sur laquelle elle veut dessiner
Je ne sais pas peindre
Je ne sais qu’écrire des mots sur la neige
Ecrire tout ce que tu veux savoir
Viens, car bientôt
Mes mots vont fondre
Les fleurs, enfin raisonnables, les emporteront
Les donneront aux effrayants bourdons
Et puis, il n’y aura plus de miel
Juste une petite lampe
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Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
Zhuangzi - Un bonheur de vairon
莊子與惠子游於濠梁之上。莊子曰:「鯈魚出游從容,是魚之樂也。」惠子曰︰
「子非魚,安知魚之樂?」莊子曰:「子非我,安知我不知魚之樂?」惠子曰「我非
子,固不知子矣;子固非魚也,子之不知魚之樂,全矣!」莊子曰:「請循其本。子
曰『汝安知魚樂』云者,既已知吾知之而問我。我知之濠上也。」
Zhuangzi et Huizi passaient sur un pont sur la Hao. Zhuangzi dit : « Les vairons nagent où ils veulent, un bonheur de poisson. » Huizi dit : « Tu n’es pas un poisson, comment sais tu qu’ils sont heureux ? » Zhuangzi répondit : « Tu n’es pas moi, comment sais tu que je ne le sais pas ? » Huizi répondit : « Je ne suis pas toi, donc je ne sais pas ce que tu penses. Toi, tu n’es pas un poisson, tu ne sais donc pas s’ils sont heureux. C’est tout ! » Zhuangzi dit : « Revenons au début. Quand tu m’as dit ‘comment sais tu qu’ils sont heureux’, tu m’as posé cette question parce que tu savais que je le savais. Et je le savais parce que j’étais là, sur la Hao ! »
「子非魚,安知魚之樂?」莊子曰:「子非我,安知我不知魚之樂?」惠子曰「我非
子,固不知子矣;子固非魚也,子之不知魚之樂,全矣!」莊子曰:「請循其本。子
曰『汝安知魚樂』云者,既已知吾知之而問我。我知之濠上也。」
Zhuangzi et Huizi passaient sur un pont sur la Hao. Zhuangzi dit : « Les vairons nagent où ils veulent, un bonheur de poisson. » Huizi dit : « Tu n’es pas un poisson, comment sais tu qu’ils sont heureux ? » Zhuangzi répondit : « Tu n’es pas moi, comment sais tu que je ne le sais pas ? » Huizi répondit : « Je ne suis pas toi, donc je ne sais pas ce que tu penses. Toi, tu n’es pas un poisson, tu ne sais donc pas s’ils sont heureux. C’est tout ! » Zhuangzi dit : « Revenons au début. Quand tu m’as dit ‘comment sais tu qu’ils sont heureux’, tu m’as posé cette question parce que tu savais que je le savais. Et je le savais parce que j’étais là, sur la Hao ! »
Libellés :
zhuangzi
jeudi 19 mars 2009
Xi Chuan - Noir
黑
黑是件好事
实实在在的而又不会走掉的黑
它作为终点最好
作为起点也好
它被别人杀害
但仍然活着
它谋求了我们的恩情
把生命看得不严
我大声疾呼:地面上的黑
与藏在事件里的黑
请统一起来
就像男人和女人一样统一起来
我们猛地达到黑夜
又猛地抓住任何数量的黑
我们前进!
Noir
Le noir, c’est une bonne chose
Ce noir honnête, qui ne se défile pas
Une parfaite conclusion
Un bon début aussi
Par d’autres assassiné
Pourtant toujours vivant
Implorant notre pitié
Insouciant, face au destin
Alors je crie : Noir de la terre
Noir caché dans les choses
Venez ensemble
Comme viennent ensemble hommes et femmes
Soudain, nous voici dans la nuit
Soudain, nous tenons tout ce noir
En avant !
黑是件好事
实实在在的而又不会走掉的黑
它作为终点最好
作为起点也好
它被别人杀害
但仍然活着
它谋求了我们的恩情
把生命看得不严
我大声疾呼:地面上的黑
与藏在事件里的黑
请统一起来
就像男人和女人一样统一起来
我们猛地达到黑夜
又猛地抓住任何数量的黑
我们前进!
Noir
Le noir, c’est une bonne chose
Ce noir honnête, qui ne se défile pas
Une parfaite conclusion
Un bon début aussi
Par d’autres assassiné
Pourtant toujours vivant
Implorant notre pitié
Insouciant, face au destin
Alors je crie : Noir de la terre
Noir caché dans les choses
Venez ensemble
Comme viennent ensemble hommes et femmes
Soudain, nous voici dans la nuit
Soudain, nous tenons tout ce noir
En avant !
Libellés :
chinois (moderne),
Xi Chuan 西川 (1963-)
lundi 9 mars 2009
Walt Whitman - Capitaine ! Mon Capitaine !
O Captain! My Captain!
O Captain! My Captain! our fearful trip is done;
The ship has weather'd every rack, the prize we sought is won;
The port is near, the bells I hear, the people all exulting,
While follow eyes the steady keel, the vessel grim and daring
But O heart! heart! heart!
O the bleeding drops of red,
Where on the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.
O Captain! My Captain! rise up and hear the bells;
Rise up-for you the flag is flung-for you the bugle trills;
For you bouquets and ribbon'd wreaths-for you the shores a-crowding;
For you they call, the swaying mass, their eager faces turning
Here Captain! dear father!
This arm beneath your head;
It is some dream that on the deck,
You've fallen cold and dead.
My Captain does not answer, his lips are pale and still;
My father does not feel my arm, he has no pulse or will;
The ship is anchor'd safe and sound, its voyage closed and done;
From fearful trip the victor ship comes in with object won
Exult, O shores, and ring, O bells!
But I with mournful tread,
Walk the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.
Capitaine ! Mon Capitaine!
Capitaine! Mon Capitaine! Notre affreux périple prend fin ;
Le navire a bravé la tempête, nos efforts n’ont pas été vains
Le port est proche, voici les cloches, et toute la foule est en liesse,
Et observant son droit sillage, ce vaisseau sombre et intrépide
Mais O mon Dieu ! Mon Dieu !Mon Dieu !
Ces gouttes, toutes rouges
Là où sur le pont mon Capitaine
Est tombé, froid et mort
Capitaine! Mon Capitaine! Lève toi, écoute ces cloches;
Lève toi –c’est pour toi ces drapeaux – pour toi ces clairons qui sonnent
Pour toi ces bouquets, ces rubans, pour toi cette foule sur le port
C’est toi qu’ils appellent, masses vacillantes, visages implorants
Capitaine ! Toi mon père !
Mon bras soutiens ton cou ;
Ce n’est qu’en rêve, que sur ce pont
Tu tombas, froid et mort
Mon capitaine ne répond pas, sa bouche est froide, immobile ;
Mon père ne sent plus mon bras, il n’a plus de pouls, plus de vie ;
Le navire au port, à l’abri, son périple enfin terminé
Vaisseau victorieux rentrant glorieux d’affreuse odyssée
La foule exulte, les cloches sonnent
Mais moi d’un pas morne
J’arpente le pont ou mon Capitaine
Est tombé, froid et mort
O Captain! My Captain! our fearful trip is done;
The ship has weather'd every rack, the prize we sought is won;
The port is near, the bells I hear, the people all exulting,
While follow eyes the steady keel, the vessel grim and daring
But O heart! heart! heart!
O the bleeding drops of red,
Where on the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.
O Captain! My Captain! rise up and hear the bells;
Rise up-for you the flag is flung-for you the bugle trills;
For you bouquets and ribbon'd wreaths-for you the shores a-crowding;
For you they call, the swaying mass, their eager faces turning
Here Captain! dear father!
This arm beneath your head;
It is some dream that on the deck,
You've fallen cold and dead.
My Captain does not answer, his lips are pale and still;
My father does not feel my arm, he has no pulse or will;
The ship is anchor'd safe and sound, its voyage closed and done;
From fearful trip the victor ship comes in with object won
Exult, O shores, and ring, O bells!
But I with mournful tread,
Walk the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.
Capitaine ! Mon Capitaine!
Capitaine! Mon Capitaine! Notre affreux périple prend fin ;
Le navire a bravé la tempête, nos efforts n’ont pas été vains
Le port est proche, voici les cloches, et toute la foule est en liesse,
Et observant son droit sillage, ce vaisseau sombre et intrépide
Mais O mon Dieu ! Mon Dieu !Mon Dieu !
Ces gouttes, toutes rouges
Là où sur le pont mon Capitaine
Est tombé, froid et mort
Capitaine! Mon Capitaine! Lève toi, écoute ces cloches;
Lève toi –c’est pour toi ces drapeaux – pour toi ces clairons qui sonnent
Pour toi ces bouquets, ces rubans, pour toi cette foule sur le port
C’est toi qu’ils appellent, masses vacillantes, visages implorants
Capitaine ! Toi mon père !
Mon bras soutiens ton cou ;
Ce n’est qu’en rêve, que sur ce pont
Tu tombas, froid et mort
Mon capitaine ne répond pas, sa bouche est froide, immobile ;
Mon père ne sent plus mon bras, il n’a plus de pouls, plus de vie ;
Le navire au port, à l’abri, son périple enfin terminé
Vaisseau victorieux rentrant glorieux d’affreuse odyssée
La foule exulte, les cloches sonnent
Mais moi d’un pas morne
J’arpente le pont ou mon Capitaine
Est tombé, froid et mort
Libellés :
anglais,
Walt Whitman (1819 - 1892)
Gu Cheng - Affaire
案件
黑夜
象一群又一群
蒙面人
悄悄走近
然后走开
我失去了梦
口袋里只剩下最小的分币
"我被劫了"
我对太阳说
太阳去追赶黑夜
又被另一群黑夜
所追赶
Affaire
La nuit
Comme meute après meute
De visages masqués
Qui s’approchent
Et puis s’en vont
J’ai perdu mon rêve
Dans ma poche, il ne reste qu’un tout petit sou
« On m’a dépouillé »
Je dis au soleil
Le soleil poursuit la nuit
Mais par une meute d’autres nuits
Est poursuivi
黑夜
象一群又一群
蒙面人
悄悄走近
然后走开
我失去了梦
口袋里只剩下最小的分币
"我被劫了"
我对太阳说
太阳去追赶黑夜
又被另一群黑夜
所追赶
Affaire
La nuit
Comme meute après meute
De visages masqués
Qui s’approchent
Et puis s’en vont
J’ai perdu mon rêve
Dans ma poche, il ne reste qu’un tout petit sou
« On m’a dépouillé »
Je dis au soleil
Le soleil poursuit la nuit
Mais par une meute d’autres nuits
Est poursuivi
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
Gu Cheng - Ruelle
小巷
小巷
又弯又长
没有门
没有窗
我拿把旧钥匙
敲着厚厚的墙
Ruelle
Ruelle
Biaise et longue
Ni porte
Ni fenêtre
Ma vieille clef à la main
Je frappe tes murs épais
小巷
又弯又长
没有门
没有窗
我拿把旧钥匙
敲着厚厚的墙
Ruelle
Ruelle
Biaise et longue
Ni porte
Ni fenêtre
Ma vieille clef à la main
Je frappe tes murs épais
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
lundi 23 février 2009
Shakespeare - Sonnet 130
My mistress' eyes are nothing like the sun;
Coral is far more red than her lips' red;
If snow be white, why then her breasts are dun;
If hairs be wires, black wires grow on her head.
I have seen roses damasked, red and white,
But no such roses see I in her cheeks;
And in some perfumes is there more delight
Than in the breath that from my mistress reeks.
I love to hear her speak, yet well I know
That music hath a far more pleasing sound;
I grant I never saw a goddess go;
My mistress when she walks treads on the ground.
And yet, by heaven, I think my love as rare
As any she belied with false compare.
Les yeux de mon amie n'ont rien du soleil
Le corail est bien plus rouge que ses lèvres
Si la neige est blanche, alors son sein est gris
Ses cheveux autant de fils noirs sur sa tête
J’ai vu la rose de Damas, rouge et blanche
Mais pareille fleur n'orne pas ses deux joues
On m’a fait sentir des parfums plus plaisants
Que l'odeur qui s’exhale de mon amie
J’aime l’entendre parler, pourtant je sais
Que la musique rend un son bien meilleur
J’admets n’avoir jamais vu marcher déesse
Mon amie, quand elle marche, a les pieds sur terre
Et pourtant, mon Dieu, mon amours est plus grand
Que ces amours nées d’images mensongères
Coral is far more red than her lips' red;
If snow be white, why then her breasts are dun;
If hairs be wires, black wires grow on her head.
I have seen roses damasked, red and white,
But no such roses see I in her cheeks;
And in some perfumes is there more delight
Than in the breath that from my mistress reeks.
I love to hear her speak, yet well I know
That music hath a far more pleasing sound;
I grant I never saw a goddess go;
My mistress when she walks treads on the ground.
And yet, by heaven, I think my love as rare
As any she belied with false compare.
Les yeux de mon amie n'ont rien du soleil
Le corail est bien plus rouge que ses lèvres
Si la neige est blanche, alors son sein est gris
Ses cheveux autant de fils noirs sur sa tête
J’ai vu la rose de Damas, rouge et blanche
Mais pareille fleur n'orne pas ses deux joues
On m’a fait sentir des parfums plus plaisants
Que l'odeur qui s’exhale de mon amie
J’aime l’entendre parler, pourtant je sais
Que la musique rend un son bien meilleur
J’admets n’avoir jamais vu marcher déesse
Mon amie, quand elle marche, a les pieds sur terre
Et pourtant, mon Dieu, mon amours est plus grand
Que ces amours nées d’images mensongères
Libellés :
anglais,
shakespeare
dimanche 22 février 2009
Gu Cheng - Quand
假如
假如钟声响了,
就请用羽毛,
把我安葬.
我将在冥夜中,
编织一对,
巨大的翅膀,
在我眷恋的祖国上空,
继续飞翔.
Quand
Quand mon heure sonnera
S’il vous plait, dans le duvet
Enterrez-moi en paix
Dans la nuit noire
Je me ferai deux
Immenses ailes
Et au dessus de ma chère patrie
Je reprendrai mon vol
假如钟声响了,
就请用羽毛,
把我安葬.
我将在冥夜中,
编织一对,
巨大的翅膀,
在我眷恋的祖国上空,
继续飞翔.
Quand
Quand mon heure sonnera
S’il vous plait, dans le duvet
Enterrez-moi en paix
Dans la nuit noire
Je me ferai deux
Immenses ailes
Et au dessus de ma chère patrie
Je reprendrai mon vol
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
jeudi 12 février 2009
Fu Jie - A Gu Cheng
给安息在墓床的顾城
他知道永逝将至
满心悲伤
遥远的孤岛吞没了
他的绝望和他的爱情
海越过重重叠叠的波浪
只带走他的诗
生命短暂,人世艰难
人们在海那边谈论他
说童话里长不大的孩子变成狼
有人说残酷,有人说惋惜
但这些他都不在乎,
他睡在松林间
等待下午穿透土丘的太阳
A Gucheng, qui repose en paix
Il savait qu’il faudrait partir
Et son cœur était triste
Une ile lointaine engloutit
Son désespoir et son amour
L’océan criblé de vagues
N’emporta que ses poèmes
Vie éphémère, monde cruel
Sur l’autre rivage, on dit
Que ce naïf, cet éternel enfant,
S’est changé en loup
Féroce, désespéré
Mais de cela, il n’a cure
Il dort, au milieu des pins
Attendant le soleil de midi
Qui perce, dans sa tombe
他知道永逝将至
满心悲伤
遥远的孤岛吞没了
他的绝望和他的爱情
海越过重重叠叠的波浪
只带走他的诗
生命短暂,人世艰难
人们在海那边谈论他
说童话里长不大的孩子变成狼
有人说残酷,有人说惋惜
但这些他都不在乎,
他睡在松林间
等待下午穿透土丘的太阳
A Gucheng, qui repose en paix
Il savait qu’il faudrait partir
Et son cœur était triste
Une ile lointaine engloutit
Son désespoir et son amour
L’océan criblé de vagues
N’emporta que ses poèmes
Vie éphémère, monde cruel
Sur l’autre rivage, on dit
Que ce naïf, cet éternel enfant,
S’est changé en loup
Féroce, désespéré
Mais de cela, il n’a cure
Il dort, au milieu des pins
Attendant le soleil de midi
Qui perce, dans sa tombe
Libellés :
chinois (moderne),
Fu Jie 傅杰
dimanche 8 février 2009
Xi Chuan - Jette tes moutons à la mer
把羊群赶下大海
请把羊群赶下大海,牧羊人,
请把世界留给石头——
黑夜的石头,在天空它们便是
璀璨的群星,你不会看见。
请把羊群赶下大海,牧羊人,
让大海从最底层掀起波澜。
海滨低地似乌云一般旷远,
剩下孤单的我们,在另一个世界面前。
凌厉的海风。你脸上的盐。
伟大的太阳在沉船的深渊。
灯塔走向大海,水上起了火焰
海岬以西河流的声音低缓。
告别昨天的一场大雨,
承受黑夜的压力、恐怖的摧残。
沉寂的树木接住波涛,
海岬以东汇合着我们两人的夏天
因为我站在道路的尽头发现
你是唯一可以走近的人;
我为你的羊群祝福:把它们赶下大海
我们相识在这一带荒凉的海岸。
Jette tes moutons à la mer
Jette tes moutons à la mer, berger
Rend le monde aux pierres --
Pierres de la nuit, dans le ciel comme des
Etoiles scintillantes, que tu ne saurais voir.
Jette tes moutons à la mer, berger
Que l’océan, du plus profond, soulève une vague.
Rivages bas, déserts comme un nuage noir
Nous laissant, seuls, devant un autre monde.
Impétueux vent marin, sel sur ton visage.
Puissant soleil au dessus des abimes naufrageurs
Phare tourné vers le large, flammes sur l’eau
Bruit du fleuve adouci, à l’ouest du cap
Adieu, orage d’hier, supporte
Le fardeau de la nuit, l’outrage de la peur
Les arbres silencieux arrêtent la houle
Nos étés se rassemblent, à l’est du cap
Parce qu’au bout de la route, j’ai découvert
Que tu étais le seul à pouvoir m’approcher
Pour tes moutons je fais ce vœu : jette les à la mer
Nous nous sommes rencontrés, sur cette grève désolée
请把羊群赶下大海,牧羊人,
请把世界留给石头——
黑夜的石头,在天空它们便是
璀璨的群星,你不会看见。
请把羊群赶下大海,牧羊人,
让大海从最底层掀起波澜。
海滨低地似乌云一般旷远,
剩下孤单的我们,在另一个世界面前。
凌厉的海风。你脸上的盐。
伟大的太阳在沉船的深渊。
灯塔走向大海,水上起了火焰
海岬以西河流的声音低缓。
告别昨天的一场大雨,
承受黑夜的压力、恐怖的摧残。
沉寂的树木接住波涛,
海岬以东汇合着我们两人的夏天
因为我站在道路的尽头发现
你是唯一可以走近的人;
我为你的羊群祝福:把它们赶下大海
我们相识在这一带荒凉的海岸。
Jette tes moutons à la mer
Jette tes moutons à la mer, berger
Rend le monde aux pierres --
Pierres de la nuit, dans le ciel comme des
Etoiles scintillantes, que tu ne saurais voir.
Jette tes moutons à la mer, berger
Que l’océan, du plus profond, soulève une vague.
Rivages bas, déserts comme un nuage noir
Nous laissant, seuls, devant un autre monde.
Impétueux vent marin, sel sur ton visage.
Puissant soleil au dessus des abimes naufrageurs
Phare tourné vers le large, flammes sur l’eau
Bruit du fleuve adouci, à l’ouest du cap
Adieu, orage d’hier, supporte
Le fardeau de la nuit, l’outrage de la peur
Les arbres silencieux arrêtent la houle
Nos étés se rassemblent, à l’est du cap
Parce qu’au bout de la route, j’ai découvert
Que tu étais le seul à pouvoir m’approcher
Pour tes moutons je fais ce vœu : jette les à la mer
Nous nous sommes rencontrés, sur cette grève désolée
Libellés :
chinois (moderne),
Xi Chuan 西川 (1963-)
Xi Chuan - Clair de lune
月光十四行
人在高楼上睡觉会梦见
一片月光下的葡萄园
会梦见自己身披一件大披风
摸到冰凉的葡萄架下
而风在吹着,月亮里
有哨声传来,那有时被称作
“黎明之路”的河流上纸船沉没
大雾飘过墓地般的葡萄园
而风在吹着,嗜血的枭鸟
围绕着葡萄园纵情歌唱
歌唱人类失传的安魂曲
这时你远离尘嚣,你拔出手枪
你梦见月光下的葡萄园
被一个身躯无情地压扁
Clair de lune - Sonnet
Quand on dort dans la tour, on voit en rêve
Un champ de raisins, éclairé par la lune
On rêve de son corps, roulé dans une cape
Caressé par les froides treilles
Et le vent souffle, sous la lune
Il va, sifflant, sur cette rivière appelée
Chemin de l’aube, où sombrent les bateaux de papier
Champ de raisin, cimetière où flotte la brume
Et le vent souffle, milans sanguinaires
Autour du champ de raisin, chantant tout leur saoul
Chantant un requiem à la chute des hommes
Alors, tu quittes ces lieux sales et bruyants, tu tires ton pistolet
Tu vois en rêve le champ de raisin, sous la lune
Par un corps, impitoyablement, broyé
人在高楼上睡觉会梦见
一片月光下的葡萄园
会梦见自己身披一件大披风
摸到冰凉的葡萄架下
而风在吹着,月亮里
有哨声传来,那有时被称作
“黎明之路”的河流上纸船沉没
大雾飘过墓地般的葡萄园
而风在吹着,嗜血的枭鸟
围绕着葡萄园纵情歌唱
歌唱人类失传的安魂曲
这时你远离尘嚣,你拔出手枪
你梦见月光下的葡萄园
被一个身躯无情地压扁
Clair de lune - Sonnet
Quand on dort dans la tour, on voit en rêve
Un champ de raisins, éclairé par la lune
On rêve de son corps, roulé dans une cape
Caressé par les froides treilles
Et le vent souffle, sous la lune
Il va, sifflant, sur cette rivière appelée
Chemin de l’aube, où sombrent les bateaux de papier
Champ de raisin, cimetière où flotte la brume
Et le vent souffle, milans sanguinaires
Autour du champ de raisin, chantant tout leur saoul
Chantant un requiem à la chute des hommes
Alors, tu quittes ces lieux sales et bruyants, tu tires ton pistolet
Tu vois en rêve le champ de raisin, sous la lune
Par un corps, impitoyablement, broyé
Libellés :
chinois (moderne),
Xi Chuan 西川 (1963-)
samedi 7 février 2009
Gu Cheng - Lit de mort
墓床
我知道永逝降临,
并不悲伤
松林中安放着我的愿望
下边有海,远看像水池
一点点跟我的是下午的阳光
人时已尽,人世很长
我在中间应当休息
走过的人说树枝低了
走过的人说树枝在长
Lit de mort
Je sais que le grand départ approche
Mais je ne suis pas triste
Dans une forêt de pins, mes désirs reposent en paix
En contrebas, la mer, au loin, comme un étang
Et, me suivant pas à pas, le soleil de midi
Une vie prend fin, le monde continue
C’est ici que je vais m’allonger
Ceux qui sont passés là disent que les branches tombent
Ceux qui sont passés là disent que les branches poussent
我知道永逝降临,
并不悲伤
松林中安放着我的愿望
下边有海,远看像水池
一点点跟我的是下午的阳光
人时已尽,人世很长
我在中间应当休息
走过的人说树枝低了
走过的人说树枝在长
Lit de mort
Je sais que le grand départ approche
Mais je ne suis pas triste
Dans une forêt de pins, mes désirs reposent en paix
En contrebas, la mer, au loin, comme un étang
Et, me suivant pas à pas, le soleil de midi
Une vie prend fin, le monde continue
C’est ici que je vais m’allonger
Ceux qui sont passés là disent que les branches tombent
Ceux qui sont passés là disent que les branches poussent
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
mercredi 4 février 2009
Gu Cheng - Je suis une pirogue
我的独木船
(一)
我的独木船,
没有桨,没有风帆,
飘在大海中间,
飘在大海中间,
没有桨,没有风帆。
风呵,命运的风呵,
感情的波澜,
请把我吞没,
或送回彼岸,
即使是梦幻,
即使是梦幻……
我在盼望那,
沉静的港湾;
我在盼望那,
黄金的海滩;
我在盼望那——
岸边的姑娘
和她相见,
和她相见,
和她相见!
(二)
我的独木船,
没有舵,没有绳缆,
飘在人世间,
飘在人世间,
没有舵,没有绳缆。
风呵,命运的风呵,
感情的波澜,
请把我埋葬,
或送回家园,
即使是碎片,
即使是碎片……
我在想念那,
美丽的栈桥;
我在想念那,
含泪的灯盏;
我在想念那——
灯下的母亲
祝她晚安,
祝她晚安,
祝她晚安!
Je suis une pirogue
(1)
Je suis une pirogue
Sans rame, sans voile
Voguant sur l’océan
Voguant sur l’océan
Sans rame, sans voile
Vents ! Vents du destin !
Vagues des sentiments
Engloutissez moi
Ou menez moi sur l’autre rive
Même si ce n’est qu’un rêve
Même si ce n’est qu’un rêve
Je rêve de ce
Havre de paix
Je rêve de cette
Plage dorée
Je rêve de cette ---
Fille des grèves
La rencontrer
La rencontrer
La rencontrer !
(2)
Je suis une pirogue
Sans gouverne, sans amarre
Voguant sur le monde
Voguant sur le monde
Sans gouverne, sans amarre
Vents ! Vents du destin !
Vagues des sentiments
Enterrez moi
Ou menez moi chez moi
Même si tout est en miettes
Même si tout est en miettes
Je me rappelle cette
Belle auberge
Je me rappelle cette
Lampe qui retenait ses larmes
Je me rappelle cette
Mère sous la lampe
Lui dire bonne nuit
Lui dire bonne nuit
Lui dire bonne nuit !
(一)
我的独木船,
没有桨,没有风帆,
飘在大海中间,
飘在大海中间,
没有桨,没有风帆。
风呵,命运的风呵,
感情的波澜,
请把我吞没,
或送回彼岸,
即使是梦幻,
即使是梦幻……
我在盼望那,
沉静的港湾;
我在盼望那,
黄金的海滩;
我在盼望那——
岸边的姑娘
和她相见,
和她相见,
和她相见!
(二)
我的独木船,
没有舵,没有绳缆,
飘在人世间,
飘在人世间,
没有舵,没有绳缆。
风呵,命运的风呵,
感情的波澜,
请把我埋葬,
或送回家园,
即使是碎片,
即使是碎片……
我在想念那,
美丽的栈桥;
我在想念那,
含泪的灯盏;
我在想念那——
灯下的母亲
祝她晚安,
祝她晚安,
祝她晚安!
Je suis une pirogue
(1)
Je suis une pirogue
Sans rame, sans voile
Voguant sur l’océan
Voguant sur l’océan
Sans rame, sans voile
Vents ! Vents du destin !
Vagues des sentiments
Engloutissez moi
Ou menez moi sur l’autre rive
Même si ce n’est qu’un rêve
Même si ce n’est qu’un rêve
Je rêve de ce
Havre de paix
Je rêve de cette
Plage dorée
Je rêve de cette ---
Fille des grèves
La rencontrer
La rencontrer
La rencontrer !
(2)
Je suis une pirogue
Sans gouverne, sans amarre
Voguant sur le monde
Voguant sur le monde
Sans gouverne, sans amarre
Vents ! Vents du destin !
Vagues des sentiments
Enterrez moi
Ou menez moi chez moi
Même si tout est en miettes
Même si tout est en miettes
Je me rappelle cette
Belle auberge
Je me rappelle cette
Lampe qui retenait ses larmes
Je me rappelle cette
Mère sous la lampe
Lui dire bonne nuit
Lui dire bonne nuit
Lui dire bonne nuit !
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
mardi 3 février 2009
Ge Mai - Frontière
界限
发现我的,是一本书;是不可能的。
飞是不可能的。
居住在一家核桃的内部,是不可能的。
三根弦的吉他是不可能的。
让田野装满痛苦,是不可能的。
双倍的激情是不可能的。
忘却词汇,是不可能的。
留,是不可能的。
和上帝一起宵夜,是不可能的。
死是不可能的。
Frontière
Me découvrir, dans un livre, ce n’est pas possible
Voler, ce n’est pas possible
Habiter un noyau de pêche, ce n’est pas possible
Une guitare à trois cordes, ce n’est pas possible
Remplir la campagne de douleur, ce n’est pas possible
Les sentiments partagés, ce n’est pas possible
Perdre le fil de son discours, ce n’est pas possible
Rester, ce n’est pas possible
Souper avec Dieu, ce n’est pas possible
Mourir, ce n’est pas possible
发现我的,是一本书;是不可能的。
飞是不可能的。
居住在一家核桃的内部,是不可能的。
三根弦的吉他是不可能的。
让田野装满痛苦,是不可能的。
双倍的激情是不可能的。
忘却词汇,是不可能的。
留,是不可能的。
和上帝一起宵夜,是不可能的。
死是不可能的。
Frontière
Me découvrir, dans un livre, ce n’est pas possible
Voler, ce n’est pas possible
Habiter un noyau de pêche, ce n’est pas possible
Une guitare à trois cordes, ce n’est pas possible
Remplir la campagne de douleur, ce n’est pas possible
Les sentiments partagés, ce n’est pas possible
Perdre le fil de son discours, ce n’est pas possible
Rester, ce n’est pas possible
Souper avec Dieu, ce n’est pas possible
Mourir, ce n’est pas possible
Libellés :
chinois (moderne),
Ge Mai 戈麦 (1967-1991)
lundi 2 février 2009
Mang Ke - Dans la muraille
大墙之内
大墙之内
忽明忽暗
忽冷忽热
我听你的声音无声
你看我的身影无影
大墙之内是我的梦境
往事纷飞
旧日成灰
荒废了那么长的岁月
摧毁了那么多的人
我的梦中火光冲天
燃烧的是头颅
沉默的是愤怒
时光在倒流
前后数十年
不过是一眨眼
心在心之外
人在人中间
忽前忽后
忽左忽右
我不是我的尽头
你也不是你的终点
终于,墙倒
梦飞散
死灰不再复燃
听我说
我对你并非随随便便
我对你的迷恋也绝不止就在生前
Dans la muraille
Dans la muraille
Tantôt claire tantôt sombre
Tantôt froide tantôt chaude
J’entends ta voix silencieuse
Tu vois ma silhouette sans ombre
Dans la muraille c’est dans mon rêve
Le passé s’envole
Hier devient cendre
Abandonnés ces longs mois
Brisés tous ces hommes
Dans mon rêve flammes jusqu’au ciel
Embrasé : le crâne
Silencieuse : colère
Les moments s’écoulent
Dix années qui passent
Ne sont qu’un clin d’oeil
Cœur hors du coeur
Homme dans l’homme
Tantôt avant tantôt après
Tantôt à gauche tantôt à droite
Je ne suis pas mon terme
Tu n’es pas ta fin
Enfin, la muraille tombe
Le rêve s’envole
Les braises mortes ne se rallument plus
Ecoute-moi
Je ne t’ai jamais négligée
Mon amour fou pour toi ne finira pas avec nos vies
大墙之内
忽明忽暗
忽冷忽热
我听你的声音无声
你看我的身影无影
大墙之内是我的梦境
往事纷飞
旧日成灰
荒废了那么长的岁月
摧毁了那么多的人
我的梦中火光冲天
燃烧的是头颅
沉默的是愤怒
时光在倒流
前后数十年
不过是一眨眼
心在心之外
人在人中间
忽前忽后
忽左忽右
我不是我的尽头
你也不是你的终点
终于,墙倒
梦飞散
死灰不再复燃
听我说
我对你并非随随便便
我对你的迷恋也绝不止就在生前
Dans la muraille
Dans la muraille
Tantôt claire tantôt sombre
Tantôt froide tantôt chaude
J’entends ta voix silencieuse
Tu vois ma silhouette sans ombre
Dans la muraille c’est dans mon rêve
Le passé s’envole
Hier devient cendre
Abandonnés ces longs mois
Brisés tous ces hommes
Dans mon rêve flammes jusqu’au ciel
Embrasé : le crâne
Silencieuse : colère
Les moments s’écoulent
Dix années qui passent
Ne sont qu’un clin d’oeil
Cœur hors du coeur
Homme dans l’homme
Tantôt avant tantôt après
Tantôt à gauche tantôt à droite
Je ne suis pas mon terme
Tu n’es pas ta fin
Enfin, la muraille tombe
Le rêve s’envole
Les braises mortes ne se rallument plus
Ecoute-moi
Je ne t’ai jamais négligée
Mon amour fou pour toi ne finira pas avec nos vies
Libellés :
chinois (moderne),
Mang Ke 芒克 (1951-)
dimanche 1 février 2009
Mang Ke - Ferme les yeux
把眼睛闭上
把眼睛闭上
把自己埋葬
这样你就不会再看到
太阳那朵鲜红的花
是怎样被掐下来
被扔在地上
又是怎样被黑夜
恶狠狠地踩上一脚
把眼睛闭上
把自己埋葬
这样你就会与世隔绝
你就不会再感到悲伤
噢,我们这些人啊
我们无非是这般下场
你是从黑暗中来的
你还将在黑暗中化为乌有
Ferme les yeux
Ferme les yeux
Enterre-toi
Comme ça tu ne verras plus
Le soleil cette fleur vermeille
Ainsi cueillie
Jetée à terre
Ainsi par la nuit noire
Férocement foulée aux pieds
Ferme les yeux
Enterre-toi
Comme ça tu laisseras le monde
Tu n’auras plus de peine
Hélas, les gens comme nous !
Toujours pareils destins
Tu viens de l’ombre
C’est encore dans l’ombre
Que tu deviendras néant
把眼睛闭上
把自己埋葬
这样你就不会再看到
太阳那朵鲜红的花
是怎样被掐下来
被扔在地上
又是怎样被黑夜
恶狠狠地踩上一脚
把眼睛闭上
把自己埋葬
这样你就会与世隔绝
你就不会再感到悲伤
噢,我们这些人啊
我们无非是这般下场
你是从黑暗中来的
你还将在黑暗中化为乌有
Ferme les yeux
Ferme les yeux
Enterre-toi
Comme ça tu ne verras plus
Le soleil cette fleur vermeille
Ainsi cueillie
Jetée à terre
Ainsi par la nuit noire
Férocement foulée aux pieds
Ferme les yeux
Enterre-toi
Comme ça tu laisseras le monde
Tu n’auras plus de peine
Hélas, les gens comme nous !
Toujours pareils destins
Tu viens de l’ombre
C’est encore dans l’ombre
Que tu deviendras néant
Libellés :
chinois (moderne),
Mang Ke 芒克 (1951-)
dimanche 25 janvier 2009
Song Xiaoxian (1966-) - Peur
宋晓贤 - 惧怕
我出生一个恐惧的时期
那个时代留给我的
是脆弱的肉体和心灵
我每天都在惧怕,担忧
疑虑重重
我怕上街,怕车不长眼睛
怕热带的太阳,怕闪电
怕骗子近前搭话,也怕熟人跟我疏远
怕身体出问题,怕牙齿掉得过早
怕功能消退,怕病怕死
怕失业,怕将来没吃的
养不活妻儿和自己
怕未来,也怕过去的罪孽找上门来
惧怕住在我家,住在我心里
跟我聊天,拥抱我
这些年,它跟我成为了老朋友
比我的爱人还要亲
但,我所惧怕的迎面而来
我的生命 一点点被所我惧怕的强盗
夺走
2007年
Peur
Je suis né en des temps effrayants
Ce que m’a laissé cette époque
C’est un corps et un esprit fragiles
Tous les jours, j’ai peur, je m’inquiète
Tout m’effraie
J’ai peur de sortir, peur des voitures aveugles
Peur du soleil des tropiques, peur des éclairs
Peur que des escrocs m’abordent, peur que des proches s’éloignent
Peur pour ma santé, peur que mes dents tombent, déjà
Peur d’être impuissant, peur d’être malade, peur de mourir
Peur d’être chômeur, peur de n’avoir plus rien à manger
De ne pouvoir nous nourrir, ma femme ma fille et moi
Peur de l’avenir, peur des fantômes du passé
La peur habite ma maison, elle habite mon cœur
Elle bavarde, elle m’embrasse
Avec les années, nous sommes devenus amis
Elle m'est plus proche que ma femme
Mais, ce dont j’ai peur est toujours là
Et ma vie est, peu à peu, par ces effrayants brigands
Dérobée
我出生一个恐惧的时期
那个时代留给我的
是脆弱的肉体和心灵
我每天都在惧怕,担忧
疑虑重重
我怕上街,怕车不长眼睛
怕热带的太阳,怕闪电
怕骗子近前搭话,也怕熟人跟我疏远
怕身体出问题,怕牙齿掉得过早
怕功能消退,怕病怕死
怕失业,怕将来没吃的
养不活妻儿和自己
怕未来,也怕过去的罪孽找上门来
惧怕住在我家,住在我心里
跟我聊天,拥抱我
这些年,它跟我成为了老朋友
比我的爱人还要亲
但,我所惧怕的迎面而来
我的生命 一点点被所我惧怕的强盗
夺走
2007年
Peur
Je suis né en des temps effrayants
Ce que m’a laissé cette époque
C’est un corps et un esprit fragiles
Tous les jours, j’ai peur, je m’inquiète
Tout m’effraie
J’ai peur de sortir, peur des voitures aveugles
Peur du soleil des tropiques, peur des éclairs
Peur que des escrocs m’abordent, peur que des proches s’éloignent
Peur pour ma santé, peur que mes dents tombent, déjà
Peur d’être impuissant, peur d’être malade, peur de mourir
Peur d’être chômeur, peur de n’avoir plus rien à manger
De ne pouvoir nous nourrir, ma femme ma fille et moi
Peur de l’avenir, peur des fantômes du passé
La peur habite ma maison, elle habite mon cœur
Elle bavarde, elle m’embrasse
Avec les années, nous sommes devenus amis
Elle m'est plus proche que ma femme
Mais, ce dont j’ai peur est toujours là
Et ma vie est, peu à peu, par ces effrayants brigands
Dérobée
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chinois (moderne),
Song Xiaoxian 宋晓贤 (1966-)
Haizi - Regrets de Qilian (2)
怅望祁连(之二)
星宿 刀 乳房
这就是雪水上流下来的东西
« 亡我祁连山 使我牛羊不蕃息
失我胭脂山 令我妇女无颜色 »
只有黑色牲畜的尾巴
鸟的尾巴
鱼的尾巴
儿子们脱落的尾巴
象七种蓝星下
插在屁股上的麦芒
风中拂动
雪水中拂动。
Regrets de Qilian (2)
Constellation couteau seins
Choses qui coulent dans l’eau du dégel
Queues d’oiseaux
Queues de poissons
Queues tombantes des enfants
Comme, sous les étoiles bleues, sept
Epis de blé plantés sur leurs fesses
Balayés par le vent
Balayés par l’eau du dégel
星宿 刀 乳房
这就是雪水上流下来的东西
« 亡我祁连山 使我牛羊不蕃息
失我胭脂山 令我妇女无颜色 »
只有黑色牲畜的尾巴
鸟的尾巴
鱼的尾巴
儿子们脱落的尾巴
象七种蓝星下
插在屁股上的麦芒
风中拂动
雪水中拂动。
Regrets de Qilian (2)
Constellation couteau seins
Choses qui coulent dans l’eau du dégel
"Le mont Qilian n’est plus, les troupeaux périssentJuste les queues noires du bétail
Le mont Fard est parti, les femmes pâlissent"
Queues d’oiseaux
Queues de poissons
Queues tombantes des enfants
Comme, sous les étoiles bleues, sept
Epis de blé plantés sur leurs fesses
Balayés par le vent
Balayés par l’eau du dégel
Libellés :
chinois (moderne),
Haizi 海子 (1964-1989)
Haizi - Regrets de Qilian (1)
怅望祁连(之一)
那些是在过去死去的马匹
在明天死去的马匹
因为我的存在
它们在今天不死
它们在今天的湖泊里饮水食盐。
天空上的大鸟
从一棵樱桃
或马骷髅中
射下雪来。
于是马匹无比安静
这是我的马匹
它们只在今天的湖泊里饮水食盐。
Regrets de Qilian (1)
Voilà les chevaux morts autrefois
Et les chevaux qui mourront demain
Mais parce que je vis
Ils ne meurent pas aujourd’hui
Dans le lac d’aujourd’hui, ils boivent de l’eau, et mangent du sel.
Les grands oiseaux dans le ciel
D’une cerise
Ou des ossements d’un cheval
Font tomber la neige.
Alors les chevaux sont si calmes
Ce sont mes chevaux
Qui se contentent, dans le lac d’aujourd’hui, de boire de l’eau, et de manger du sel
那些是在过去死去的马匹
在明天死去的马匹
因为我的存在
它们在今天不死
它们在今天的湖泊里饮水食盐。
天空上的大鸟
从一棵樱桃
或马骷髅中
射下雪来。
于是马匹无比安静
这是我的马匹
它们只在今天的湖泊里饮水食盐。
Regrets de Qilian (1)
Voilà les chevaux morts autrefois
Et les chevaux qui mourront demain
Mais parce que je vis
Ils ne meurent pas aujourd’hui
Dans le lac d’aujourd’hui, ils boivent de l’eau, et mangent du sel.
Les grands oiseaux dans le ciel
D’une cerise
Ou des ossements d’un cheval
Font tomber la neige.
Alors les chevaux sont si calmes
Ce sont mes chevaux
Qui se contentent, dans le lac d’aujourd’hui, de boire de l’eau, et de manger du sel
Libellés :
chinois (moderne),
Haizi 海子 (1964-1989)
vendredi 23 janvier 2009
Gu Cheng - A cause de la lune
因为有月亮
因为有月亮
你走远了
站在远远的路口上
看着我
我不会发光
因为有月亮
你熄灯了
打开一扇又一扇圆窗
等着我
我不会升降
因为有月亮
你睡着了
不再害怕自己的梦想
想着我
我将是太阳
一九八一年二月
A cause de la lune
A cause de la lune
Tu es partie
A la croisée de routes lointaines
Me regardant
Je ne brille pas
A cause de la lune
Tu as éteint
Ouvrant chaque fenêtre ronde
M’attendant
Je ne me lève pas
A cause de la lune
Tu t’es endormie
Plus jamais effrayée par tes rêves
Pensant à moi
Je serai le soleil
(Février 1981)
因为有月亮
你走远了
站在远远的路口上
看着我
我不会发光
因为有月亮
你熄灯了
打开一扇又一扇圆窗
等着我
我不会升降
因为有月亮
你睡着了
不再害怕自己的梦想
想着我
我将是太阳
一九八一年二月
A cause de la lune
A cause de la lune
Tu es partie
A la croisée de routes lointaines
Me regardant
Je ne brille pas
A cause de la lune
Tu as éteint
Ouvrant chaque fenêtre ronde
M’attendant
Je ne me lève pas
A cause de la lune
Tu t’es endormie
Plus jamais effrayée par tes rêves
Pensant à moi
Je serai le soleil
(Février 1981)
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chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
Mang Ke - C'est quel jour, aujourd'hui?
今天是哪一天
几点了
我问你时间
什么时间?它在哪儿
可怜的时间正龟缩在表壳下面
灯光黝黑
(这或许是你的皮肤)
酒杯清脆
(你好像是在狂吻赤裸的流水)
无人注视
(水的肢体在迷人地舞动)
空气忙碌
四周是欢快的烟雾
再来一杯!别去管它
什么时间不时间的
你知道时间有多少岁
无人在意
我们没有喝醉
(胡言乱语的只是酒杯)
无人离去
(今天是哪一天)
想了又想
你知道吗
今天一定离我们非常遥远
C'est quel jour, aujourd’hui ?
Quelle heure est-il ?
Je te demande l’heure
Quelle heure ? Où est-elle
Pauvre heure, blottie sous la montre
Lumière noire des lampes
(C’est peut être ta peau)
Verre de vin clair
(On dirait que tu embrasses sauvagement l'eau vive nue)
Personne ne regarde
(Les bras de l’eau dansent, fascinants)
L’espace grouille
Partout, de fumée de cigarettes joyeuses
Encore un verre ! T’occupe
Quelle heure il est, ou il n’est pas
Tu sais quel âge a l’heure
Personne n’y pense
Nous ne somme pas ivres
(Les délires, c’est juste les verres de vin)
Personne ne part
(C'est quel jour, aujourd’hui)
Pense et repense
Tu sais
Aujourd’hui, pour nous, c’est vraiment très loin
几点了
我问你时间
什么时间?它在哪儿
可怜的时间正龟缩在表壳下面
灯光黝黑
(这或许是你的皮肤)
酒杯清脆
(你好像是在狂吻赤裸的流水)
无人注视
(水的肢体在迷人地舞动)
空气忙碌
四周是欢快的烟雾
再来一杯!别去管它
什么时间不时间的
你知道时间有多少岁
无人在意
我们没有喝醉
(胡言乱语的只是酒杯)
无人离去
(今天是哪一天)
想了又想
你知道吗
今天一定离我们非常遥远
C'est quel jour, aujourd’hui ?
Quelle heure est-il ?
Je te demande l’heure
Quelle heure ? Où est-elle
Pauvre heure, blottie sous la montre
Lumière noire des lampes
(C’est peut être ta peau)
Verre de vin clair
(On dirait que tu embrasses sauvagement l'eau vive nue)
Personne ne regarde
(Les bras de l’eau dansent, fascinants)
L’espace grouille
Partout, de fumée de cigarettes joyeuses
Encore un verre ! T’occupe
Quelle heure il est, ou il n’est pas
Tu sais quel âge a l’heure
Personne n’y pense
Nous ne somme pas ivres
(Les délires, c’est juste les verres de vin)
Personne ne part
(C'est quel jour, aujourd’hui)
Pense et repense
Tu sais
Aujourd’hui, pour nous, c’est vraiment très loin
Libellés :
chinois (moderne),
Mang Ke 芒克 (1951-)
lundi 19 janvier 2009
Haizi - Le soleil bat la terre
歌: 阳光打在地上
阳光打在地上
并不见得
我的胸口在疼
疼又怎样
阳光打在地上
这地上
有人埋过羊骨
有人运过箱子、陶瓶和宝石
有人见过牧猪人。那是长久的漂泊之后
阳光打在地上。阳光依然打在地上
这地上
少女们多得好象
我真有这么多女儿
真的生下过这么多女儿
真的曾经这样幸福
用一根水勺子
用小豆、菠菜、油菜
把她们养大
阳光打在地上
Chanson : le soleil bat la terre
Le soleil bat la terre
Ce n'est pas pour ça
Que j'ai cette douleur
Douleur et alors
Le soleil bat la terre
Cette terre
Où l’on a enterré des os de mouton
Où l’on a déplacé des coffres, des vases et des gemmes
Où l’on a vu des gens qui gardaient des cochons, après un long voyage
Le soleil bat la terre. Le soleil bat encore la terre
Cette terre
Jeunes filles, nombreuses comme si
J’avais eu toutes ces filles
J’avais donné naissance à toutes ces filles
J’avais été si heureux
Et d’une louche
De pois, d’épinards, de colza
Je les avait élevées
Le soleil bat la terre
阳光打在地上
并不见得
我的胸口在疼
疼又怎样
阳光打在地上
这地上
有人埋过羊骨
有人运过箱子、陶瓶和宝石
有人见过牧猪人。那是长久的漂泊之后
阳光打在地上。阳光依然打在地上
这地上
少女们多得好象
我真有这么多女儿
真的生下过这么多女儿
真的曾经这样幸福
用一根水勺子
用小豆、菠菜、油菜
把她们养大
阳光打在地上
Chanson : le soleil bat la terre
Le soleil bat la terre
Ce n'est pas pour ça
Que j'ai cette douleur
Douleur et alors
Le soleil bat la terre
Cette terre
Où l’on a enterré des os de mouton
Où l’on a déplacé des coffres, des vases et des gemmes
Où l’on a vu des gens qui gardaient des cochons, après un long voyage
Le soleil bat la terre. Le soleil bat encore la terre
Cette terre
Jeunes filles, nombreuses comme si
J’avais eu toutes ces filles
J’avais donné naissance à toutes ces filles
J’avais été si heureux
Et d’une louche
De pois, d’épinards, de colza
Je les avait élevées
Le soleil bat la terre
Libellés :
chinois (moderne),
Haizi 海子 (1964-1989)
samedi 17 janvier 2009
Gu Cheng - Un poète, ça n’a pas de travail
一个诗人,没有工作
工作,不是工作,而是饭盒
一个诗人,没有工作
便没有一把小刀
可以从国家的大面包上
每个月切下薄薄的一片
奇怪,他还活着
还写个不停,并且快乐
许许多多人对他说
不要写得太多
太多,就会变成泥土
诗人回答
本来就是泥土
但泥土可以长出花朵
诗人不停地写着
诗人没有工作
没有一把小刀
只有一个空饭盒
1981.7
Un poete, ça n’a pas de travail
Le travail, ce n’est pas du travail, c’est une gamelle
Un poete, ça n’a pas de travail
Même pas un petit couteau
Pour, dans le grand pain du pays
Couper chaque mois une maigre tranche
C’est étrange, ça vit, pourtant
Ca écrit sans cesse, et c’est heureux
Plein de gens lui disent
De ne pas trop écrire
Trop, ca devient de la boue
Le poete répond
C’est juste de la boue
Mais la boue fait pousser les fleurs
Un poete, ça écrit sans cesse
Un poete ça n’a pas de travail
Même pas un petit couteau
Juste une gamelle vide
(Juillet 1981)
工作,不是工作,而是饭盒
一个诗人,没有工作
便没有一把小刀
可以从国家的大面包上
每个月切下薄薄的一片
奇怪,他还活着
还写个不停,并且快乐
许许多多人对他说
不要写得太多
太多,就会变成泥土
诗人回答
本来就是泥土
但泥土可以长出花朵
诗人不停地写着
诗人没有工作
没有一把小刀
只有一个空饭盒
1981.7
Un poete, ça n’a pas de travail
Le travail, ce n’est pas du travail, c’est une gamelle
Un poete, ça n’a pas de travail
Même pas un petit couteau
Pour, dans le grand pain du pays
Couper chaque mois une maigre tranche
C’est étrange, ça vit, pourtant
Ca écrit sans cesse, et c’est heureux
Plein de gens lui disent
De ne pas trop écrire
Trop, ca devient de la boue
Le poete répond
C’est juste de la boue
Mais la boue fait pousser les fleurs
Un poete, ça écrit sans cesse
Un poete ça n’a pas de travail
Même pas un petit couteau
Juste une gamelle vide
(Juillet 1981)
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
Gu Cheng - Le pull rouge
红毛衣
小时候
我哭过
我要穿红毛衣
我看见一个小女孩
穿着它
在暖洋洋的草原上走
在淡红的太阳中走
像一团小小的火焰
可是,我没穿
因为
我是个男孩子
我有一团
太阳般的红毛线
我不会织,而且不敢
我是男孩子
我害怕那些会笑的同伴
我永远不能穿红毛衣
我哭了
因为永远
一九八一.十
Le pull rouge
Quand j’étais petit
J’ai pleuré
Je voulais mettre un pull rouge
J’avais vu une petite fille
Qui en portait un
Dans les chaudes et immenses plaines, allant
Dans le soleil rouge pâle, allant
Comme une petite flamme
Mais, je ne l’ai pas mis
Parce que
Je suis un garçon
J’ai une pelote
De laine rouge comme un soleil
Je ne sais pas tricoter, de toutes façons je n’oserais pas
Je suis un garçon
J’aurais peur que mes camarades se moquent
Je ne pourrai jamais mettre un pull rouge
Alors j’ai pleuré
Parce que jamais
(Octobre 1981)
小时候
我哭过
我要穿红毛衣
我看见一个小女孩
穿着它
在暖洋洋的草原上走
在淡红的太阳中走
像一团小小的火焰
可是,我没穿
因为
我是个男孩子
我有一团
太阳般的红毛线
我不会织,而且不敢
我是男孩子
我害怕那些会笑的同伴
我永远不能穿红毛衣
我哭了
因为永远
一九八一.十
Le pull rouge
Quand j’étais petit
J’ai pleuré
Je voulais mettre un pull rouge
J’avais vu une petite fille
Qui en portait un
Dans les chaudes et immenses plaines, allant
Dans le soleil rouge pâle, allant
Comme une petite flamme
Mais, je ne l’ai pas mis
Parce que
Je suis un garçon
J’ai une pelote
De laine rouge comme un soleil
Je ne sais pas tricoter, de toutes façons je n’oserais pas
Je suis un garçon
J’aurais peur que mes camarades se moquent
Je ne pourrai jamais mettre un pull rouge
Alors j’ai pleuré
Parce que jamais
(Octobre 1981)
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
vendredi 16 janvier 2009
Su Shi - En baignant mon fils
《洗兒》蘇軾
人皆養子望聰明,
我被聰明誤一生。
但願孩兒愚且魯,
無憂無慮到公卿。
En baignant mon fils,
Chacun voudrait pour ses enfants l'intelligence
L'intelligence empoisonna mon existence
Puisses tu mon enfant demeurer bête et sot
Et atteindre, innocent, aux postes les plus hauts
人皆養子望聰明,
我被聰明誤一生。
但願孩兒愚且魯,
無憂無慮到公卿。
En baignant mon fils,
Chacun voudrait pour ses enfants l'intelligence
L'intelligence empoisonna mon existence
Puisses tu mon enfant demeurer bête et sot
Et atteindre, innocent, aux postes les plus hauts
Libellés :
Su Shi 蘇轼 (1037-1101)
mardi 13 janvier 2009
Gu Cheng - Attendant ta venue
等着你来到
影子不再摇
月亮不再笑
星星不再猜
心儿还在找
一切静悄悄
等着你来到
机器不再闹
汽笛不再叫
河水不再流
心儿还在跳
一切静悄悄
等着你来到
路灯不再瞧
树叶不再掉
时间不再走
心儿还在要
一切静悄悄
等着你来到
一九八一
Attendant ta venue
Les ombres ne bougent plus
La lune ne sourit plus
Les étoiles ne doutent plus
Mais mon cœur cherche encore
Tout est calme, sans un bruit,
Attendant ta venue
Les moteurs ne ronflent plus
Les sifflets ne sifflent plus
La rivière ne coule plus
Mais mon cœur bat encore
Tout est calme, sans un bruit,
Attendant ta venue
Les lanternes ne brillent plus
Les feuilles mortes ne tombent plus
Le temps ne s’écoule plus
Mais mon cœur veut encore
Tout est calme, sans un bruit,
Attendant ta venue
(1981)
影子不再摇
月亮不再笑
星星不再猜
心儿还在找
一切静悄悄
等着你来到
机器不再闹
汽笛不再叫
河水不再流
心儿还在跳
一切静悄悄
等着你来到
路灯不再瞧
树叶不再掉
时间不再走
心儿还在要
一切静悄悄
等着你来到
一九八一
Attendant ta venue
Les ombres ne bougent plus
La lune ne sourit plus
Les étoiles ne doutent plus
Mais mon cœur cherche encore
Tout est calme, sans un bruit,
Attendant ta venue
Les moteurs ne ronflent plus
Les sifflets ne sifflent plus
La rivière ne coule plus
Mais mon cœur bat encore
Tout est calme, sans un bruit,
Attendant ta venue
Les lanternes ne brillent plus
Les feuilles mortes ne tombent plus
Le temps ne s’écoule plus
Mais mon cœur veut encore
Tout est calme, sans un bruit,
Attendant ta venue
(1981)
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
Gu Cheng - Je suis...
我是…
我是一条小鱼,
在你梦河中游泳。
是碧蓝的风?
是摇荡的虹?
没有毒棘,
没有欺骗的网痕;
星星闪在水底,
幻影聚在空中......
呵,我是一片雪花,
在你心海中消溶……
Je suis …
Je suis un petit poisson
Qui nage dans le fleuve de tes rêves
Est-ce le vent bleuté ?
L’arc en ciel qui vacille ?
Pas d’épines empoisonnées
Pas de fourbes collets
Etoiles brillant au fond de l’eau
Illusions assemblées dans l’espace
Ha, je suis un flocon de neige
Qui fond dans la mer de ton cœur
(1979)
我是一条小鱼,
在你梦河中游泳。
是碧蓝的风?
是摇荡的虹?
没有毒棘,
没有欺骗的网痕;
星星闪在水底,
幻影聚在空中......
呵,我是一片雪花,
在你心海中消溶……
Je suis …
Je suis un petit poisson
Qui nage dans le fleuve de tes rêves
Est-ce le vent bleuté ?
L’arc en ciel qui vacille ?
Pas d’épines empoisonnées
Pas de fourbes collets
Etoiles brillant au fond de l’eau
Illusions assemblées dans l’espace
Ha, je suis un flocon de neige
Qui fond dans la mer de ton cœur
(1979)
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
dimanche 11 janvier 2009
Gu Cheng - Adieu
赠别
今天
我和你
要跨过这古老的门槛
不要祝福
不要再见
那些都像表演
最好的是沉默
隐藏总不算欺骗
把回想留给未来吧
就像把梦留给夜
泪留给大海
风留给帆
Adieu
Aujourd’hui
Toi et moi
Allons franchir cette vieille porte
Pas de souhaits
Pas d’au revoir
Cela ferait cliché
Mieux vaut le silence
Ce qui est caché ne saurait mentir
Laissons les souvenirs au futur
Comme on laisse les rêves à la nuit
Les larmes à la mer
Le vent aux voiles
今天
我和你
要跨过这古老的门槛
不要祝福
不要再见
那些都像表演
最好的是沉默
隐藏总不算欺骗
把回想留给未来吧
就像把梦留给夜
泪留给大海
风留给帆
Adieu
Aujourd’hui
Toi et moi
Allons franchir cette vieille porte
Pas de souhaits
Pas d’au revoir
Cela ferait cliché
Mieux vaut le silence
Ce qui est caché ne saurait mentir
Laissons les souvenirs au futur
Comme on laisse les rêves à la nuit
Les larmes à la mer
Le vent aux voiles
Libellés :
chinois (moderne),
Gu Cheng 顾城 (1956-1993)
Bai Juyi - Retraite
門嚴九重靜
窗幽一室閑
好是修心處
何必在深山
Porte close, épais silence
Fenêtre opaque, pièce vide
J'aime cette retraite
A quoi bon les montagnes?
窗幽一室閑
好是修心處
何必在深山
Porte close, épais silence
Fenêtre opaque, pièce vide
J'aime cette retraite
A quoi bon les montagnes?
Libellés :
Bai Juyi 白居易 (772 - 846)
samedi 10 janvier 2009
Bei Dao - Le Vieux Temple
古寺
消失的钟声
结成蛛网,在裂缝的柱子里
扩散成一圈圈年轮
没有记忆,石头
空蒙的山谷里传播回声的
石头,没有记忆
当小路绕开这里的时候
龙和怪鸟也飞走了
从房檐上带走喑哑的铃铛
荒草一年一度
生长,那么漠然
不在乎它们屈从的主人
是僧侣的布鞋,还是风
石碑残缺,上面的文字已经磨损
仿佛只有在一场大火之中
才能辨认,也许
会随着一道生者的目光
乌龟在泥土中复活
驮着沉重的秘密,爬出门槛
Le vieux temple
Le son des cloches, évanoui
Tissé dans les toiles d'araignées des colonnes fendues
Fondu dans tant de cernes
Sans mémoire, les pierres
Dans la vallée brumeuse, renvoyant leurs échos
De pierres, sans mémoire
Quand les chemins ont serpenté ici
Dragons et oiseaux sacrés s'en sont allés
Emportant avec eux les clochettes muettes des auvents
Les herbes folles reviennent, chaque année
Poussant, si indifférentes
Ne sachant devant qui elles plient
Sandale de moine ou vent
Une stèle brisée, inscription effacée
Comme si seul un grand feu
Pouvait la faire revenir, ou peut être
Sous le regard d'un adepte
La tortue, dans la boue, renaîtrait
Et, chargée d'un lourd secret, se trainerait hors du seuil
消失的钟声
结成蛛网,在裂缝的柱子里
扩散成一圈圈年轮
没有记忆,石头
空蒙的山谷里传播回声的
石头,没有记忆
当小路绕开这里的时候
龙和怪鸟也飞走了
从房檐上带走喑哑的铃铛
荒草一年一度
生长,那么漠然
不在乎它们屈从的主人
是僧侣的布鞋,还是风
石碑残缺,上面的文字已经磨损
仿佛只有在一场大火之中
才能辨认,也许
会随着一道生者的目光
乌龟在泥土中复活
驮着沉重的秘密,爬出门槛
Le vieux temple
Le son des cloches, évanoui
Tissé dans les toiles d'araignées des colonnes fendues
Fondu dans tant de cernes
Sans mémoire, les pierres
Dans la vallée brumeuse, renvoyant leurs échos
De pierres, sans mémoire
Quand les chemins ont serpenté ici
Dragons et oiseaux sacrés s'en sont allés
Emportant avec eux les clochettes muettes des auvents
Les herbes folles reviennent, chaque année
Poussant, si indifférentes
Ne sachant devant qui elles plient
Sandale de moine ou vent
Une stèle brisée, inscription effacée
Comme si seul un grand feu
Pouvait la faire revenir, ou peut être
Sous le regard d'un adepte
La tortue, dans la boue, renaîtrait
Et, chargée d'un lourd secret, se trainerait hors du seuil
Libellés :
Bei Dao 北岛 (1949-),
chinois (moderne)
WH Auden - la vérité sur l'amour
Traduit de l'anglais, pour changer
La vérité sur l’amour
On dit que l'amour est un petit garçon
Ou bien que c'est un oiseau
On dit que c'est lui qui fait tourner le monde
On dit aussi que c'est idiot
Mais quand j'ai interrogé mon voisin
Qui paraissait un expert
Sa femme s'est mise dans une colère noire
Disant qu'en voila des manières
Ressemble-t-il à un vieux pyjama ?
Au jambon d'une maison de cure ?
Sent il fort, comme le font les lamas ?
Ou est ce que son odeur rassure ?
Est-il piquant, au toucher, comme une haie?
Doux comme un duvet d’édredon ?
Sur les bords est-il pointu, ou bien tout rond ?
Dites-moi la vérité sur l'amour
Les livres d'histoire l'évoquent
Par d'indirectes allusions
C’est un sujet de discussion
Sur les paquebots transatlantiques
Je l'ai vu souvent mentionné
Dans des rapports de suicides
Je l'ai même trouvé griffonné
Au dos d'éphémérides
Hurle-t-il comme un dogue affamé ?
Braille-t-il comme une fanfare militaire ?
Arriverait-on à l’imiter ?
Sur une scie, ou un Steinway de concert ?
Est ce qu'on crie quand il chante dans les fêtes ?
Est ce qu'il n'écoute que du classique ?
Quand on veut du calme, est ce qu’il s'arrête ?
Dites moi la vérité sur l'amour
J'ai cherché dans le kiosque
Il ne s'y trouvait pas
Sur la Tamise, à Maidenhead
A Brighton, au grand air
Je ne sais pas ce que le merle chantait
Ni ce que la fleur a dit
Mais il n'était pas dans le poulailler
Ni en dessous du lit
Peut-il faire des mines incroyables?
Est-il malade sur une balançoire?
Passe-t-il tout son temps aux courses
Ou à jouer avec des bouts de ficelle?
A-t-il ses idées sur l'argent?
Est-il assez patriote?
Ses histoires sont elles vulgaires mais drôles?
Dites-moi la vérité sur l'amour
Quand il viendra, viendra-t-il sans prévenir ?
Au moment où je me mouche ?
Frappera-t-il à la porte un matin ?
Ou me bousculera-t-il dans le bus?
Viendra-t-il comme change le temps ?
Sera-t-il brutal ou prévenant ?
Changera-t-il ma vie pour toujours?
Dites-moi la vérité sur l'amour
O Tell Me The Truth About Love
Some say love's a little boy,
And some say it's a bird,
Some say it makes the world go around,
Some say that's absurd,
And when I asked the man next-door,
Who looked as if he knew,
His wife got very cross indeed,
And said it wouldn't do.
Does it look like a pair of pyjamas,
Or the ham in a temperance hotel?
Does its odour remind one of llamas,
Or has it a comforting smell?
Is it prickly to touch as a hedge is,
Or soft as eiderdown fluff?
Is it sharp or quite smooth at the edges?
O tell me the truth about love.
Our history books refer to it
In cryptic little notes,
It's quite a common topic on
The Transatlantic boats;
I've found the subject mentioned in
Accounts of suicides,
And even seen it scribbled on
The backs of railway guides.
Does it howl like a hungry Alsatian,
Or boom like a military band?
Could one give a first-rate imitation
On a saw or a Steinway Grand?
Is its singing at parties a riot?
Does it only like Classical stuff?
Will it stop when one wants to be quiet?
O tell me the truth about love.
I looked inside the summer-house;
It wasn't over there;
I tried the Thames at Maidenhead,
And Brighton's bracing air.
I don't know what the blackbird sang,
Or what the tulip said;
But it wasn't in the chicken-run,
Or underneath the bed.
Can it pull extraordinary faces?
Is it usually sick on a swing?
Does it spend all its time at the races,
or fiddling with pieces of string?
Has it views of its own about money?
Does it think Patriotism enough?
Are its stories vulgar but funny?
O tell me the truth about love.
When it comes, will it come without warning
Just as I'm picking my nose?
Will it knock on my door in the morning,
Or tread in the bus on my toes?
Will it come like a change in the weather?
Will its greeting be courteous or rough?
Will it alter my life altogether?
O tell me the truth about love.
La vérité sur l’amour
On dit que l'amour est un petit garçon
Ou bien que c'est un oiseau
On dit que c'est lui qui fait tourner le monde
On dit aussi que c'est idiot
Mais quand j'ai interrogé mon voisin
Qui paraissait un expert
Sa femme s'est mise dans une colère noire
Disant qu'en voila des manières
Ressemble-t-il à un vieux pyjama ?
Au jambon d'une maison de cure ?
Sent il fort, comme le font les lamas ?
Ou est ce que son odeur rassure ?
Est-il piquant, au toucher, comme une haie?
Doux comme un duvet d’édredon ?
Sur les bords est-il pointu, ou bien tout rond ?
Dites-moi la vérité sur l'amour
Les livres d'histoire l'évoquent
Par d'indirectes allusions
C’est un sujet de discussion
Sur les paquebots transatlantiques
Je l'ai vu souvent mentionné
Dans des rapports de suicides
Je l'ai même trouvé griffonné
Au dos d'éphémérides
Hurle-t-il comme un dogue affamé ?
Braille-t-il comme une fanfare militaire ?
Arriverait-on à l’imiter ?
Sur une scie, ou un Steinway de concert ?
Est ce qu'on crie quand il chante dans les fêtes ?
Est ce qu'il n'écoute que du classique ?
Quand on veut du calme, est ce qu’il s'arrête ?
Dites moi la vérité sur l'amour
J'ai cherché dans le kiosque
Il ne s'y trouvait pas
Sur la Tamise, à Maidenhead
A Brighton, au grand air
Je ne sais pas ce que le merle chantait
Ni ce que la fleur a dit
Mais il n'était pas dans le poulailler
Ni en dessous du lit
Peut-il faire des mines incroyables?
Est-il malade sur une balançoire?
Passe-t-il tout son temps aux courses
Ou à jouer avec des bouts de ficelle?
A-t-il ses idées sur l'argent?
Est-il assez patriote?
Ses histoires sont elles vulgaires mais drôles?
Dites-moi la vérité sur l'amour
Quand il viendra, viendra-t-il sans prévenir ?
Au moment où je me mouche ?
Frappera-t-il à la porte un matin ?
Ou me bousculera-t-il dans le bus?
Viendra-t-il comme change le temps ?
Sera-t-il brutal ou prévenant ?
Changera-t-il ma vie pour toujours?
Dites-moi la vérité sur l'amour
O Tell Me The Truth About Love
Some say love's a little boy,
And some say it's a bird,
Some say it makes the world go around,
Some say that's absurd,
And when I asked the man next-door,
Who looked as if he knew,
His wife got very cross indeed,
And said it wouldn't do.
Does it look like a pair of pyjamas,
Or the ham in a temperance hotel?
Does its odour remind one of llamas,
Or has it a comforting smell?
Is it prickly to touch as a hedge is,
Or soft as eiderdown fluff?
Is it sharp or quite smooth at the edges?
O tell me the truth about love.
Our history books refer to it
In cryptic little notes,
It's quite a common topic on
The Transatlantic boats;
I've found the subject mentioned in
Accounts of suicides,
And even seen it scribbled on
The backs of railway guides.
Does it howl like a hungry Alsatian,
Or boom like a military band?
Could one give a first-rate imitation
On a saw or a Steinway Grand?
Is its singing at parties a riot?
Does it only like Classical stuff?
Will it stop when one wants to be quiet?
O tell me the truth about love.
I looked inside the summer-house;
It wasn't over there;
I tried the Thames at Maidenhead,
And Brighton's bracing air.
I don't know what the blackbird sang,
Or what the tulip said;
But it wasn't in the chicken-run,
Or underneath the bed.
Can it pull extraordinary faces?
Is it usually sick on a swing?
Does it spend all its time at the races,
or fiddling with pieces of string?
Has it views of its own about money?
Does it think Patriotism enough?
Are its stories vulgar but funny?
O tell me the truth about love.
When it comes, will it come without warning
Just as I'm picking my nose?
Will it knock on my door in the morning,
Or tread in the bus on my toes?
Will it come like a change in the weather?
Will its greeting be courteous or rough?
Will it alter my life altogether?
O tell me the truth about love.
Libellés :
anglais,
WH Auden (1907-1973)
Haizi - quatre soeurs
四姐妹
荒凉的山岗上站着四姐妹
所有的风只向她们吹
所有的日子都为她们破碎
空气中的一棵麦子
高举到我的头顶
我身在这荒芜的山岗
怀念我空空的房间, 落满灰尘
我爱过的这糊涂的四姐妹啊
光芒四射的四姐妹
夜里我头枕卷册和神州
想起蓝色远方的四姐妹
我爱过的这糊涂的四姐妹啊
像爱着我亲手写下的四首诗
我的美丽的结伴而行的四姐妹
比命运女神还要多出一个
赶着美丽苍白的奶牛 走向月亮形的山峰
到了二月, 你是从哪里来的
天上滚过春天的雷, 你是从哪里来的
不和陌生人一起来
不和运货马车一起来
不和鸟群一起来
四姐妹抱着这一棵
一棵空气中的麦子
抱着昨天的大雪, 今天的雨水
明天的粮食与灰烬
这是绝望的麦子
请告诉四姐妹: 这是绝望的麦子
永远是这样
风后面是风
天空上面是天空
道路前面还是道路
Les quatre soeurs
Sur la crête déserte il y a quatre soeurs
Tous les vents soufflent vers elles
Tous les jours sont par elles brisés
Dans l'espace, un épi de blé
Aussi haut que le haut de mon crâne
Mon corps sur cette crête déserte
Se souvient de ma chambre vide, où s'entasse la poussière
Oh, ces quatre soeurs idiotes que j’ai aimées !
Quatre soeurs rayonnantes
Et la nuit, la tête posée sur des livres, sur la terre sacrée
Je pense aux quatre soeurs des bleus lointains
Oh, ces quatre soeurs idiotes que j’ai aimées !
Comme j'aimerais quatre poèmes, écrits de ma main
Mes quatre jolies soeurs, en bande marchant
Une de plus que les Parques
Menant leurs jolies vaches claires, vers un pic en forme de lune
Second mois que voila, d'où viens tu?
Orage de printemps, qui roule dans le ciel, d'où viens tu?
Tu ne viens pas avec les gens
Tu ne viens pas avec les charrettes des marchands
Tu ne viens pas avec les nuées d'oiseaux
Les quatre soeurs embrassent cet épi
L'épi de blé, dans l'espace
Embrasse les neiges d'hier, les pluies d'aujourd'hui
Les grains et les cendres de demain
C'est le blé du désespoir
Dites, s'il vous plaît, aux quatre soeurs : c'est le blé du désespoir
C'est toujours comme ça
Après le vent il y a le vent
Au dessus du ciel il y a le ciel
Avant la route, il y a encore la route
荒凉的山岗上站着四姐妹
所有的风只向她们吹
所有的日子都为她们破碎
空气中的一棵麦子
高举到我的头顶
我身在这荒芜的山岗
怀念我空空的房间, 落满灰尘
我爱过的这糊涂的四姐妹啊
光芒四射的四姐妹
夜里我头枕卷册和神州
想起蓝色远方的四姐妹
我爱过的这糊涂的四姐妹啊
像爱着我亲手写下的四首诗
我的美丽的结伴而行的四姐妹
比命运女神还要多出一个
赶着美丽苍白的奶牛 走向月亮形的山峰
到了二月, 你是从哪里来的
天上滚过春天的雷, 你是从哪里来的
不和陌生人一起来
不和运货马车一起来
不和鸟群一起来
四姐妹抱着这一棵
一棵空气中的麦子
抱着昨天的大雪, 今天的雨水
明天的粮食与灰烬
这是绝望的麦子
请告诉四姐妹: 这是绝望的麦子
永远是这样
风后面是风
天空上面是天空
道路前面还是道路
Les quatre soeurs
Sur la crête déserte il y a quatre soeurs
Tous les vents soufflent vers elles
Tous les jours sont par elles brisés
Dans l'espace, un épi de blé
Aussi haut que le haut de mon crâne
Mon corps sur cette crête déserte
Se souvient de ma chambre vide, où s'entasse la poussière
Oh, ces quatre soeurs idiotes que j’ai aimées !
Quatre soeurs rayonnantes
Et la nuit, la tête posée sur des livres, sur la terre sacrée
Je pense aux quatre soeurs des bleus lointains
Oh, ces quatre soeurs idiotes que j’ai aimées !
Comme j'aimerais quatre poèmes, écrits de ma main
Mes quatre jolies soeurs, en bande marchant
Une de plus que les Parques
Menant leurs jolies vaches claires, vers un pic en forme de lune
Second mois que voila, d'où viens tu?
Orage de printemps, qui roule dans le ciel, d'où viens tu?
Tu ne viens pas avec les gens
Tu ne viens pas avec les charrettes des marchands
Tu ne viens pas avec les nuées d'oiseaux
Les quatre soeurs embrassent cet épi
L'épi de blé, dans l'espace
Embrasse les neiges d'hier, les pluies d'aujourd'hui
Les grains et les cendres de demain
C'est le blé du désespoir
Dites, s'il vous plaît, aux quatre soeurs : c'est le blé du désespoir
C'est toujours comme ça
Après le vent il y a le vent
Au dessus du ciel il y a le ciel
Avant la route, il y a encore la route
Libellés :
chinois (moderne),
Haizi 海子 (1964-1989)
lundi 5 janvier 2009
Haizi - A la nuit
黑夜的献诗
——献给黑夜的女儿
黑夜从大地上升起
遮住了光明的天空
丰收后荒凉的大地
黑夜从你内部升起
你从远方来, 我到远方去
遥远的路程经过这里
天空一无所有
为何给我安慰
丰收之后荒凉的大地
人们取走了一年的收成
取走了粮食骑走了马
留在地里的人, 埋的很深
草叉闪闪发亮, 稻草堆在火上
稻谷堆在黑暗的谷仓
谷仓中太黑暗, 太寂静, 太丰收
也太荒凉, 我在丰收中看到了阎王的眼睛
黑雨滴一样的鸟群
从黄昏飞入黑夜
黑夜一无所有
为何给我安慰
走在路上
放声歌唱
大风刮过山岗
上面是无边的天空
A la nuit
-- dédié à la fille de la nuit
La nuit monte de la terre
Cachant la lumière du ciel
Terre déserte d’après la moisson
La nuit monte de ton sein
Tu viens de loin, et je vais loin
Lointains chemins qui passent ici
Le ciel n’a rien
Pourquoi me donne-t-il le réconfort
Après la moisson la terre est déserte
Les hommes ont pris une année de récolte
Emportés les grains, partis les chevaux
Et ceux qu’ils ont laissés, enterrés profond
Les fourches scintillent, les tas de paille brûlent
Le riz est dans les sombres greniers
Dans les greniers, trop sombre, trop seul, trop moissonné
Et trop désert, pendant la récolte, j’ai vu l’œil du diable
Une nuée d’oiseaux, gouttes de pluie noire
Vole du soir vers la nuit
La nuit n’a rien
Pourquoi me donne-t-elle le réconfort
Allant sur la route
Bruissant et chantant
Le vent a érodé les cimes
Au dessus, le ciel sans fin
——献给黑夜的女儿
黑夜从大地上升起
遮住了光明的天空
丰收后荒凉的大地
黑夜从你内部升起
你从远方来, 我到远方去
遥远的路程经过这里
天空一无所有
为何给我安慰
丰收之后荒凉的大地
人们取走了一年的收成
取走了粮食骑走了马
留在地里的人, 埋的很深
草叉闪闪发亮, 稻草堆在火上
稻谷堆在黑暗的谷仓
谷仓中太黑暗, 太寂静, 太丰收
也太荒凉, 我在丰收中看到了阎王的眼睛
黑雨滴一样的鸟群
从黄昏飞入黑夜
黑夜一无所有
为何给我安慰
走在路上
放声歌唱
大风刮过山岗
上面是无边的天空
A la nuit
-- dédié à la fille de la nuit
La nuit monte de la terre
Cachant la lumière du ciel
Terre déserte d’après la moisson
La nuit monte de ton sein
Tu viens de loin, et je vais loin
Lointains chemins qui passent ici
Le ciel n’a rien
Pourquoi me donne-t-il le réconfort
Après la moisson la terre est déserte
Les hommes ont pris une année de récolte
Emportés les grains, partis les chevaux
Et ceux qu’ils ont laissés, enterrés profond
Les fourches scintillent, les tas de paille brûlent
Le riz est dans les sombres greniers
Dans les greniers, trop sombre, trop seul, trop moissonné
Et trop désert, pendant la récolte, j’ai vu l’œil du diable
Une nuée d’oiseaux, gouttes de pluie noire
Vole du soir vers la nuit
La nuit n’a rien
Pourquoi me donne-t-elle le réconfort
Allant sur la route
Bruissant et chantant
Le vent a érodé les cimes
Au dessus, le ciel sans fin
Libellés :
chinois (moderne),
Haizi 海子 (1964-1989)
vendredi 2 janvier 2009
Haizi - A la dernière nuit, et au premier jour
最后一夜和第一日的献诗
今夜你的黑头发
是岩石上寂寞的黑夜
牧羊人用雪白的羊群
填满飞机场周围的黑暗
黑夜比我更早睡去
黑夜是神的伤口
你是我的伤口
羊群和花朵也是岩石的伤口
雪山
用大雪填满飞机场周围的黑暗
雪山女神吃的是野兽穿的是鲜花
今夜 九十九座雪山高出天堂
使我彻夜难眠
A la dernière nuit, et au premier jour
Ce soir, tes cheveux noirs
C’est la nuit, seule, sur les rochers
Les bergers, de leurs moutons de neige
Emplissent l’ombre autour de l’aéroport
La nuit s’est endormie avant moi
La nuit est une blessure sacrée
Tu es ma blessure
Les moutons, les fleurs, sont la blessure des rochers
Cimes enneigées
De neige emplissant l’ombre autour de l’aéroport
Les fées des neiges mangent les bêtes, s’habillent de fleurs
Ce soir, quatre vingt dix neuf cimes enneigées montent vers le paradis
M’empêchant, toute la nuit, de trouver le sommeil
今夜你的黑头发
是岩石上寂寞的黑夜
牧羊人用雪白的羊群
填满飞机场周围的黑暗
黑夜比我更早睡去
黑夜是神的伤口
你是我的伤口
羊群和花朵也是岩石的伤口
雪山
用大雪填满飞机场周围的黑暗
雪山女神吃的是野兽穿的是鲜花
今夜 九十九座雪山高出天堂
使我彻夜难眠
A la dernière nuit, et au premier jour
Ce soir, tes cheveux noirs
C’est la nuit, seule, sur les rochers
Les bergers, de leurs moutons de neige
Emplissent l’ombre autour de l’aéroport
La nuit s’est endormie avant moi
La nuit est une blessure sacrée
Tu es ma blessure
Les moutons, les fleurs, sont la blessure des rochers
Cimes enneigées
De neige emplissant l’ombre autour de l’aéroport
Les fées des neiges mangent les bêtes, s’habillent de fleurs
Ce soir, quatre vingt dix neuf cimes enneigées montent vers le paradis
M’empêchant, toute la nuit, de trouver le sommeil
Libellés :
chinois (moderne),
Haizi 海子 (1964-1989)
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